Le 11 décembre à Hanoi, l’ambassade de France au Vietnam a organisé une conférence de presse pour célébrer le 10ᵉ anniversaire de la signature de l’Accord de Paris sur le climat.
L’événement a réuni des diplomates français, brésiliens et européens, ainsi que des représentants des Nations Unies et des autorités climatiques vietnamiennes.
La conférence s’est tenue à un moment particulièrement significatif, alors que la communauté internationale évalue une décennie de mise en œuvre de l’Accord de Paris et se prépare à une nouvelle phase de transition profonde de l’action climatique, notamment après la 30ᵉ Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (COP30) au Brésil.
Les participants ont souligné les progrès accomplis et les risques croissants auxquels sont confrontés des pays comme le Vietnam, l’un des plus vulnérables au changement climatique au monde. Ils ont appelé à une mobilisation mondiale renouvelée face à l’accélération de la crise climatique.
L’Accord de Paris à la COP21 : un jalon historique dans la lutte contre le changement climatique
Lors de sa prise de parole, l’ambassadeur de France au Vietnam, Olivier Brochet, a estimé que l’Accord de Paris continuait de jouer un rôle déterminant dans la maîtrise du réchauffement planétaire.
Il a rappelé que si, en 2015, le monde faisait face au risque d’un réchauffement de 4°C, les trajectoires actuelles, après la COP30, se situent aujourd’hui entre 2,3°C et 2,5°C. Ce chiffre reste supérieur à l’objectif de 2°C fixé par l’Accord de Paris, mais il montre que nous nous rapprochons progressivement de cette cible.
Après dix ans, les effets de l’Accord de Paris sont tangibles, car les modèles de développement évoluent progressivement vers une économie à faibles émissions. Aujourd’hui, les investissements mondiaux se tournent massivement vers les solutions de décarbonation, comme en témoigne la somme de 2 000 milliards de dollars déjà investie dans les énergies bas-carbone à l’échelle mondiale.
« Désormais, les investissements dans l’énergie décarbonée sont deux fois plus élevés que ceux dans les énergies fossiles. Ce n’est pas une tendance passagère : c’est l’avenir de l’économie », a-t-il affirmé.
Plus important encore, de la COP21 en 2015 à la COP30 en 2025 au Brésil, de nouveaux engagements, modèles et initiatives ont vu le jour pour encourager l’action climatique collective.
L’ambassadeur du Brésil au Vietnam, Marco Farani, a indiqué : « La COP30 a lancé le Fonds pour les forêts tropicales pérennes (TFFF), une proposition de mécanisme financier innovant pour la conservation des forêts. Un autre résultat important est l’Initiative mondiale pour l’intégrité de l’information sur le climat, qui vise à lutter contre les fausses informations liées au climat et à renforcer la sensibilisation aux faits scientifiques relatifs au changement climatique et à ses impacts ».
Appréciant les contributions majeures de l’Accord de Paris à la coopération internationale contre le changement climatique, l’ambassadeur de l’Union européenne au Vietnam, Julien Guerrier, a souligné que le monde continuait de faire face à des défis non résolus : l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée et la saison des tempêtes de 2025 a entraîné des destructions sans précédent en Asie du Sud-Est.
Selon lui, il est nécessaire d’intensifier les efforts issus des engagements pris de la COP21 à la récente COP30, afin de ramener l’augmentation de la température mondiale en dessous de +1,5 °C d’ici la fin du siècle.
Le Vietnam est l’un des pays qui ressentent le plus fortement les impacts du changement climatique : tempêtes côtières, vagues de chaleur et affaissement des sols dans le delta du Mékong.
Pour Julien Guerrier, opposer croissance et climat est une erreur : « Il ne peut y avoir de prospérité dans le delta du Mékong sans adaptation climatique. Il ne peut y avoir d’industrie moderne sans énergie propre et stable. L’action climatique, c’est le développement ».
Julien Guerrier a également salué l’engagement net zéro du Vietnam lors de la COP26, sa participation au JETP et sa stratégie « Green Sprint ». Il a également rappelé que l’économie verte pourrait créer 24 millions d’emplois d’ici 2030, un potentiel dont le Vietnam peut pleinement bénéficier.
Le Vietnam, un membre actif et responsable dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris
Lors de la COP21, le Vietnam s’est affirmé comme l’un des pays participant activement aux négociations, à la construction et à l’adoption de l’Accord de Paris. Dix ans plus tard, le pays continue de démontrer sa responsabilité dans la mise en œuvre de cet accord.
Tang The Cuong, directeur du Département du changement climatique (ministère vietnamien de l’Agriculture et de l’Environnement), a affirmé que le Vietnam est passé d’une posture réactive à une attitude proactive dans l’action climatique, et qu’il reste déterminé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cet engagement découle d’une volonté politique forte, soutenue par l’ensemble du système politique et l’implication de toute la société.
« Après dix ans, le Vietnam a obtenu des résultats initiaux importants dans l’application de l’Accord de Paris. Le pays s’intègre progressivement dans le paysage international de la réduction des émissions, du marché carbone, renforce la compétitivité de son économie et améliore sa résilience face au changement climatique », a souligné Tang The Cuong.
Dans ce processus, le Vietnam a bénéficié du soutien de l’Union européenne et de la France.
Au-delà des projets déjà mis en œuvre, la France prévoit, pour la période 2020 –2030, de fournir plus de 1,5 milliard d’euros en financements publics dédiés aux projets climatiques au Vietnam, dont 500 millions d’euros mobilisés dans le cadre du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), avec les premiers projets lancés dès 2025.
Le 12 décembre 2015, 196 pays signaient l’Accord de Paris lors de la COP21, avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius.
Dix ans plus tard, les progrès restent inégaux. Les températures mondiales ont augmenté de 1,2 degré Celsius et les scientifiques alertent sur l’urgence d’agir. L’accord a connu des difficultés, notamment le retrait américain en 2017, suivi d’un retour en 2021, puis d’un nouveau retrait initié par Donald Trump en janvier 2025.
La COP30 de cette année a renforcé les engagements: 1.300 milliards de dollars par an jusqu’en 2035 pour le climat et doublement des financements pour l’adaptation en 2025. Plusieurs pays regrettent toutefois l’absence de mesures sur les énergies fossiles.