Outre un lieu de culte, la pagode de Vinh Nghiêm a aussi été un lieu de formation de nombreuses générations de moines bouddhistes talentueux. La pagode abrite plus de 100 statues, 8 épitaphes, de nombreux panneaux, sentences parallèles et objets de culte. Ses gravures xylographiques de sutras et poèmes ont été réalisées à des périodes différentes par les moines de l'école Zen Truc Lâm.
Les spécialistes se sont aperçus que ces planches de bois ont été sculptées par des artisans des provinces de Bac Giang, Bac Ninh et Hai Duong, à partir de bois de plaqueminier pris dans le jardin de la pagode. Ce bois est doux, lisse, durable et facile à travailler. Il est rarement tordu ou fissuré. Les planches de bois ont été sculptées en chinois ou en Nôm. Leur qualité exceptionnelle montrent que les artisans, en plus d’être d'excellents sculpteurs, maîrisaient le chinois et le Nôm.
En 1994, le Musée de la province de Hà Bac (aujourd'hui province de Bac Giang) a effectué un inventaire complet de ce pratrimoine. Au total, 3050 gravures ont été répertoriées, la plupart datant des XVIIe - XIXe siècles. Ce sont principalement des sutras, des textes du Dharma ainsi que des poèmes et des journaux intimes de moines. Ces gravures sont considérées comme un trésor national.
Certains livres sont imprimés par les gravures xylographiques de la pagode de Vinh Nghiêm. Photo: Hoàng Quang Hà.
Préservation des gravures xylographiques. Photo: Hoàng Quang Hà.
La pagode de Vinh Nghiêm, où sont conservées plus de 3.000 gravures xylographiques. Photo: Trân Huân.
Visite d'une délégation de l'UNESCO et de l’Institut archéologique du Vietnam à la pagode de Vinh Nghiêm. Photo: Archives de l'UNESCO.
Des touristes admirant ces gravures. Photo: Hoàng Quang Hà.
Leur dimension varie selon les types de sutras. La plus grande fait plus de 1m de long et 40 - 50cm de large. La plus petite, seulement 15 x 20cm. Leurs surfaces sont couvertes d’une couleur noire brillante qui est l'encre d'impression, qui confère au bois une résistance aux insectes xylophages et à l’humidité.
Ces gravures ont permis aux chercheurs de lever le voile sur certaines mystères du passé, comme l'histoire du bouddhisme vietnamien, les sciences et les techniques, la philosophie, la sociologie et la linguistique. Les linguistes ont pu aussi mieux comprendre le processus de développement de l'écriture du peuple vietnamien, en particulier le passage du chinois au Nôm (un type de script pictographique créé par les Vietnamiens sur la base du chinois).
Les autorités compétentes ont élaboré des documents qui seront soumis à l'UNESCO pour la reconnaissance de ces gravures xylographiques en tant que "Patrimoine documentaire mondial". Espérons que, dans un proche avenir, ce trésor sera réveillé et mis en valeur, après près de deux siècles de sommeil dans la poussière du temps.