C’est ce qu’a déclaré le directeur national de la Banque asiatique de Développement (BAD) au Vietnam, Shantanu Chakraborty, en parlant des réalisations remarquables de l’économie vietnamienne en 2023 et de ses perspectives en 2024.
En 2023, malgré les défis liés aux instabilités géopolitiques et économiques mondiales, notamment la hausse de l’inflation et les interruptions des chaînes d’approvisionnement, le Vietnam a enregistré une croissance du PIB (produit intérieur brut) de 5,05 %.
Selon le directeur national de la BAD, 2023 reste encore une année difficile pour l’économie mondiale tout comme l’économie vietnamienne. La croissance du PIB du Vietnam en 2023 a atteint plus de 5 %, un taux certes inférieur à l’objectif fixé (environ 6,5 %), mais presque le double par rapport au taux moyen du PIB mondial, faisant du Vietnam l’un des pays ayant enregistré la croissance la plus élevée au monde. Le pays a été confronté à de nombreux défis dont le principal venait de la récession économique mondiale et du déclin de la demande extérieure, a affirmé Shantanu Chakraborty.
Toujours selon Shantanu Chakraborty, les principaux facteurs permettant à l’économie vietnamienne de bien se redresser en 2023 comprennent la reprise du secteur des services (dont le tourisme) et les dépenses publiques.
Malgré sa lenteur, le décaissement des capitaux d’investissement public a atteint un niveau record, avec plus de 23,18 milliards de dollars, contribuant en partie à stimuler la consommation intérieure. De plus, les résultats de l’attraction des investissements directs étrangers (IDE) en 2023 sont très positifs, avec près de 36,61 milliards de dollars de capitaux enregistrés, soit une augmentation de 32,1 % en glissement annuel.
« Nous pensons que les bases macroéconomiques du Vietnam restent toujours solides grâce à l’assouplissement opportun de la politique monétaire au premier semestre 2023. À cela s’ajoute le fait que l’inflation est assez bien contrôlée… », a souligné Shantanu Chakraborty.
En Asie du Sud-Est, les performances économiques du Vietnam sont plutôt optimistes. En 2023, la BAD a ajusté à la baisse ses prévisions de croissance pour les pays dans la région, de 4,6 % à 4,3 %. Cet ajustement reflète la morosité des activités de production et de commerce chez les économies les plus grandes et les plus ouvertes de la région comme la Malaisie et la Thaïlande.
Pourquoi ce triple moteur ?
Cette année, le Vietnam vise un taux de croissance du PIB de 6 % à 6,5 %. Cet objectif montre la détermination de l’Assemblée nationale et du gouvernement à retrouver une croissance dynamique et à promouvoir le développement durable en matière socio-économique. Cela est d’autant plus important que 2024 est l’année charnière de la mise en œuvre du Plan quinquennal de développement socio-économique national 2021 – 2025.
Bien que la croissance économique mondiale ralentira en 2024 (par rapport à 2023), la BAD maintient toujours sa prévision de croissance du Vietnam au niveau de 6 %.
« Nous avons maintenu nos prévisions de croissance du PIB du Vietnam en 2024 à 6 %, ce qui est la deuxième plus élevée parmi les États membres de l’ASEAN, en supposant une reprise de l’économie des principaux partenaires commerciaux du Vietnam et une évolution positive des préoccupations géopolitiques », a partagé le directeur national de la BAD.
La base importante pour maintenir la dynamique de croissance dans les temps à venir sera la stabilité macroéconomique grâce à la poursuite par le Vietnam des politiques budgétaires prudentes et des politiques monétaires proactives et flexibles appliquées depuis 2023, a indiqué Shantanu Chakraborty.
Selon lui, il est également nécessaire de veiller à ce que ces politiques soient efficacement coordonnées afin de créer une dynamique plus forte pour l’économie nationale. Mais cela ne suffit pas. En vue d’atteindre une croissance du PIB de 6 % cette année, le Vietnam devra mettre l’accent sur les trois principaux moteurs de croissance économique que sont l’investissement public, la consommation intérieure et la reprise des exportations.
En vue d’atteindre une croissance du PIB de 6 % cette année, le Vietnam devra mettre l’accent sur les trois principaux moteurs de croissance économique que sont l’investissement public, la consommation intérieure et la reprise des exportations.
Sur le plan budgétaire, l’augmentation significative des décaissements d’investissement public constitue l’un des facteurs clés et l’une des mesures prioritaires pour stimuler la croissance économique nationale.
Pour toute l’année 2023, le Vietnam a bien maîtrisé sa dette publique, au niveau de 39 à 40 % du PIB. Le pays doit accélérer le décaissement d’un important investissement public, d’environ 30 milliards de dollars, ce qui permettra de créer davantage de possibilités d’emploi et un nouvel élan au développement des secteurs industriels tels que la construction et l’exploitation minière.
Le directeur national de la BAD a également souligné la nécessité d’améliorer l’efficacité des investissements publics en matière d’infrastructures et de réchauffer le marché domestique en vue de stimuler les activités économiques.
« Il est également important, à mon avis, de mettre en œuvre rapidement d’autres politiques financières, comme une réduction de 2 % de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), afin de stimuler la consommation des ménages. Pourtant, la validité de cette réduction devrait durer jusqu’à la fin de 2024, au lieu du 30 juin 2024 comme prévu », a suggéré Shantanu Chakraborty. Et d’ajouter que le gouvernement vietnamien pourrait envisager des mesures de sécurité sociale au profit du marché du travail, notamment des allocations de chômage ou des incitations à la reconversion professionnelle.
À court terme, il est nécessaire au pays de mener une politique budgétaire élargie, tandis que sa politique monétaire doit être favorable à la croissance économique nationale, afin de stimuler la consommation intérieure et de maintenir les taux d’intérêt relativement bas. Une coordination efficace entre les politiques budgétaire et monétaire contribuera à la reprise économique de manière durable.
En 2024, le marché mondial devrait continuer à être confronté à d’innombrables défis, mais cela constitue une opportunité pour le Vietnam d’améliorer sa compétitivité et de créer de sa propre valeur dans la chaîne de production mondiale afin de doper ses exportations.
Pour surmonter les défis de 2024, selon Shantanu Chakraborty, il faut accorder une grande attention à une réforme plus solide de l’environnement des affaires, à une attraction accrue des flux d’investissements directs étrangers (IDE) ainsi qu’à une amélioration efficace de la compétitivité nationale.
Le Vietnam doit promulguer des politiques proactives destinées à stimuler la demande intérieure et à améliorer l’environnement des affaires. Photo : VOV. |
Quels défis pour 2024 ?
En 2024, l’économie vietnamienne reste confrontée à des défis majeurs, venant tant de l’extérieur que de l’intérieur. La reprise de la demande sur le marché mondial est incertaine, tandis qu’au niveau national, de nombreux secteurs économiques comme l’immobilier se trouvent encore en difficulté, en plus de la complication des procédures administratives.
« Sur la base des dernières évaluations de la BAD, nous constatons un développement inégal entre les grandes économies de la région, ce qui engendre des incertitudes quant aux perspectives de croissance économique de l’Asie-Pacifique », a noté Shantanu Chakraborty.
Toujours en 2024, on prévoit que l’économie mondiale ralentira et croîtra plus lentement qu’en 2023. Cela signifie que des « vents contraires » plus forts frapperont les économies asiatiques, en particulier celles orientées vers l’exportation et très ouvertes comme le Vietnam. Ces pays doivent chercher de nouveaux moteurs de croissance à partir de leur marché intérieur.
Les incertitudes de l’économie mondiale pèseront encore lourdement sur l’économie vietnamienne en 2024. Il est peu probable que la demande extérieure se redresse de manière significative, malgré les récents signes positifs.
Dans ce contexte, le Vietnam doit continuer à faire preuve de sa résilience en promulguant des politiques proactives destinées à stimuler la demande intérieure et à améliorer l’environnement des affaires. Il est crucial que le pays élabore des politiques monétaires et financières en se basant sur les expériences et les résultats positifs obtenus en 2023, sans oublier de veiller à ce que ces politiques soient efficacement coordonnées afin de créer une dynamique plus forte pour l’économie nationale.