L’EVFTA trois ans après sa mise en œuvre

Le Vietnam et l’Union européenne sont deux marchés complémentaires qui se soutiennent mutuellement. Le premier est le 16e partenaire commercial du second, son 8e en Asie et son 2e au sein de l’ ASEAN .
L’EVFTA trois ans après sa mise en œuvre

L’Accord de libre-échange entre le Vietnam et l’Union européenne (EVFTA) a été signé le 30 juin 2019 et ratifié par l’Assemblée nationale vietnamienne le 8 juin 2020.

Trois ans après son entrée en vigueur (le 1er août 2020), les relations économiques et commerciales entre le Vietnam et l’Union européenne (UE) ont atteint de nouveaux sommets, favorisant l’exportation des produits agricoles vietnamiens vers ce marché.

Selon une enquête menée par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam (VCCI), le taux d’entreprises ayant une compréhension relative ou claire de l’EVFTA est nettement plus élevé que pour d’autres accords de libre-échange.

Le commerce bilatéral en forte hausse

Les données du ministère de l’Industrie et du Commerce montrent qu’après trois ans de la mise en œuvre de cet accord le Vietnam a exporté plus de 120 milliards d’USD de marchandises vers l’UE Entre le 1er août et le 31 décembre 2022, les exportations se sont élevées à 15,62 milliards, en hausse de 3,8% par rapport à la même période en 2019. En 2021, les exportations vers ce marché ont atteint 40,12 milliards d’USD, enregistrant une augmentation de 14,2% sur un an, avec un excédent commercial de 23,23 milliards.

En 2022, les exportations vers l’UE se sont élevées à 46,8 milliards d’USD, générant un excédent commercial de 31,4 milliards. De janvier à juillet 2023, le montant des exportations vers l’UE a été de 25 milliards d’USD.

Les experts soulignent que les effets positifs importants qu’apporte l’EVFTA aux exportations vietnamiennes sont attribuables en premier lieu au prestige du Vietnam en tant que premier pays en développement à participer à un accord de nouvelle génération comportant des normes élevées.

D’un point de vue macroéconomique, l’UE considère le pays comme un partenaire important et fiable dans sa stratégie d’approche des pays d’Asie du Sud-Est et d’Asie.

Au niveau microéconomique, pour la communauté des affaires, cette réputation constitue l’une des principales motivations pour les entreprises européennes à augmenter leur participation ou à s’engager pour la première fois dans des échanges commerciaux avec des entreprises vietnamiennes.

Les experts économiques ont également souligné que les avantages à venir de l’EVFTA résideront dans la possibilité pour les produits agricoles vietnamiens de réduire leur dépendance vis-à-vis des marchés chinois et d’Asie du Sud-Est, de favoriser l’établissement de nouvelles relations, la création de nouveaux réseaux et la participation aux chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales. Cela comprend notamment des opportunités financières, de transfert de technologie pour la transformation des produits agricoles et de mise en œuvre de méthodes de gestion plus modernes et efficaces. Surtout, l’accord a servi de catalyseur pour une restructuration agricole plus globale et synchronisée, augmentant la valeur ajoutée des produits agricoles et privilégiant des pratiques "vertes" et durables. Cela garantit également la valeur du travail et s’accompagne de certifications d’origine et d’élevage conformes aux indications géographiques.

Actuellement, le Vietnam est le 16e partenaire commercial de l’UE, son 8e partenaire commercial en Asie et son 2e partenaire commercial au sein de l’ASEAN.

La porte grande ouverte

Ces derniers temps, le Vietnam a réussi à introduire plusieurs de ses produits agricoles sur le marché européen, en particulier le riz. Selon Trân Ngoc Quân, conseiller commercial du Vietnam auprès de la Belgique et de l’UE, la mise en œuvre dudit accord est l’un des facteurs importants à l’origine de ce résultat. Il a expliqué que l’UE importe en moyenne de 1,7 à 2 millions de tonnes de riz chaque année. Ce produit bénéficie d’une imposition de 0% en vertu du contingent tarifaire spécifié dans l’EVFTA. Ainsi, c’est une belle opportunité pour le Vietnam s’il parvient à respecter les normes de ce marché. L’année dernière, il a exporté 97.000 tonnes de riz vers ce marché, ce qui représente une hausse de 65% par rapport à 2021.

Concernant les produits agricoles, le taux d’imposition de nombreux articles a été réduit à 0% dès l’entrée en vigueur de l’accord ou diminuera progressivement jusqu’à 0% d’ici trois à cinq ans. Trân Ngoc Quân a affirmé que c’est l’un des grands avantages pour les produits agricoles vietnamiens entrant sur le marché de l’UE.

Après l’entrée en vigueur de l’accord, le commerce entre le Vietnam et l’UE s’est développé au cours des deux dernières années, ce qui est un signe positif, a souligné M. Quân. Le pays augmentera ses exportations vers l’Europe, créant également les conditions pour que ce continent accroisse ses exportations vers le Vietnam.

Outre les avantages que l’EVFTA apporte à l’exportation de marchandises vietnamiennes vers l’Europe, Trân Ngoc Quân a également évoqué les difficultés auxquelles tous les pays sont confrontés. Ces difficultés incluent les exigences de plus en plus strictes de l’UE en matière de qualité, de durabilité, de protection de l’environnement, de cycle de vie des produits, ainsi que les réglementations sur la sécurité alimentaire. Le conseiller commercial vietnamien en Belgique et à l’UE a souligné que ces exigences représentaient d’énormes défis pour les entreprises souhaitant pénétrer ce marché.

À son avis, pour surmonter de tels défis et répondre aux normes de l’UE, le Vietnam doit passer d’une production en masse de faible qualité à des produits durables à haute valeur ajoutée. De plus, en combinant le maintien des exportations actuelles et la réorientation progressive de certaines parties de la production vers le développement durable, le Vietnam pourra accéder de manière durable au marché européen.

VNA/NDEL