Nourrir l’amour de la culture ethnique chez les élèves

Dans le cadre d’un projet éducatif visant à promouvoir la culture locale, l’école demi-pensionnaire destinée aux élèves d’ethnies minoritaires de Chà Nua, située dans la commune du même nom, district frontalier de Nâm Pô (province de Diên Biên), a intégré diverses initiatives destinées à sensibiliser les élèves à leur patrimoine culturel.
L’artisan Thùng Van Dôi présente les différentes parties du đàn tính, l’instrument traditionnel du peuple Thaï, aux élèves de l’école semi-internat de Chà Nua.

L’artisan Thùng Van Dôi présente les différentes parties du đàn tính, l’instrument traditionnel du peuple Thaï, aux élèves de l’école semi-internat de Chà Nua.

Dans le cadre d’un projet éducatif visant à promouvoir la culture locale, l’école demi-pensionnaire destinée aux élèves d’ethnies minoritaires de Chà Nua, située dans la commune du même nom, district frontalier de Nâm Pô (province de Diên Biên, au Nord-Ouest du Vietnam), a intégré diverses initiatives destinées à sensibiliser les élèves à leur patrimoine culturel.

Outre l’invitation d’un maître artisan du đàn tính (un luth à manche long dont la caisse de résonance est constituée d’une demi-calebasse séchée) pour des démonstrations et des échanges, la direction de l’établissement a également introduit les jeux folkloriques en tant qu’activité principale pendant les récréations. Une démarche qui vise, pas à pas, à raviver l’attachement des enfants à leur héritage culturel tout en leur offrant des loisirs enrichissants.

En nous menant chez l’artisan du đàn tính Thùng Van Dôi, dans le hameau de Nà In, le directeur de l’école, Trân Dang Khoa, nous explique ce qui l’a poussé à initier ce projet. Implantée dans une région montagneuse peuplée principalement par des minorités ethniques, l’école accueille 284 élèves, dont 96,5 % sont issus des communautés Thaï, H’Mông, Tày et Mường. Seuls dix sont d’ethnie Kinh, enfants d’enseignants en poste dans la commune.

Or, comme dans bien d’autres écoles, les élèves manifestent peu d’intérêt pour leur propre culture. « Pendant les récréations, ils se regroupent pour regarder les réseaux sociaux, préfèrent la musique pop aux chants traditionnels… Chaque jour, ce constat m’attristait. Que deviendront demain leurs traditions et leurs instruments ancestraux ? » s’interroge le directeur.

C’est ainsi que, dès octobre 2024, l’école a instauré une séance mensuelle dédiée à la découverte de la culture ethnique. À chaque rencontre, une thématique spécifique est abordée, avec comme intervenant principal l’artisan Thùng Van Dôi, passionné par la culture thaï et le đàn tính.

Un engouement inattendu

Le maître-artisan évoque avec fierté les élèves qui se sont pris de passion pour cet instrument traditionnel, citant notamment Khoàng Bao Ngoc, Thùng Gia Khanh, Cà Viêt Hà, Tao Minh Phuong ou encore Thùng Thi Huong Dào. « Je ne m’attendais pas à un tel engouement », confie-t-il. Après seulement trois séances, 21 élèves des classes de CE2, CM1 et CM2 issus des villages de Nà In, Pà Co, Câu et Nà Cang se sont inscrits pour apprendre à jouer et fabriquer leur propre đàn tính.

Pour ne pas interférer avec le programme scolaire, les cours sont dispensés chaque samedi, répartis en deux groupes, matin et après-midi. « Ceux qui souhaitent approfondir leur apprentissage sont toujours les bienvenus », assure l’artisan. Grâce à cette transmission passionnée, de nombreux élèves ont rapidement maîtrisé l’instrument et développé une véritable fierté culturelle.

Khoàng Bao Ngoc, élève de CM1, témoigne : « Grâce aux explications de l’artisan, j’ai compris l’importance du đàn tính dans la culture thaï blanche de Chà Nua et plus largement du nord-ouest du pays. Aujourd’hui, cet instrument me relie encore plus à mes racines. »

De son côté, Lò Dang Khoa, un élève de Pà Co, s’est pris d’intérêt non seulement pour le jeu, mais aussi pour la fabrication de l’instrument. « Le mot thaï ‘tính’ signifie ‘luth’ et ‘tẩu’ désigne la calebasse utilisée pour la caisse de résonance. Avec M. Dôi, j’ai appris comment il est fabriqué et quels matériaux sont utilisés. Je ne sais pas encore le faire moi-même, mais un jour, je construirai mon propre đàn tính et pourrai en offrir à ceux qui partagent cette passion », confie-t-il avec enthousiasme.

Redécouvrir les jeux folkloriques

Depuis novembre 2024, l’école a également réintroduit quatre jeux traditionnels ethniques : le ném còn (jeu de lancer de balle), le tó má lẹ (jeu de palets), le ném pao (jeu de balle H’Mông) et la danse des bambous sautés (nhảy sạp). Chaque élève choisit une activité selon ses préférences, formant ainsi des groupes de jeu encadrés par des élèves responsables sous la supervision de l’enseignante Nông Thi Vui.

M. Khoàng Van Van, secrétaire du Parti de la commune de Chà Nua, salue cette initiative : « L’intégration des jeux traditionnels au sein de l’école a non seulement dynamisé l’environnement scolaire, mais a aussi fait des élèves des vecteurs de transmission culturelle. En participant activement à ces jeux et en découvrant leur signification, ils deviennent les gardiens du patrimoine et contribuent à sa préservation pour les générations futures. »