Ce résultat pose les bases d’un nouveau bond pour la filière, qui vise désormais un seuil inédit de « 70 milliards de dollars » à l’issue de l’année.
Des signaux encourageants
Depuis le début de l’année, plusieurs groupes de produits clés enregistrent des augmentations significatives. Sur les dix mois écoulés : les produits agricoles ont atteint 31,34 milliards de dollars (+15,5 %) ; les produits aquatiques 9,31 milliards de dollars (+12,9 %) ; les produits forestiers 14,93 milliards de dollars (+5,8 %) ; les produits d’élevage 512,9 millions de dollars (+19 %).
Phung Duc Tien, vice‑ministre du même ministère, rappelle que plusieurs produits agricoles stratégiques — café, poivre, noix de cajou, fruits et légumes — affichent un prix moyen à l’export en croissance, et que « les exportations agricoles, forestières et aquatiques disposent d’un moment favorable pour établir un nouveau record à 70 milliards de dollars en 2025 ».
Sous l’angle des marchés géographiques, l’Asie demeure la principale destination — 44,7 % du total — suivie des Amériques (22,7 %) et de l’Europe (13,8 %). Toutefois, les progressions les plus spectaculaires se sont dessinées sur l’Europe (+37,5 %) et l’Afrique (+83,6 %). Les États‑Unis, la Chine et le Japon restent les trois plus gros partenaires, totalisant près de 49 % des exportations du secteur. Comparativement à l’an passé, les ventes vers les États‑Unis ont augmenté de 6,2 %, vers la Chine de 12 % et vers le Japon de 20,4 %.
Au‑delà des volumes, les entreprises entrent dans une logique de montée en gamme. L’une d’elles, la Société par actions de transformation des produits agricoles Viet Xanh (province de Ninh Binh), a investi dans des technologies de congélation, un système de traçabilité, afin de répondre aux normes exigeantes du Japon et de l’Europe.
L’Association des fruits et légumes du Vietnam indique que les exportations de fruits et légumes vers les États‑Unis ont bondi d’environ 60 % sur les neuf premiers mois, signe d’un repositionnement réussi de la filière. Par ailleurs, le modèle « agriculture verte – traçabilité – transformation profonde » est pleinement mobilisé pour rehausser la valeur ajoutée et la compétitivité des produits vietnamiens.
Les freins persistent
Malgré ces dynamiques positives, le secteur fait face à plusieurs défis : hausse des coûts logistiques, contraintes techniques à l’export (résidus de produits phytosanitaires notamment), catastrophes naturelles liées au changement climatique… Tran Duc Thang, ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, dénonce des insuffisances structurelles : qualité de croissance, lenteur de la transition vers une agriculture verte, maillons faibles de la transformation, complexité des zones de production, et contraintes administratives sur les ressources foncières et hydriques.
Pour y répondre, les mesures sont multiples : promotion de la transformation en aval, traçabilité systématique, soutien à l’innovation technologique, ouverture vers de nouveaux marchés… Le ministère se félicite d’un virage amorcé : les entreprises sont invitées à quitter le simple objectif volume pour viser la valeur, tandis que les localités sont encouragées à développer des chaînes « production‑transformation‑exportation ». Dans un contexte favorable, si ces chantiers sont menés à bien, l’objectif des 70 milliards de dollars semble à portée — une performance historique pour le secteur agricole vietnamien.