Préserver la musique folklorique khmère dans les villages

Dans le hameau de Nam Chanh, commune de Lich Hoi Thuong, ville de Can Tho (au Sud du Vietnam), existe une classe particulière de musique folklorique khmère.

Les enfants jouent de la musique folklorique traditionnelle de leur peuple sous la direction attentive de M. Tran Soc. Photo : VOV.
Les enfants jouent de la musique folklorique traditionnelle de leur peuple sous la direction attentive de M. Tran Soc. Photo : VOV.

Les cours se déroulent directement dans la maison de l’enseignant, et les élèves sont des jeunes du voisinage. Bien que modeste, cette classe apporte joie et enthousiasme aux enfants, tout en contribuant à préserver les sonorités traditionnelles du peuple khmer.

Chaque samedi et dimanche matin, vers huit heures, les enfants du hameau se rassemblent avec leurs flûtes ou leurs vielles à archet et se rendent joyeusement chez Tran Soc pour apprendre la musique.

Les leçons se tiennent dans la pièce principale de la maison, où chaises et instruments sont soigneusement disposés.

À l’heure dite, les élèves prennent place d’eux-mêmes.

Dès que résonnent les premières notes, on perçoit la flamme de leur passion, qui s’accorde à l’ardeur de leur maître, créant une atmosphère à la fois animée, joyeuse et chaleureuse.

Tran Soc confie :

« Depuis mon enfance, j’ai entendu la musique folklorique khmère, car, autrefois aucun mariage ne se déroulait sans elle. J’avais peur qu’elle disparaisse un jour, alors j’ai décidé de trouver un moyen de la préserver. Je me suis promis que, quelles que soient les difficultés, je devais y parvenir ».

L’orchestre à cordes est un genre musical traditionnel des Khmers du Sud. Jadis, il était intimement lié à la vie culturelle et spirituelle des communautés khmères, présent lors des fêtes, du Tết ou des mariages.

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Tran Soc transmet sa passion pour la musique traditionnelle aux enfants directement dans sa maison. Photo : VOV.

Cependant, face au rythme de la modernité, ces ensembles à cordes ou orchestres Mahori khmers sont menacés de disparition, les grands maîtres étant décédés ou trop âgés pour poursuivre la transmission.

Confronté à ce risque, Tran Soc, en tant qu’artisan passionné, n’a pas hésité à rassembler les enfants de son village et à leur transmettre l’amour de la musique traditionnelle.

Il leur enseigne patiemment chaque instrument, chaque note et chaque morceau, malgré leurs hésitations des débuts.

Certains jours, maître et élèves déplacent même leurs chaises pour s’installer sous l’arbre devant la maison, et s’exercent ensemble aux nouvelles pièces ou aux passages difficiles, afin d’enrichir peu à peu leur maîtrise.

Il ajoute :

« Au départ, j’ai seulement enseigné le dan co (vielles à archet) ; les huit élèves apprenaient tous le même instrument. Ensuite, j’ai observé les aptitudes de chacun pour répartir les instruments : ceux qui avaient des facilités pour le khưm y ont été orientés, d’autres ont continué avec la vielle (đàn cò, qui en compte trois types différents). Pendant les répétitions, je fais aussi attention à leur état d’esprit, à leurs préférences, à la façon dont ils jouent, pour corriger et les guider. Ce n’est difficile qu’au début. »

Sous l’impulsion de leur maître, les enfants ont nourri une véritable passion pour la musique.

Les jours de repos, même s’ils ne sont que deux ou trois, ils se retrouvent avec tambour, flûte ou đàn cò, et vont jouer ensemble sous le grand banian du temple, reprenant les morceaux appris.

Leur musique, simple et authentique, séduit par sa fraîcheur et sa sincérité.

L’élève Lam Thien Tam raconte :

« Quand j’ai commencé le đàn cò, je ne savais rien du tout. Aujourd’hui, je peux déjà jouer plusieurs morceaux. Je suis très content et je vais continuer à apprendre. Pendant nos temps libres, mes amis et moi nous donnons rendez-vous pour jouer ensemble, afin de mieux nous coordonner ».

On peut affirmer que cette jeunesse constitue un noyau précieux dans la préservation et la valorisation de la musique folklorique khmère.

Les morceaux qu’ils apprennent représentent un patrimoine culturel transmis par les ancêtres.

Ce trésor ne prend tout son sens que lorsqu’il est perpétué.

Avec la flamme ardente qui les anime, ces jeunes contribueront sans doute activement à la sauvegarde et à la mise en valeur de la musique traditionnelle khmère dans l’avenir.

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