Grâce aux efforts déployés pour préserver et valoriser les patrimoines culturels traditionnels, l’art du tambour Chhay-dam des Khmers de la région des Sept Montagnes, dans la province d’An Giang (delta du Mékong), a été inscrit en mai 2025 par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme sur la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel. Cette reconnaissance constitue une grande fierté pour la communauté khmère de la commune de Ô Lâm, confirmant la valeur singulière et la vitalité durable de cette forme d’art traditionnel.
Chaque fois que résonnent les tambours Chhay-dam, les habitants et les visiteurs suivent avec attention chacun des mouvements des danseurs. L’atmosphère devient animée, rythmée par des acclamations enthousiastes, notamment lorsque apparaissent les personnages du singe Hanuman, avec leurs gestes à la fois ludiques et familiers.
La danse au tambour Chhay-dam est généralement exécutée lors des grandes fêtes khmères telles que le Nouvel An Chol Chnam Thmay, la fête Dolta, Ooc Om Bok, les célébrations de bonnes récoltes, ainsi que dans les activités culturelles communautaires au sein des villages khmers.
Le tambour Chhay-dam dans la culture khmère des Sept Montagnes
Dans la commune de O Lam, la troupe de danse au tambour Chhay-daam de la pagode Snaydonkum, composée de près de 50 jeunes membres, incarne non seulement la détermination à préserver l’héritage des ancêtres, mais reflète aussi la passion artistique transmise avec vigueur au sein de la communauté khmère.
Parmi les pièces interprétées figure la danse Chan (une danse-théâtre masquée khmère appelée Robam Yeak Roam), issue de l’épopée Riem Ke, grand poème héroïque des Khmer, où le bien affronte le mal et où la justice triomphe. Au rythme entraînant des tambours, les jeunes interprètes se glissent tour à tour dans la peau de personnages emblématiques tels que le prince Pret Riem, la princesse Xay Da, le roi-démon Riep ou encore le singe divin Hanuman. Chaque personnage est incarné de manière vivante à travers la gestuelle, les costumes et les rythmes spécifiques du tambour.
La danse Chan est une combinaison harmonieuse de musique et d’arts martiaux traditionnels khmers. Les chorégraphies Chhay-dam portent l’empreinte marquée du Bokator, avec des mouvements de coups de pied, de rotations du corps et de postures solides, dégageant une impression de force et de détermination. Les battements rapides et puissants des tambours évoquent des combats héroïques, exaltant les figures des héros, des divinités et des jalons historiques du peuple.
Chau Ne Som Nath́ (née en 2007), qui incarne le rôle du Chan vert, explique que les membres de la troupe s’entraînent chaque soir à la pagode, pendant environ deux à trois heures par séance. Selon Som Nath, les débuts sont difficiles en raison des exigences de précision, de puissance et de netteté des gestes, mais plus l’apprentissage progresse, plus la discipline devient captivante.
Selon les membres de la troupe, l’apprentissage commence par la familiarisation et la maîtrise des rythmes du tambour, car chaque séquence de danse possède une cadence spécifique. Ce n’est qu’une fois les rythmes bien assimilés que les élèves apprennent l’expression corporelle, tout en jouant du tambour, afin de faire ressortir clairement la personnalité de chaque personnage.
Politiques de préservation de la culture khmère des Sept Montagnes
À An Giang, le bouddhisme Theravāda khmer, inscrit dans le cadre de l’Église bouddhique du Vietnam, accompagne la population et contribue à la vie spirituelle des habitants, en particulier celle de l’ethnie khmère. Ces dernières années, les pagodes sont devenues un appui essentiel pour le déploiement d’activités communautaires, le développement rural et la garantie de la protection sociale.
Selon le vénérable Chau Son Hy, vice-président du Comité exécutif de l’Église bouddhique du Vietnam dans la province d’An Giang, sous la direction du Parti et de l’État, ainsi qu’avec le soutien des autorités locales, les zones rurales habitées par les Khmers ont connu des transformations notables. Les infrastructures de transport, d’électricité et d’eau potable ont été renforcées ; les écoles et les dispensaires modernisés ; les conditions de vie matérielles et spirituelles de la population ne cessent de s’améliorer.
Parallèlement aux politiques de protection sociale, la préservation de la culture ethnique khmère est identifiée comme une mission essentielle. Le Parti, l’État et les organes compétents ont promulgué de nombreuses orientations et politiques visant à préserver et à valoriser l’identité culturelle des minorités ethniques, dont celle des Khmer.
Les pagodes à An Giang coopèrent à l’enseignement de l’écriture khmère aux enfants, tout en sauvegardant diverses formes de culture populaire telles que la danse Chhay-dam, l’orchestre de musique pentatonique, les chants Du Ke, Ro Bam et les fêtes traditionnelles.
La danse au tambour Chhay-dam, en particulier, a été relancée grâce à des classes de transmission organisées conjointement par le secteur culturel et les pagodes, créant ainsi une relève pour les troupes de danse au sein de la communauté.
Selon Neańg Sam Bo, vice-présidente du Comité populaire de la commune de O Lam, les autorités locales ont coordonné l’organisation de nombreuses activités culturelles, sportives et touristiques afin de mettre à l’honneur l’identité culturelle des minorités ethniques, tout en soutenant la transmission des chants, danses et musiques traditionnels aux jeunes générations, contribuant ainsi à préserver et à diffuser la vitalité de la culture khmère dans la vie communautaire.