La jeunesse khmère, force vive de la renaissance du théâtre dù kê

Le théâtre dù kê, forme d’art scénique traditionnelle ancrée dans la culture des Khmers du Sud du Vietnam, constitue bien plus qu’un divertissement. Cet art doit sa vitalité à une jeunesse passionnée, qui entretient la flamme et poursuit le chemin tracé par leurs aïeux.

La scène restera illuminée tant qu’il y aura des personnes prêtes à brûler de passion pour leur art. Photo : Vietnamnet.
La scène restera illuminée tant qu’il y aura des personnes prêtes à brûler de passion pour leur art. Photo : Vietnamnet.

À la commune de Long Phu, dans la ville de Can Tho, vit un jeune homme de cet acabit : Kim Qui.

Comme pour toute forme d’art, le théâtre dù kê des Khmers peut exister et se développer grâce à la jeune génération qui le perpétue.

Né dans une famille ayant pratiqué cet art depuis plusieurs générations, Kim Qui baigne dans l'univers des lumières de la scène, de la musique et du chant depuis son enfance.

Pour lui, revêtir le costume de dù kê et se glisser dans la peau d'un personnage est une source de bonheur indescriptible.

Pour nourrir son rêve, Kim Qui n’a cessé de s’entraîner : il apprend seul le chant et la danse, participe à des clubs artistiques locaux, saisit toutes les occasions d’apprendre auprès des artistes chevronnés pour acquérir de nouvelles compétences.

« Je suis profondément heureux d’avoir des ancêtres ayant voué leur vie au dù kê. Poursuivre cet art et perpétuer cette tradition est, pour moi, une immense joie », confie-t-il.

Pour monter sur scène, outre le talent, le soutien de la famille est également indispensable. Cependant, pour Kim Qui, le chemin est semé d'embûches.

Bien qu’il soit né dans une famille d’artistes dù kê, sa mère n'a pas soutenu son choix de carrière, consciente des difficultés, de l’instabilité et des sacrifices qu’exige la vie d’artiste ambulant.

Ne souhaitant pas que son fils sacrifie sa jeunesse, elle a tenté de l'en dissuader.

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Kim Qui et sa mère. Photo : VOV.

« Quand ma grand-mère était encore en vie, elle disait souvent à ma mère que ce métier était très dur, très pénible, que l'errance était une véritable misère, et qu'elle ne devait pas laisser ses enfants s'y engager. C’est pour cela que ma mère voulait m’en détourner. Mais ma passion était trop forte : elle n’a pas pu me retenir et a fini par m’encourager », raconte-t-il.

En 2018, grâce à sa détermination, Kim Qui parvient à convaincre sa famille et rejoint la troupe artistique Khmer Ron Ron. Ses premiers rôles le rapprochent alors du public.

Outre le chant et la danse, il apprend à gérer les situations scéniques et assimile les techniques traditionnelles transmises par les anciens.

Avec la troupe Khmer Ron Ron, chaque représentation est pour lui une occasion de mûrir et d’affirmer sa place.

De l’opposition initiale, sa mère est devenue son plus fidèle soutien, cousant ses costumes, reprisant chaque couture pour qu’il puisse monter sur scène avec confiance.

Mme Son Thi Phol Ly, la mère de Kim Qui, a déclaré : « Kim Qui m'a dit que si je le laissais suivre cette voie, il irait danser puis rentrerait aussitôt, et qu’il pourrait exercer un autre métier à côté. Dès lors, j’ai fini par céder. Quand il partait jouer, je lui préparais quatre ou cinq costumes ; lorsqu’ils s’abîmaient, je les reprenais pour lui. Je voulais lui donner de l’élan : je ne pouvais plus l’en empêcher. »

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Les jeunes artistes comme Kim Qui sont les graines de l’avenir du théâtre dù kê des Khmers. Photo : VOV.

Dans un contexte où le dù kê décline progressivement, où plusieurs troupes se dissolvent ou fonctionnent au ralenti, la troupe Khmer Ron Ron conserve néanmoins son attractivité, affichant souvent un programme complet durant toute la saison sèche.

Ce qui fait la valeur de cette troupe, c’est son engagement à présenter de nouvelles pièces, investir dans les costumes et former la jeune génération pour succéder aux artistes vieillissants.

Les jeunes artistes comme Kim Qui sont les graines de l’avenir du théâtre dù kê des Khmers.

La scène restera illuminée tant qu’il y aura des personnes prêtes à brûler de passion pour leur art.

Pour Kim Qui, poursuivre le dù kê n’est pas seulement marcher dans les pas des ancêtres ; c’est aussi porter la responsabilité de préserver un héritage culturel essentiel de l’ethnie Khmer pour les générations futures.

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