Dans la culture khmère du Sud, le ghe Ngo n’est pas seulement un moyen de transport : il est un symbole identitaire, une fierté collective pour chaque village. Chaque embarcation incarne l’esprit de solidarité, la force et l’âme du peuple khmer.
Animé par son amour de la culture traditionnelle, Thach Rô Si Dol, un jeune Khmer de la commune de Tan Long, ville de Can Tho, a eu l’idée de reproduire le ghe Ngo à l’échelle miniature. Longs de 0,5 à 2 m seulement, ses modèles réduits conservent minutieusement chaque détail de l’embarcation originale. Peu à peu, ces maquettes de ghe Ngo sont devenues des souvenirs uniques et recherchés.
Si Dol confie que, deux ans plus tôt, son projet intitulé « Commerce de maquettes miniatures de ghe Ngo » avait atteint la finale du concours des Projets de start-up des jeunes ruraux, où il avait remporté le prix d’encouragement. Depuis, ses créations ont gagné en notoriété, suscitant de nombreuses commandes, notamment auprès des amateurs des courses traditionnelles de pirogues khmères.
Pour Ly Minh Tam, originaire de la commune de Ngoc To, également à Can Tho, la musique traditionnelle khmère est liée à son âme depuis l’enfance. Issu d’une famille d’artistes, il a grandi au rythme des sons du pinpeat, l’ensemble instrumental khmer, résonnant depuis la pagode de son village.
À l’âge de 11 ans, Ly Minh Tam a intégré l’orchestre pinpeat de la pagode locale. Grâce à son talent et à sa persévérance, il a rapidement maîtrisé les instruments et participé à des tournées de représentations à l’occasion des grandes fêtes traditionnelles, comme Chôl Chnăm Thmây, Sene Đôn-ta ou Kathina.
Ne se contentant pas de jouer, il enseigne désormais la musique pinpeat aux enfants de plusieurs villages, contribuant ainsi à former de nouveaux ensembles de jeunes musiciens et à assurer la transmission de ce patrimoine.
Aujourd’hui, Ly Minh Tam est aussi capable de fabriquer lui-même quatre instruments du pinpeat. De la sélection du bois au montage des membranes et à l’ajustement du son, tout est réalisé avec amour et passion pour la culture khmère. Les instruments qu’il confectionne sont reconnus et recherchés par de nombreux artistes et orchestres traditionnels.
Au cœur d’une société moderne où les formes de divertissement se multiplient, des jeunes Khmers comme Thach Rô Si Dol et Ly Minh Tam continuent, avec dévouement, à préserver et faire rayonner l’identité culturelle de leur peuple. Pour eux, qu’il s’agisse d’un ghe Ngo miniature ou d’un son de tambour pinpeat, ces expressions ne sont pas de simples vestiges du passé, mais bien l’âme vivante, la fierté et l’essence culturelle du peuple khmer, transmises et perpétuées de génération en génération.