Chaque cérémonie est accompagnée d’une pièce musicale particulière, qui confère à l’événement solennité et profondeur tout en insufflant une atmosphère festive et animée au jour des noces.
Les cérémonies de mariages traditionnels khmers comprennent de nombreux rites transmis de génération en génération. Chacun d’eux raconte une histoire et véhicule des valeurs éducatives et humanistes profondes. Aux côtés de ces rituels, la musique folklorique, empreinte de l’identité culturelle du peuple khmer, joue un rôle essentiel.
Selon des sources anciennes et plusieurs travaux de recherche sur la musique populaire khmère du Sud, l’orchestre de mariage trouve son origine dans l’ensemble A-Rak, auquel se sont ajoutés certains instruments issus du courant Aday, offrant ainsi davantage de souplesse et de richesse sonore.
Aujourd’hui, dans la région du Sud du Vietnam et notamment à Can Tho, les groupes de musiciens de mariage se font plus rares qu’autrefois. La composition de l’orchestre varie également en fonction des localités et du nombre d’artistes capables de jouer des instruments. Cependant, malgré ces évolutions dans la forme et la composition, les répertoires ainsi que certains instruments principaux restent soigneusement préservés par les artistes.
« Dans l’orchestre traditionnel khmer, on retrouve deux dan co (vielles à archet, proches du violon chinois erhu), le dan khum (instrument à cordes pincées), le cha pay ou chapei dang veng (luth khmer à longue manche, proche du luth lunaire), des tambours, le pây o (hautbois khmer, similaire à l’oboé, jouant un rôle de soliste) ainsi que des cymbales. Au total, sept instruments, dont le plus important est le pay o, qui dirige l’exécution musicale, suivi par le dan co ».
Lors d’une cérémonie de mariage traditionnelle, la musique ne se limite pas à créer une ambiance solennelle et joyeuse ; elle est aussi indispensable à l’exécution des rituels fixés par le maître de cérémonie. Du début à la fin, chaque étape est marquée par une mélodie particulière. La plupart des chants et morceaux de l’orchestre de mariage sont liés à un rite spécifique de la cérémonie khmère.
De nos jours, dans le contexte de la mondialisation et face au développement des formes modernes de divertissement, la musique traditionnelle perd progressivement de son espace d’expression. Pourtant, les orchestres de mariage khmers sont toujours préservés et valorisés par les artistes, qui s’efforcent à la fois de conserver et de transmettre ce patrimoine, tout en répondant aux besoins contemporains.
Danh Yen, de la commune de Lam Tan, ville de Can Tho (au Sud), ajoute :
« Aujourd’hui, les gens recommencent à apprécier la musique traditionnelle. Nous jouons dans de nombreux lieux, non seulement dans la province mais aussi au-delà, plus qu’auparavant. Quant aux revenus, il est difficile de demander des cachets élevés, car si les tarifs sont trop chers, les familles n’engageront plus d’orchestre et la musique khmère risque de disparaître. Nous devons donc rester raisonnables, adaptés aux moyens des habitants comme à notre capacité de service. »
La musique des cérémonie de mariages khmers constitue un patrimoine culturel immatériel précieux. Les chants et mélodies sont le fruit d’une créativité porteuse de valeurs éducatives et de philosophies de vie profondes, incitant les jeunes couples à préserver l’harmonie conjugale, à entretenir des liens solides et à transmettre ces enseignements à leurs descendants. C’est pourquoi il est essentiel de protéger et de promouvoir davantage la musique de mariage khmère, afin que les générations futures puissent découvrir et apprécier ces valeurs uniques de leur peuple.
