La fête de Kathina : l’illustration de la culture spirituelle des Khmers

La fête de Kathina (également appelée fête d’offrande de la robe monastique) est un rituel d’une importance particulière, intimement lié à la foi religieuse du peuple khmer. Elle symbolise le respect profond des fidèles envers les moines.

Une famille maîtresse de la cérémonie Kathina avec les offrandes destinées à la pagode. Photo: VOV
Une famille maîtresse de la cérémonie Kathina avec les offrandes destinées à la pagode. Photo: VOV

À cette occasion, les habitants offrent aux bonzes de nombreux objets essentiels, dont la robe monastique (cà sa), considérée comme l’offrande incontournable.

La fête de Kathina des Khmers est une tradition ancestrale, transmise de génération en génération. Chaque année, après les trois mois de retraite monastique (période durant laquelle les moines se consacrent exclusivement à la méditation et à la stricte observance des préceptes bouddhiques), s’ouvre la saison de Kathina, qui s’étend du 16e jour du 9e mois lunaire jusqu’à la pleine lune du 10e mois lunaire.

Les Khmers, majoritairement adeptes du bouddhisme Theravada ou Nam Tong, vouent un profond respect au Bouddha et aux bonzes. Selon M. Son Cum, membre du comité de gestion de la pagode Phu Ly 2 (commune de Dong Binh, chef-lieu Binh Minh, province de Vinh Long), la saison de Kathina dure 30 jours. Chaque pagode ne peut organiser qu’une seule grande cérémonie d’offrande de la robe Kathina par an, à une date choisie librement dans le mois suivant la retraite. La date fixée est ensuite communiquée aux fidèles des villages environnants afin que les familles souhaitant présider la cérémonie puissent s’y préparer convenablement.

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Le maître de cérémonie et les fidèles portent les offrandes et effectuent trois tours autour du sanctuaire principal en hommage au Bouddha. Photo: VOV

« Les familles qui souhaitent organiser la fête de Kathina doivent s’y préparer bien à l’avance. Les offrandes comprennent des objets du quotidien tels que des bols à aumônes, des cahiers, des stylos, des fruits, des denrées alimentaires ou des médicaments… Mais l’offrande la plus importante et incontournable reste la robe monastique, symbole de respect envers les bonzes », explique M. Son Cum.

La robe monastique (cà sa) est considérée comme un trésor sacré du bouddhisme, symbole de compassion, de vertu et de libération spirituelle. En la revêtant, les moines se rappellent constamment leurs vœux de renoncement et l’observance des préceptes. Elle leur apporte paix intérieure, courage et sagesse pour surmonter les obstacles sur le chemin de la pratique spirituelle.

Selon la croyance khmère, présider la cérémonie d’offrande de la robe Kathina apporte chance, mérite, longévité et sérénité. C’est pourquoi de nombreuses familles aspirent à organiser cette cérémonie au moins une fois dans leur vie.

M. Thach Denh, fidèle de la pagode Khuone (ville de Tra Vinh), ayant déjà été maître de cérémonie, partage : « Offrir la robe monastique, c’est exprimer sa foi et sa dévotion envers le Bouddha et les moines, prier pour la paix du village, la prospérité des familles et une récolte abondante. C’est aussi une occasion de renforcer la cohésion et la solidarité dans la communauté. Les familles souhaitant organiser la fête doivent s’inscrire auprès de la pagode un an à l’avance. Être choisi pour présider Kathina est à la fois un honneur et un vœu spirituel, contribuant à préserver les valeurs culturelles traditionnelles et à resserrer les liens entre bonzes et fidèles. »

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Les fidèles portent la robe cà sa sur la tête, symbole de leur profond respect envers les bonzes. Photo: VOV

Selon À char Son Sa Vet, de la commune Luong Hoa A, district de Chau Thanh (province de Tra Vinh), cette province, où vit une importante communauté khmère, accueille chaque année plusieurs cérémonies de Kathina. Certaines pagodes reçoivent jusqu’à plusieurs dizaines de processions, toutes célébrées aux dates fixées par la pagode. Les offrandes sont aujourd’hui plus riches et variées, reflet de l’amélioration du niveau de vie des Khmers.

« En général, la fête se déroule sur deux jours. Le premier, les familles invitent les bonzes à réciter des prières pour la paix. Le second, elles accueillent les invités et, entourées d’une foule de fidèles, offrent les dons au temple en effectuant trois tours rituels autour du sanctuaire principal. La cérémonie se poursuit par les rites de remise et de réception de la robe monastique. Les dons financiers remis à la pagode servent à la restauration et à la construction d’ouvrages, donnant aux temples une apparence toujours plus majestueuse », précise Son Sa Vet.

Pendant la fête, les familles organisatrices adaptent l’ampleur de la cérémonie selon leurs moyens, en invitant voisins et proches à partager le mérite et la joie.

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La troupe de danse Robam ouvre la procession, animant l’atmosphère de la fête. Photo: VOV

Selon Mme Son Thi Hong La, habitante du hameau Phu Ly 2 (province de Vinh Long), les villages khmers sont alors animés et colorés : « Les participants portent leurs costumes traditionnels, la musique des orchestres pentatoniques, les danses du tambour Sa-dam ou les spectacles de Robam rendent l’atmosphère vibrante et joyeuse. C’est aussi un moment pour se retrouver, renforcer les liens communautaires et semer la bienveillance. »

La fête de Kathina incarne ainsi une belle expression de la foi et de la culture spirituelle des Khmers. Elle perpétue les valeurs traditionnelles du bouddhisme theravāda, symbole de compassion, d’harmonie et de cohésion communautaire, préservées et transmises jusqu’à nos jours.

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