Pourquoi les estampes populaires de Dong Ho sont-elles devenues un patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO ?

L’artisanat des estampes populaires de Dong Ho, dans la province de Bac Ninh, a officiellement été inscrit sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente de l’UNESCO.

Le vice-ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme, également Vice-président de la Commission nationale vietnamienne pour l’UNESCO, Hoang Dao Cuong, et le Vice-président permanent du Comité populaire de la province de Bac Ninh, Mai Son, prennent la parole après l’annonce de la décision par l’UNESCO. Photo : VOV.
Le vice-ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme, également Vice-président de la Commission nationale vietnamienne pour l’UNESCO, Hoang Dao Cuong, et le Vice-président permanent du Comité populaire de la province de Bac Ninh, Mai Son, prennent la parole après l’annonce de la décision par l’UNESCO. Photo : VOV.

La décision a été adoptée et annoncée lors de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, tenue l’après-midi du 9 décembre à New Delhi, en Inde.

Selon la Décision no 20.COM 7.a.1 rendue publique au cours de la session, l’artisanat des estampes populaires de Dong Ho a été officiellement reconnu comme un patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

L’Ambassadeur Vishal V. Sharma, Chef de la Délégation permanente de l’Inde auprès de l’UNESCO et Président de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental de la Convention de 2003, a frappé le marteau entérinant l’inscription de cet artisanat l’après-midi du 9 décembre.

Il s’agit du 17ᵉ patrimoine vietnamien figurant dans les Listes du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

Selon le Comité intergouvernemental de la Convention de 2003, le dossier de candidature de l’artisanat des estampes populaires de Dong Ho répond entièrement aux critères d’inscription.

tranh-dong-ho.jpg
L’ambassadeur Vishal V. Sharma, chef de la Délégation permanente de l’Inde auprès de l’UNESCO et Président de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, frappe le marteau entérinant l’inscription de l’artisanat des estampes populaires de Đông Hồ l’après-midi du 9 décembre. Photo: VOV

Concrètement, les estampes populaires de Dong Ho sont étroitement liées à des célébrations majeures telles que le Têt traditionnel et la Fête de la mi-automne, ainsi qu’aux rituels de culte des ancêtres et des divinités.

Aujourd’hui, seules quelques familles perpétuent encore cet artisanat, transmettant savoir-faire et connaissances au sein du foyer ou à des apprentis à travers un accompagnement direct et une pratique régulière. Certaines étapes, comme la création des modèles ou la gravure des planches d’impression, exigent une formation approfondie et des années d’expérience. Les planches de bois sont considérées comme des trésors familiaux transmis de génération en génération.

Deuxième point : le nombre d’artisans qualifiés a fortement diminué, en raison du désintérêt croissant des jeunes, des difficultés de subsistance liées au métier et de la baisse de la demande en estampes traditionnelles lors des fêtes. Les praticiens hautement qualifiés et engagés sont désormais trop peu nombreux pour assurer la transmission et la production, d’où la nécessité d’une sauvegarde urgente.

Troisièmement, le plan de sauvegarde local prévoit sept objectifs, notamment : l’ouverture de classes de transmission, l’inventaire du patrimoine, la création de nouveaux modèles, la diversification du marché, l’amélioration de l’accès aux matières premières et la fourniture d’équipements de protection pour les artisans. Les activités proposées sont réalisables, pertinentes et durables, tout en plaçant la communauté au centre du processus.

tranh-dong-ho-1.jpg
Délégation vietnamienne participant à la session. Photo: VOV

Le dossier met également en évidence la participation active de la communauté, en particulier des familles d’artisans, tout au long de l’élaboration du dossier, via les inventaires et divers événements publics.

Enfin, ce patrimoine a été intégré à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel, lequel est régulièrement mis à jour avec la participation des communautés concernées.

Avec cette décision, le Comité intergouvernemental de la Convention de 2003 encourage également le Vietnam à envisager l’intégration de ce patrimoine dans le système éducatif, formel comme informel, afin de sensibiliser les jeunes générations à l’importance de sa sauvegarde.

Interrogé par un journaliste de la VOV sur la portée de cette reconnaissance, Mai Son, Vice-Président permanent du Comité populaire de la province de Bac Ninh, a souligné que l’inscription des estampes populaires de Dong Ho constitue non seulement une fierté pour les habitants de Bac Ninh mais aussi pour tous les Vietnamiens, au pays comme à l’étranger.

« Il s’agit d’une reconnaissance internationale pour une forme artistique unique, reflet du savoir-faire artisanal, de l’identité vietnamienne et de la philosophie de vie des Vietnamiens, exprimée dans chaque estampe. Cette inscription contribue à rehausser le statut culturel de Bac Ninh sur la carte mondiale du patrimoine. Pour obtenir cette reconnaissance, nous saluons la contribution de la communauté de Dong Ho, des artisans, ceux qui ont créé, préservé et transmis les estampes populaires depuis des centaines d’années.

Nous apprécions également la coordination entre les autorités locales, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, le ministère des Affaires étrangères ainsi que les experts nationaux et internationaux dans la préparation du dossier soumis aujourd’hui à l’UNESCO. Cette inscription est un honneur mais aussi une responsabilité accrue pour les autorités et la population de Bac Ninh dans la préservation et la valorisation de ce patrimoine », a déclaré M. Mai Son.

L’artisanat des estampes populaires de Dong Ho, pratiqué dans le quartier de Dong Khe, ville de Thuan Thanh, province de Bac Ninh, est né il y a environ 500 ans.

La communauté des praticiens a créé des estampes aux caractéristiques distinctives en termes de thèmes, techniques d’impression, couleurs et graphisme, à partir de la gravure sur bois.

Les œuvres portent généralement sur les thèmes du culte, des vœux de bonne fortune, de l’histoire, de la vie quotidienne ou des paysages, et sont associées à la tradition d’accrocher les estampes lors du Têt, de la Fête de la mi-automne, du culte des ancêtres ou des divinités. Toutes les étapes, création des modèles, gravure des planches, fabrication des pigments, impression, sont réalisées manuellement. Les modèles sont dessinés au pinceau et à l’encre sur papier dó avant d’être gravés sur des planches de bois de pêcher. Les couleurs proviennent entièrement de matériaux naturels : bleu de l’indigo, rouge de la pierre cinnabre, jaune de la fleur de sophora ou du fruit de gardenia, blanc de la poudre de coquillages, noir de la cendre de feuilles de bambou ou de paille de riz gluant.

L’impression se fait en appliquant successivement les cinq couleurs de base sur du papier dó préalablement enduit de poudre de coquillages. L’ordre traditionnel est le suivant : rouge d’abord, puis bleu, jaune, blanc, et enfin noir pour les lignes finales.

À ce jour, le Vietnam compte 37 patrimoines reconnus par l’UNESCO et inscrits dans les Listes correspondantes (dont 9 patrimoines culturels et naturels mondiaux, 17 patrimoines culturels immatériels et 11 patrimoines documentaires).

Parmi eux, la province de Bac Ninh possède plusieurs patrimoines emblématiques inscrits par l’UNESCO : cinq patrimoines culturels immatériels représentatifs de l’humanité (Quan ho de Bac Ninh, Estampes populaires de Dong Ho, Ca tru, Culte des Déesses-Mères, Jeu de tir à la corde de Huu Chap) ; un patrimoine culturel mondial interprovincial (complexe Yen Tu – Vinh Nghiem – Con Son, Kiep Bac), comprenant notamment la pagode Vinh Nghiem ; et les bois gravés des sutras bouddhiques de la pagode Vinh Nghiem, inscrits au Registre Mémoire du Monde pour l’Asie-Pacifique.

Back to top