Faisant écho à la Journée des patrimoines du Vietnam (23 novembre), l’événement s’est tenu en novembre dernier, au Centre de Conservation des estampes populaires de Dông Hô, dans le village éponyme, district de Thuân Thành, province de Bac Ninh (au Nord-Est du Vietnam).
Le marché comprenait une vingtaine de stands présentant l’artisanat des estampes populaires de Dông Hô, notamment les matériaux et le processus de production de ce type de peinture.
Les visiteurs ont pu y admirer les estampes les plus connues comme Vinh hoa – Phú quý, Nhân nghĩa — Lễ trí (Réussite — Prospérité, Humanité et Loyauté — Respect et Intelligence), Đàn lơn âm dương (Famille de cochons yin yang), Gia đình gà (Famille des poulets), Gà trống hoa hồng (Coq et roses), Mục đồng thổi sáo (Enfant qui joue à la flute en élevant son buffle), Hứng dừa (Recueillir des noix de coco), Đám cưới chuột (Mariage de rats), Thầy đồ cóc (La classe du lettré Crapaud), Đánh ghen (Femme trompée, femme furieuse), ou Bà Triệu cưỡi voi (L’héroïne Bà Triêu à dos d’éléphant).
De plus, les visiteurs ont pu s’immerger dans l’ambiance d’un marché typique de la campagne du Nord avec une variété de produits artisanaux traditionnels tels que la poterie de Phù Lang, le cuivre de Dai Bai, le rotin et le bambou de Xuân Hôi.
À cette occasion, diverses activités intéressantes ont eu lieu : calligraphie, fabrication de marionnettes en terre cuite, spectacles de marionnettes sur l’eau Dông Ngu et de nombreux jeux folkloriques.
Selon les organisateurs, l’événement a contribué à promouvoir le patrimoine unique du village de métiers traditionnels de Dông Hô, ainsi qu’à développer le tourisme local.
Les élèves sont ravis de découvrir le métier de fabrication des estampes populaires de Dông Hô. Photo : NDEL. |
Hà Quy Minh Tuân, collégien de Song Hô, a déclaré avec enthousiasme : « Je suis très heureux que les professeurs m’aient amené à visiter l’exposition de peintures de Dông Hô. C’est une bonne occasion pour moi de découvrir ce métier traditionnel, mais aussi de profiter des chants populaires “quan ho”, des marionnettes sur l’eau et du modelage en argile. J’espère participer à d’autres activités intéressantes comme cet événement ».
Pour que la « couleur nationale » brille toujours de mille feux sur le papier traditionnel « dó »
Tout en peignant minutieusement chaque contour sur une vieille planche de bois, le jeune artiste Nguyên Huu Dao, fils du maître artisan Nguyên Huu Qua, a confié : « J’ai déjà participé à plusieurs activités pour présenter l’art des estampes populaires de Dông Hô dans tout le pays. Aujourd’hui, je suis honoré d’être présent dans un espace qui permet de reproduire l’image du marché de peintures de Dông Hô d’antan. C’est la première fois qu’un tel événement s’est tenu dans mon village natal. Je n’ai entendu parler des marchés de Dông Hô qu’à travers les souvenirs des anciens de mon village. Comme ma famille a exercé ce métier depuis plusieurs générations, j’espère avoir davantage d’opportunités pour contribuer à promouvoir cet art traditionnel ».
Le jeune artiste Nguyên Huu Dao présente une technique de création d’une estampe de Dông Hô. Photo : NDEL. |
Selon le directeur adjoint du service de la Culture, des Sports et du Tourisme de la province de Bac Ninh, Nguyên Van Dap, les estampes populaires de Dông Hô sont un genre de peintures sur bois, similaire à celles du village de Sinh, celles de Kim Hoàng, de Nam Hoàng ou de Hàng Trông. Datant du XVIIe siècle, cet art est originaire du village de Dông Hô, dans le district de Thuân Thành, province de Bac Ninh.
Ces peintures étaient souvent créées à l’occasion du Nouvel An lunaire (le Têt), elles étaient donc également appelées « peintures du Têt ». Les Vietnamiens avaient l’habitude d’acheter quelques estampes pour décorer leur maison ou en offrir à leurs proches avec le souhait d’apporter chance et bonheur pour l’année à venir.
Autrefois, le marché des estampes se déroulait dans la maison communale de Dông Hô les 6e, 11e, 16e, 21e et 26e jours du dernier mois lunaire. Tout l’espace de la maison communale était coloré, avec des milliers de tableaux en tout genre exposés et vendus. Les clients venaient des quatre coins du pays. Cependant, ce marché a disparu depuis 1945.
Avant, le village de Dông Hô comptait 17 lignées fabriquant des estampes, désormais il n’en reste plus que trois pratiquant encore ce métier, qui se transmet de génération en génération.
Nguyên Van Dap, directeur adjoint du service de la Culture, des Sports et du Tourisme de la province de Bac Ninh
Pour préserver cet art traditionnel, la province de Bac Ninh a construit le Centre de conservation des estampes populaires de Dông Hô. Cet établissement, qui dispose d’un capital de 91 milliards de dôngs, s’étend sur plus de 19 200 m². Il comprend notamment une maison traditionnelle, un espace réservé aux processus de fabrication et une salle d’exposition avec plus de 1 000 documents et objets témoignant de l’histoire de ce genre pictural, de ses valeurs et du travail de conservation.
Réalisées à partir de planches en bois gravées où sont appliquées les couleurs (une par planche), les estampes de Dông Hô représentent des scènes de la vie à la campagne, des animaux domestiques, des fêtes traditionnelles et des jeux traditionnels. Elles font appel à l’imaginaire et sont omniprésentes dans les poèmes, chants et œuvres littéraires.
La grande originalité des estampes de Dông Hô réside dans leurs couleurs naturelles et dans le papier sur lesquelles elles sont imprimées. Il s’agit du papier « dó », fait à partir d’écorce d’un arbre tropical appelé « rhamnoneuron ». Ce papier est à la fois spongieux, doux, mince et résistant. Il absorbe bien les couleurs sans que celles-ci se mélangent pendant l’impression.
Pour rappel, en 2013, le métier de fabrication d’estampes populaires de Dông Hô a été reconnu en tant que patrimoine culturel immatériel national.
En 2017, le Vietnam a commencé à préparer une candidature pour soumettre à l’UNESCO pour sa reconnaissance comme patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
En mars 2020, le Vietnam a soumis à l’UNESCO la candidature du métier de fabrication d’estampes populaires de Dông Hô pour son inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Cette candidature devrait être examinée lors de la 19e session du Comité intergouvernemental de l’UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel prévue en 2024.