Élagage d’arbres forestiers destinés à la production de bois de grande taille. Photo : GIZ/Vu Thanh.
Élagage d’arbres forestiers destinés à la production de bois de grande taille. Photo : GIZ/Vu Thanh.

Structuration de l’économie forestière autour des chaînes de valeur durables

Pilier majeur de l’agriculture, aux côtés de l’élevage et des produits aquatiques, la sylviculture s’impose progressivement comme un secteur d’exportation générant des milliards de dollars.

La transformation des modes de gestion, l’augmentation de la valeur technologique dans la transformation du bois et le développement de l’économie forestière selon une approche fondée sur la chaîne de valeur devraient permettre à la filière de dépasser un taux de croissance annuel de 4,7 à 5 %, avec pour objectif d’atteindre les deux chiffres dans les années à venir.

Le projet de développement de la valeur multifonctionnelle des écosystèmes forestiers à l’horizon 2030, avec une vision jusqu’en 2050, a été approuvé par le Premier ministre.

Il vise à valoriser les fonctions multiples des écosystèmes forestiers et à utiliser durablement les ressources forestières ; à créer des emplois et à améliorer les conditions de vie matérielles et spirituelles des minorités ethniques, des populations montagnardes, des travailleurs forestiers et des communautés vivant à proximité des forêts...

Mise en place de moyens de subsistance forestiers durables

L’objectif de valorisation multifonctionnelle des écosystèmes forestiers fixe pour mission que, d’ici 2030, la production nationale de bois devra couvrir au moins 80 % des besoins en matières premières pour l’industrie de transformation du bois, et 100 % d’ici 2050.

Il est également prévu que 100 % du bois et des produits en bois devront provenir de sources légales, conformément aux exigences des marchés d’exportation et de la consommation intérieure.

Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, les provinces forestières ont renforcé de nombreuses mesures de gestion et de développement durable des forêts.

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Modèle de forêt de bois de grande taille associant acacias et essences indigènes. Photo : Phan Nhat Anh.

Dans la région de l’ancienne province de Bac Giang (aujourd’hui la province de Bac Ninh, au Nord du Vietnam), quatre entreprises étaient chargées de la gestion de plus de 9 000 hectares de forêts et de terres forestières.

Selon le Service provincial de l’Agriculture et de l’Environnement, ces dernières années, ces unités ont renforcé la gestion des semences forestières, introduit de nouvelles variétés pour le reboisement, intensifié les activités de sylviculture, d’agriculture et d’aquaculture…

Ces efforts ont contribué à améliorer la productivité et la qualité des forêts plantées, apportant ainsi des retombées économiques significatives pour la province.

Parallèlement à cela, l’application des avancées scientifiques et techniques, allant de la sélection des variétés d’arbres à la mécanisation du défrichage, du creusement des fosses et de l’exploitation forestière, a également permis d’accroître la productivité du travail et le rendement des plantations, passant de 75–80 m³ de bois/ha/cycle à 110–125 m³/ha/cycle. Cela a contribué à améliorer l’efficacité de la production, des activités commerciales ainsi que les revenus des cadres et ouvriers forestiers.

De même, dans la province de Ca Mau (au Sud du Vietnam), l’économie forestière a connu ces dernières années un développement durable. La productivité des forêts plantées dans la région d’U Minh Ha atteint 90 à 180 m³/ha/cycle sur une période de quatre à six ans, contribuant à l’approvisionnement en matières premières pour le marché et l’industrie de transformation du bois.

Ce résultat s’explique par la restructuration des cultures et la transition des plantations extensives de cajeputiers vers des techniques de plantation sur planches surélevées permettant de réduire l’engorgement hydrique, ce qui a permis d’augmenter la production forestière de deux à trois fois.

Tran Ngoc Thao, directeur de la SARL à membre unique de sylviculture d’U Minh Ha (province de Ca Mau), qui gère actuellement plus de 24 000 hectares de terres forestières, indique que la population diversifie également ses sources de revenus grâce aux activités principales de la filière forestière, telles que la plantation, l’exploitation, le transport et la commercialisation des produits forestiers.

Le modèle intégré forêt-aquaculture, incluant la récolte de miel, la culture de plantes médicinales sous couvert forestier, le maraîchage et l’aquaculture, permet d’augmenter les revenus de 2 à 3 millions de dongs par hectare et par an.

Cette approche contribue à stabiliser les moyens de subsistance de 2 418 ménages sous contrat de gestion, notamment les foyers pauvres et les minorités ethniques.

Dans un contexte marqué par une intensification des mesures de défense commerciale à l’échelle mondiale, la gestion durable des forêts, conforme aux exigences des marchés d’exportation en matière de traçabilité et de certification forestière, constitue un enjeu clé pour développer une économie forestière durable et à forte valeur ajoutée.

Selon le Département général des forêts et l’Inspection forestière, le pays compte actuellement plus d’un million d’hectares de plantations d’acacias, représentant plus de 30 % de la superficie totale des forêts plantées à l’échelle nationale. Il s’agit de la principale source de matières premières pour les industries de production de papier et de pâte à papier, de panneaux artificiels, de copeaux de bois et de meubles destinés à l’exportation.

Afin d’accroître la valeur économique de la filière forestière, il est recommandé de limiter l’exploitation précoce des bois jeunes et de prolonger la durée de croissance de cinq à six années supplémentaires.

Cette approche permet de transformer ces plantations en forêts de bois de grande taille, doublant ainsi le volume de bois récolté et multipliant par deux, voire trois le prix de vente.

Modernisation de la production et montée en gamme de la transformation

Le plan de développement des plantations forestières pour la production de bois de grande taille pour la période 2024–2030, élaboré par le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, fixe pour objectif qu’à l’horizon 2030, la superficie totale des plantations de bois de grande taille atteindra environ un million d’hectares.

Il vise à assurer un approvisionnement durable en matières premières ligneuses par l’intensification de la culture forestière et l’extension des superficies plantées, garantissant ainsi une source stable pour l’industrie de transformation du bois.

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Contrôle des plantations forestières de bois de grande taille à l’aide d’un drone. Photo : GIZ/Vu Thanh.

Afin d’assurer une zone d’approvisionnement durable en matières premières et de développer l’économie forestière selon une approche fondée sur la chaîne de valeur, Ngo Sy Hoai, vice-président et secrétaire général de l’Association vietnamienne du bois et des produits forestiers, estime que les unités gestionnaires de forêts doivent s’engager activement dans les projets de gestion durable des forêts et obtenir les certifications forestières correspondantes.

Il convient également d’appliquer des techniques de sylviculture permettant de transformer les plantations fournissant du petit bois en forêts de production de bois de grande taille, en vue d’améliorer la productivité et la qualité des forêts plantées.

En parallèle, l’élaboration de plans de gestion forestière durable conformes aux normes FSC ou VFCS est nécessaire pour valoriser économiquement les produits forestiers sur le marché, contribuant ainsi à améliorer la qualité de la plantation, la gestion durable des forêts et la transformation du bois.

Selon le vice-ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, Nguyen Quoc Tri, l’un des points clés de la valorisation multifonctionnelle des écosystèmes forestiers réside dans la mise en œuvre efficace des services d’absorption et de stockage du carbone forestier.

Toutefois, le secteur forestier est confronté à de nombreux défis, dans un contexte où les mesures de défense commerciale se multiplient et où de nouvelles réglementations sur l’exportation du bois et des produits dérivés sont mises en place par des marchés, tels que les États-Unis, le Japon, la République de Corée et les pays de l’Union européenne.

Dans ce contexte, les parties prenantes doivent renforcer leurs capacités en matière de gestion des risques et de défense commerciale, améliorer l’accès au financement, et construire une chaîne de valeur durable allant de la plantation forestière à la transformation, tout en développant des réseaux de distribution sur les marchés clés et traditionnels.

Il convient toutefois de faire preuve de prudence quant à l’origine des matières premières importées, notamment celles en provenance de pays actuellement visés par des mesures tarifaires imposées par les États-Unis.

Ces défis représentent également une opportunité pour les producteurs nationaux de produits forestiers d’adapter à temps leur approche afin de se conformer aux pratiques internationales.

Parallèlement, ils sont incités à diversifier les marchés, à réduire les coûts de production et à transformer leur modèle économique, en passant d’une production sous-traitée selon les commandes des importateurs à une production autonome de modèles propres, avec création de marques, dans le but d’améliorer l’efficacité commerciale et les marges bénéficiaires.

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