De nouveau membre à l’époque, le pays occupe aujourd’hui une position clé, contribuant activement à définir les orientations stratégiques et à rehausser le profil de l’ASEAN dans un contexte international en constante mutation.
Selon le professeur Chu Hoang Long, de l’Université nationale d’Australie (ANU), le Vietnam s’est distingué par quatre contributions fondamentales tout au long de son parcours au sein de l’ASEAN.
Tout d’abord, Hanoi a joué un rôle de premier plan dans le processus d’élargissement, facilitant l’adhésion du Cambodge, du Laos et du Myanmar, participant ainsi à la construction d’une Asie du Sud-Est unifiée.
Ensuite, le Vietnam a constamment œuvré pour une ASEAN résiliente, fondée sur le respect du droit international et sur la primauté des intérêts communs. Ces principes, inspirés de sa propre politique étrangère, sont désormais inscrits dans la Charte de l’ASEAN.

Sur le plan économique, le Vietnam est devenu l’un des moteurs de croissance les plus dynamiques du bloc, grâce à une trajectoire de développement stable et à un climat des affaires de plus en plus attractif.
En période de turbulences, comme lors de la crise financière asiatique de 1998 ou de la pandémie de COVID-19 en 2020, le pays a démontré sa capacité à diriger et à coordonner efficacement les actions communes, notamment dans son rôle de président de l’ASEAN.
Il a ainsi renforcé les relations du bloc avec des partenaires stratégiques tels que l’Union européenne, les États-Unis, la Chine, le Japon, la République de Corée et l’Inde.
L’adhésion à l’ASEAN a également apporté au Vietnam de nombreuses opportunités de développement. Grâce à des accords comme l’AFTA et les ALE signés entre l’ASEAN et ses grands partenaires, les marchés d’exportation se sont élargis, passant d’environ 500 millions de consommateurs en 1995 à près de 700 millions aujourd’hui. Ce processus d’intégration a stimulé les réformes institutionnelles, accru la compétitivité nationale et modernisé l’économie.
Le Vietnam a aussi pleinement profité des programmes de coopération intra-ASEAN dans des domaines tels que la formation, le transfert de technologies et le développement des infrastructures, ce qui a renforcé son capital humain et ses capacités internes.
Entrant dans une nouvelle phase de développement, le Vietnam participe activement à l’élaboration de la Vision de la communauté de l’ASEAN à l’horizon 2045, en adéquation avec son propre objectif de devenir un pays à revenu élevé d’ici cette même année.
Grâce à sa position géographique stratégique, le pays est de plus en plus perçu comme un trait d’union essentiel entre l’ASEAN et les grandes puissances, jouant le rôle de facilitateur, de coordinateur et de médiateur dans un environnement géopolitique en recomposition.
Dans ce contexte de rivalités stratégiques accrues, le professeur Chu Hoang Long souligne que le maintien de la cohésion régionale et d’une voix commune reste une priorité pour l’ASEAN.
Le Vietnam, avec sa diplomatie indépendante, équilibrée et proactive, est bien placé pour continuer à assumer un rôle de leadership, de renforcement de la confiance et de promotion du dialogue.
Fort de son expérience et de ses acquis, le Vietnam est appelé à demeurer un partenaire fiable et responsable, contribuant au maintien du rôle central de l’ASEAN dans la structure régionale et à l’approfondissement de ses relations avec les partenaires mondiaux.