Relation prédestinée avec le Vietnam
Si vous rencontrez le professeur Jason Picard pour la première fois, vous serez sûrement surpris de trouver un américain aux yeux vert-marron, nez fendu, qui parle couramment vietnamien.
Jusqu'aux années 90 du siècle dernier, de nombreux Américains étaient encore hantés par la guerre au Vietnam. Par conséquent, en 1995, lorsque le professeur Jason Picard a décidé d'aller au Vietnam pour travailler comme professeur de langue étrangère, sa famille, ses parents et ses amis, de nombreuses personnes l'en ont empêché. « Ils avaient peur que je sois en danger. Ils ne pouvaient pas croire que j’y serais le bienvenu, a-t-il raconté.
Même lorsqu'il a atterri à l'aéroport de Nôi Bai, il ne s'attendait pas lui-même à être aimé ou chaleureusement accueilli, mais l'attitude du peuple vietnamien l'a complètement surpris. Non seulement il ne faisait pas l’objet d’une rancune, mais les gens étaient heureux et excités de l'inviter chez eux et lui poser des questions comme des amis proches. Cette surprise l'a profondément marqué auprès du pays et du peuple vietnamiens.
Le professeur américain Jason Picard (à droite) découvre la noix de bétel. Photo : waj.world |
« Ma passion de découverte m'a également amené dans des pays asiatiques comme le Japon, la Thaïlande, le Cambodge, mais j'ai toujours voulu en savoir plus sur le Vietnam, je voulais avoir l'opportunité de revenir et de trouver des réponses à la question : « Qu'est-ce qui rend les gens vietnamiens si tolérants et amicaux ?", a-t-il confié.
En 1997, il est devenu le premier Américain à vivre à Tây Ninh (province au Sud du Vietnam) après la guerre. Il a commencé son travail d'enseignement au Vietnam, contribuant au développement du programme d'anglais pour le lycée.
Jason est non seulement passionné par la découverte de l'histoire vietnamienne mais aussi « fan » du grand poète Nguyên Du, auteur de l’œuvre renommée « Truyên Kiêu » (L'histoire de Kiêu), et surtout de la littérature vietnamienne de la période 1930-1945.
Les œuvres classiques de Vu Trong Phung, Nguyên Công Hoan, Ngô Tât Tô, Nam Cao... sont les livres de chevet de Jason, dont certains ont été lus et relus pour les mémoriser. Même lorsqu'il est retourné aux États-Unis en 2001 pour faire une maîtrise, Jason pensait toujours à revenir au Vietnam.
En 2006, le sort prédestiné du professeur américain pour le Vietnam est devenu encore plus spécial lorsqu'il a rencontré une femme de sa vie pour la première fois. Jason décrit avec humour : « Je suis retourné à Hanoï, à l'époque pour un doctorat, en poursuivant ma passion et a rencontré ma future épouse, une femme d’origine de Nghê An ».
Passion pour la discipline d’histoire
Jason se souvient qu'il y a 15 ans, il a pris une grande décision dans sa carrière universitaire : poursuivre son rêve d'étudier l'histoire vietnamienne au niveau du doctorat.
Avant de retourner au Vietnam, il a été chargé de cours en histoire moderne de l'Asie du Sud-Est au Centre du Vietnam de l'Université Loyola de Chicago, donnant de nombreux cours sur le Vietnam et le Cambodge. En outre, il a été chercheur à l'Institut national de littérature du Vietnam (2003 - 2004) et à l'Institut d'histoire (2007 - 2009).
Travaillant actuellement à l'Université VinUni, l'enseignant américain a contribué à la fondation de la discipline d’histoire et de culture vietnamiennes. Son plus grand désir est d'attirer autant d'étudiants que possible pour qu'ils découvrent leur propre culture et histoire de manière créative et efficace.
L'enseignant de 10 ans d'expérience a déclaré que la méthode d'enseignement de l'histoire est très importante, comment intéresser les élèves et changer leur perspective et leur approche. Les leçons de l'histoire asiatique et vietnamienne sont de précieux trésors de connaissances, mais seules de bonnes méthodes peuvent attirer les apprenants.
À chaque cours, Jason a transmis aux élèves l'esprit de ne pas s'acharner sur la mémorisation ou la mémorisation de manière mécanique et passive. Il a donc inclus des histoires qui pourraient se rapporter à la réalité.
« La valeur de l'histoire ne réside pas dans la connaissance de l'heure ou du lieu d'une bataille ou de l'année de naissance d'un général, mais dans les précieuses leçons tirées du passé », a-t-il confié.
Il demande souvent aux élèves ce qu'un problème du passé signifie pour un problème similaire qui se produit aujourd'hui. Par exemple : pourquoi les catastrophes liées au changement climatique ne se sont-elles pas produites auparavant, ou quelle a été la réponse utilisée dans le passé ? A partir de là, c'est lié à l'environnement même dans lequel ils vivent ».
Le problème de l'année dernière que ce professeur d'histoire voulait le plus évoquer était la controverse sur le fait que l'histoire ne sera pas obligatoire dans le programme d'études secondaires au Vietnam. Cet enseignant enthousiaste et franc donne des conseils sur la façon d'étudier l'histoire pour n'importe qui : « Quelle que soit votre spécialité, vous devriez étudier l'histoire en raison de la valeur qu'elle vous apporte, qui vous aide à l'appliquer à la vie ».