Début mars 2008, à midi, par une journée froide, j'étais alors directeur adjoint stagiaire du département d’Asie 2 du ministère des Affaires étrangères et j'ai reçu une demande du département des affaires extérieures du bureau de l'Assemblée nationale de faire rapport d'urgence au président de l’Assemblée nationale Nguyen Phu Trong sur la situation en Australie et les relations entre le Vietnam et l’Australie.
Un cadre du Département des Affaires extérieures a répété à plusieurs reprises que le président de l'Assemblée nationale, Nguyen Phu Trong, étant très occupé et que je devais présenter un rapport bref et concis en 15 minutes afin que celui-ci puisse comprendre la situation générale avant de se rendre en Australie à partir du 11 au 14 mars 2008.
Le président voulait entendre les gens qui se chargeaient directement de ces affaires, il n’était donc pas nécessaire d’inviter les dirigeants du ministère des Affaires étrangères à m’accompagner.
J'ai rapidement déjeuné et j'ai marché directement jusqu'au bureau de l'Assemblée nationale, juste à temps pour atteindre la porte du bureau du président de l'Assemblée nationale, Nguyen Phu Trong, à 12h55.
À cette époque-là, j'étais chargé de surveiller la coopération entre le Vietnam et l'Australie et les pays du Pacifique Sud. J'étais confiant de bien saisir la situation, c'est pourquoi je n'ai apporté aucun document avec moi. Il me restait encore 5 minutes pour réviser dans ma tête certains aspects majeurs de l'Australie et de la relation bilatérale. J’étais sûr de pouvoir faire rapport au président de l’Assemblée nationale en un quart d'heure.
À 13 heures précises, la porte s'est ouverte et le président de l'Assemblée nationale, Nguyen Phu Trong, a cordialement crié : « Entrez, Monsieur l’expert du ministère des Affaires étrangères, s'il vous plaît ! »
Après une poignée de main très ferme, il a tranquillement étalé une carte de la région du Pacifique Sud sur le bureau et a déclaré : « C'est la première fois que je visite officiellement l'Australie, et je n’y suis jamais allé auparavant. Je vous donne une heure pour présenter l'histoire, le pays, le peuple, la situation politique intérieure, l'économie, la culture, la société et les affaires extérieures de l'Australie, ainsi que tout le contenu connexe sur notre relation avec l'Australie. »
Il a également ajouté avec humour : « Prenez votre temps et présentez-le de manière approfondie et complète, comme si vous parliez à quelqu'un qui entend parler de l'Australie pour la première fois. »
J'ai été un peu surpris car, selon sa demande, le contenu et la durée du rapport étaient très longs, différents de l'annonce du Département des Affaires extérieures du Bureau de l'Assemblée nationale. Je pensait que sachant cela, j'aurais dû lire attentivement le dossier avant de lui en parler.
Après quelques secondes de réflexion et d'organisation rapides, j'ai rapporté chaque sujet tour à tour, tout en essayant de revoir toutes les connaissances que j'avais sur l'Australie. Heureusement, j’avais étudié pendant une courte durée en Australie 13 ans avant, et de plus, le président m’a attentivement écouté et hochait parfois la tête en signe d'encouragement. J'ai donc présenté mon rapport pendant 45 minutes sans m’arrêter, en essayant de le rendre le plus vivant et réaliste que possible.
Dès la fin de ma présentation, le président de l'Assemblée nationale, Nguyen Phu Trong, a posé une série de questions sur des aborigènes australiens et sur les caractéristiques des trois villes que la délégation vietnamienne visiterait a savoir Perth, Canberra et Sydney, ainsi que le mécanisme de fonctionnement et de coordination entre les autorités, les parlements au niveau d’un État et fédéral, même les caractéristiques du drapeau national et de la fleur nationale de l'Australie, ainsi que les caractères des Australiens. En même temps, il m'a demandé d'indiquer sur la carte les points d'intérêt marquants du pays des kangourous.
Je présentais mon rapport en lui demandant hardiment des conseils sur l'orientation des relations entre le Vietnam et l'Australie dans les années à venir.
Après un moment de réflexion, Nguyen Phu Trong a déclaré tranquillement : "L'Australie est un pays qui à un grand potentiel, nous travaillons avec elle comme nous travaillons avec un continent entier. Elle a été le premier pays occidental à normaliser ses relations avec nous, elle a donc une bonne volonté . Il est nécessaire d'envisager prochainement d'améliorer nos relations avec ce pays afin de mieux tirer parti du potentiel de coopération dans divers domaines tels que l'exploitation minière, l'énergie, la protection de l'environnement, l'éducation et la formation ainsi que le tourisme, tout en continuant à profiter des aides publiques au développement (APD) financées par lui-même. De plus, nous pourrons étudier le modèle de développement durable mis en place par l'Australie, surtout lorsqu’elle exploite autant des mines tout en préservant l'environnement. Cette fois, vous m'accompagnera pour visiter l'Australie et à la fin de la visite, j'aurai encore une autre question pour vous. »
Je l'ai remercié et l’ai quitté. Je me suis dirigé vers la porte et j'ai jeté un coup d'œil à l'horloge qui indiquait exactement 2h15. Ainsi, l’entretien avait duré cinq fois de plus que ce qui avait été proposé par le Département des Affaires extérieures du Bureau de l'Assemblée Nationale.
Quelques jours plus tard, j'ai eu l'honneur de faire partie de la délération accompagnant le président de l'Assemblée nationale, Nguyen Phu Trong, lors de sa visite officielle en Australie.
Les activités dans le cadre de sa visite se sont déroulées en continu, de la côte ouest à la côte est de l'Australie. C'est pourquoi, à la fin de la visite, j'ai oublié de « me préparer » à répondre à une autre question de sa part.
Alors que l'avion se préparait à décoller pour poursuivre sa prochaine visite au Japon, tout le monde venait de terminer le dîner et dormait. J'ai été surpris quand il est descendu de business classe et s'est immédiatement assis sur le siège à côté de moi, m'a tenu la main et m'a demandé cordialement : « Comment voyez-vous les résultats de cette visite en Australie ? Parlez franchement. Est-ce que ce.sera efficace? ».
Je lui ai répondu avec enthousiasme : « C'est génial. Je voudrais simplement souligner le point le plus remarquable : le mémorandum de coopération signé à cette occasion entre les organes législatifs des deux pays qui est le premier mémorandum de coopération que l’organe législatif australien signe avec un partenaire étranger ». Il hocha légèrement la tête, sourit gentiment et me serra à nouveau la main très fort.
Plus de 16 années ont passé, je n'oublietai jamais ce souvenir spécial avec Nguyen Phu Trong, un leader consciencieux, visionnaire et toujours dévoué au pays et au peuple
Au cours des années suivantes, les relations entre le Vietnam et l’Australie ont continuellement atteint de nouveaux sommets. Ils ont établi leur partenariat intégral en 2009, leur partenariat intégral renforcé en 2015, leur partenariat stratégique en 2018 et leur partenariat stratégique intégral en mars 2024.
Les domaines de coopération que Nguyên Phu Trong a abordés depuis 2008 sont également devenus aujourd’hui des domaines importants de coopération entre les deux pays.
Il est tout simplement dommage que plus tard, pour diverses raisons, il n'ait pas eu l'occasion de se rendre à nouveau en Australie pour constater les réalisations exceptionnelles obtenues dans les relations bilatérales, même si le gouvernement australien l’a invité à effectuer une visite officielle en Australie, plus récemment à l'occasion du Premier ministre australien au Vietnam en juin 2023.
Le souvenir avec lui est une motivation pour moi de m'efforcer de devenir ambassadeur du Vietnam en Australie à partir de février de cette année.
Par un après-midi froid à Canberra en Australie, avec une tristesse infinie, je voudrais partager quelques lignes avec les lecteurs. Ceci est également considéré comme une offrande d'encens respectueuse à l'âme du secrétaire général Nguyen Phu Trong.