Dans ses contributions aux Documents du XIVe Congrès national du Parti, le professeur associé, docteur Trinh Van Tung recommande d’accentuer l’attention sur les « goulets d’étranglement » institutionnels, d’améliorer la qualité du personnel, de promouvoir l’innovation, de développer l’économie privée et de renforcer la décentralisation, en considérant la satisfaction de la population comme l’indicateur essentiel du pouvoir.
Orientations et solutions prioritaires pour la nouvelle période
Selon le professeur associé, docteur Trinh Van Tung (Institut de leadership et d’administration publique, Académie nationale de Politique Ho Chi Minh), le projet de Rapport politique a été élaboré dans un contexte international en mutation rapide et marqué par de nombreuses incertitudes, alors que le Vietnam a tout de même atteint un nouveau palier en termes de position, de potentiel et de prestige international après quarante ans de renouveau.
Il souligne que le document fixe clairement l’objectif de faire du Vietnam, d’ici 2030, un pays en développement doté d’une industrie moderne et à revenu intermédiaire supérieur, et d’ici 2045, un pays développé à revenu élevé.
Le Rapport politique relève plusieurs avancées majeures : une croissance économique élevée, avec une moyenne de 6,3 % par an sur la période 2021-2025 ; un PIB par habitant estimé à environ 5 000 USD en 2025 ; une stabilité macroéconomique et des grands équilibres assurés.
Les trois percées stratégiques ont posé de nouvelles bases, notamment grâce au développement des infrastructures de transport et du numérique ; l’édification du Parti a enregistré des résultats notables avec un appareil institutionnel plus compact et plus efficace ; la lutte contre la corruption a été renforcée, « sans zone interdite » ; la culture et la société ont connu des progrès visibles : l’indice de développement humain (IDH) a progressé de 14 places pour atteindre 0,766 ; le taux de pauvreté multidimensionnelle est tombé à 1,3 %.
Bien que le projet de rapport soit relativement complet, le professeur associé, docteur Trinh Van Tung estime qu’il convient de mettre davantage l’accent sur les points suivants : « Le renouveau institutionnel reste lent, avec de nombreuses lois et mécanismes qui se chevauchent et freinent le développement. La croissance demeure inférieure au potentiel, la productivité et la compétitivité restent limitées. Une partie du personnel montre des signes de dégradation, d’évitement des responsabilités, d’inaction, de “pensée à courte vue ”, de “groupes d’intérêts”, tandis que le risque de corruption dans l’élaboration des politiques devient plus manifeste. »
Par ailleurs, le document réaffirme la transition vers un modèle de croissance fondé sur les sciences et technologies, l’innovation et la transformation numérique, ainsi que le développement de l’économie privée comme moteur essentiel. L’objectif est une croissance du PIB supérieure à 10 % par an et un revenu par habitant de 8 500 USD d’ici 2030. Selon le professeur associé, docteur Tung, réaliser ces objectifs nécessite une percée institutionnelle forte et une suppression résolue des « goulots d’étranglement » pour mobiliser pleinement les ressources.
En matière d’édification du Parti et de travail du personnel, il recommande de développer une équipe de cadres stratégiques, d’appliquer rigoureusement le principe « entrée-sortie », « montée-descente », de protéger les cadres audacieux et innovants, tout en renforçant la décentralisation selon le principe : « la localité décide - la localité exécute - la localité assume ».
Le professeur associé, docteur Tung propose également d’enrichir la devise par : « Le peuple sait, le peuple discute, le peuple participe à la décision, le peuple agit, le peuple contrôle, le peuple supervise, le peuple bénéficie », en considérant la satisfaction de la population comme un indicateur déterminant.
Percée institutionnelle
Le programme d’action prévoit une révision d’un grand nombre de lois durant la période 2025-2026. Le professeur associé, docteur Trinh Van Tung suggère de prioriser absolument les lois constituant des «goulots d’étranglement» comme la Loi foncière ou la Loi sur l’investissement public, afin d’éviter les retards et de garantir une base juridique aux nouveaux modèles économiques (IA, actifs numériques, économie circulaire…).
« Il est nécessaire de mettre en place une stratégie pour former de grands groupes privés leaders, tout en assurant l’égalité d’accès au capital, au foncier et aux incitations à l’investissement », insiste-t-il.
Pour appliquer les modèles « direction publique – gestion privée » ou « investissement public – exploitation privée », un cadre juridique transparent s’impose, avec un partage clair des bénéfices et des risques, notamment pour les grands projets d’infrastructures (ligne ferroviaire à grande vitesse, énergie nucléaire…).
Il recommande en outre l’établissement d’un système d’évaluation des compétences numériques, public, transparent, démocratique et objectif, fondé sur les résultats et les indices de confiance, afin de prévenir les risques de manipulation des données.
Parallèlement, il préconise d’instaurer un programme national d’éducation à l’intégrité, de renforcer la supervision proactive dès le niveau des cellules de base pour prévenir les violations « à un stade précoce et à distance ». Il propose également d’élargir la démocratie à la base, d’accroître la responsabilité de rendre compte des organismes publics, et d’investir dans certaines universités afin d’en faire des centres régionaux de technologie et d’innovation, avec des mécanismes spécifiques pour attirer les talents et favoriser le développement des sciences fondamentales ainsi que des sciences sociales et humaines, en complément des technologies clés.
M.Trinh Van Tung estime que le projet de documents du XIVe Congrès national du Parti a identifié de manière complète les acquis, exposé clairement les limites et défini les orientations stratégiques. Pour atteindre l’objectif d’une croissance annuelle du PIB de 10 % et devenir un pays développé, il juge indispensable de mener une percée institutionnelle résolue, de contrôler le pouvoir, de prévenir la corruption dans l’élaboration des politiques et de valoriser pleinement le rôle central du peuple.