Vietnam : cap sur des soins hospitaliers gratuits pour tous

La mise en œuvre de la gratuité des soins de base pour tous facilitera l’accès des citoyens aux services de consultation et de traitement médicaux.

Vietnam : cap sur des soins hospitaliers gratuits pour tous

Le 9 septembre 2025, le Politburo du Parti a publié la résolution N°72 sur plusieurs solutions novatrices pour protéger, soigner et améliorer la santé publique. Cette initiative pave la voie à une assurance maladie universelle, avec dépistages annuels gratuits et hospitalisation de base sans frais pour tous, protégeant les ménages vulnérables contre l’appauvrissement sanitaire.

Selon le vice-ministre permanent de la Santé, Vu Manh Hà, le Vietnam a réalisé des progrès significatifs dans le domaine sanitaire. En 2024, le taux de couverture de l’assurance maladie a atteint 94,29% de la population. Parallèlement, le réseau de soins médicaux s’étend jusqu’au niveau communal, avec une amélioration notable des compétences médicales à tous les niveaux. La liste des médicaments, techniques et équipements pris en charge par l’assurance maladie s’élargit constamment, offrant de meilleurs avantages aux patients assurés.

Malgré ces succès, des défis majeurs persistent. Les dépenses directes des patients, qui représentent encore plus de 40% des coûts des soins, demeurent élevées selon les standards de l’Organisation mondiale de la santé. Cette situation engendre un risque important d’appauvrissement des ménages, surtout parmi les populations vulnérables, les malades chroniques ou ceux nécessitant un traitement prolongé. Face à cette réalité, la mise en place d’une politique d’exonération progressive des soins hospitaliers devient une urgence sociale et humanitaire.

“Par conséquent, la politique visant à instaurer progressivement la gratuité des soins constitue une exigence à la fois objective et urgente, reflétant la qualité du système de politique sociale vietnamien tout en garantissant le droit fondamental de la population à bénéficier de soins de santé”, souligne-t-il.

La mise en œuvre de la gratuité des soins de base pour tous facilitera l’accès des citoyens aux services de consultation et de traitement médicaux. Photo : VNA/CVN.

Cette politique de gratuité ne se limite pas à un simple allègement financier. Elle revêt une forte dimension sociale, en garantissant à tous un accès équitable aux soins de santé et en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte. L’absence de barrières financières améliore la qualité des soins : elle permet aux patients d’être pris en charge plus rapidement et efficacement, tout en réduisant les risques que certains retardent ou abandonnent leur traitement pour des raisons économiques.

De nombreux pays appliquent déjà des systèmes similaires avec succès, où la gratuité ou la prise en charge universelle des soins a permis de réduire la pauvreté liée à la santé et de mieux contrôler les maladies. Le Vietnam s’inspire donc de ces expériences afin d’adapter un modèle conforme à ses réalités socio-économiques et à son système de santé national.

Cette politique s’appuie surtout sur l’assurance maladie, combinée au soutien du budget de l’État. Le financement reposera sur la prise en charge des soins essentiels par la caisse d’assurance maladie et par l’État, minimisant ainsi la charge des patients, en particulier ceux issus de milieux défavorisés. En parallèle, pour les soins à la carte et au-delà du niveau de base, une participation financière sera maintenue, afin d’encourager une utilisation raisonnable des services et de maîtriser les coûts.

Selon la directrice du Département de l’assurance maladie, Trân Thi Trang, les dépenses actuelles restent élevées, avec environ 40% de frais à la charge des citoyens, soit 24.800 milliards de dôngs non remboursés annuellement.

Les cotisations d’assurance maladie restent faibles, à 4,5% du salaire ou de la base de calcul. L’objectif est donc d’élargir la couverture à tous les assurés et de réduire progressivement, voire de supprimer, le reste à charge.

Le projet prévoit l’établissement d’un ”panier” de soins de base, incluant maladies, médicaments, services et équipements, priorisant les affections les plus urgentes. Ce cadre évoluera en fonction des possibilités budgétaires, des besoins professionnels et de la mobilisation des acteurs sociaux. Un plafond sera fixé pour les tarifs des consultations et traitements.

Cette mise en œuvre commencera dans les établissements publics et privés de soins de base, selon une feuille de route adaptable aux évolutions socio-économiques et à la capacité financière du Fonds d’assurance maladie.

Le financement sera triple : assurance maladie, fonds de prévention et ressources sociales. Les contributions à l’assurance maladie augmenteront selon le plan 2027-2030, l’État soutenant les populations prioritaires. Des financements complémentaires proviendront des taxes sur les produits nocifs pour la santé tels que la cigarette et l’alcool, ainsi que sur les assurances complémentaires ou commerciales et les programmes d’aide aux patients.

À partir de 2026, la gratuité englobera la réalisation annuelle de bilans de santé ou de dépistages gratuits pour des groupes prioritaires. Photo : VNA/CVN.

Selon cette proposition, à partir de 2026, la gratuité englobera la réalisation annuelle de bilans de santé ou de dépistages gratuits pour des groupes prioritaires. Les personnes âgées de plus de 75 ans relevant de revenus modestes bénéficieront d’une prise en charge totale des examens et traitements.

Les taux de remboursement des médicaments, du matériel médical et des services techniques seront augmentés.

Par ailleurs, les cotisations d’assurance maladie passeront à environ 5,1% à partir de 2027, l’État prenant en charge une partie des cotisations pour les groupes sociaux prioritaires.

Entre 2028 et 2030, le but est d’abaisser à moins de 30% la part des frais supportés par les patients, d’étendre la couverture à plus de 95% de la population et de diversifier les offres d’assurance maladie, avec un taux de cotisation porté à 5,4% d’ici 2030.

Au-delà de 2030, la gratuité hospitalière sera généralisée, le dépistage étendu, et la cotisation d’assurance maladie portée à 6% pour consolider durablement ce système de santé universel et solidaire.

Ce projet traduit une profonde ambition humaine : aucun citoyen ne doit renoncer à se soigner faute de moyens. La politique de gratuité hospitalière, combinée à une assurance maladie universelle et soutenue par l’État et la société, incarne la solidarité nationale. Elle vise à protéger les plus vulnérables et à faire du système de santé une priorité sociale majeure, en améliorant concrètement la qualité de vie de tous les Vietnamiens.

CVN/NDEL
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