Un rôle proactif
Selon le Dr. Tran Hai Linh, Membre du Comité Central du Front de la Patrie Vietnamienne, Président de l’Association des entrepreneurs et investisseurs Vietnam-République de Corée (VKBIA), Président fondateur de l’Association des experts et intellectuels Vietnam-République de Corée (VKEIA), l’ouverture à la signature de la Convention des Nations Unies contre la cybercriminalité, également appelée Convention de Hanoi, avec pour thème « Lutter contre la cybercriminalité – Partager les responsabilités – Vers l’avenir », au Vietnam fin octobre 2025, revêt une grande importance stratégique sur les plans juridique, diplomatique et de la sécurité nationale.
Le Dr. Tran Hai Linh affirme que c'est la première fois qu'une convention internationale majeure sur la prévention et la lutte contre la cybercriminalité et la coopération judiciaire électronique transfrontalière porte le nom de la capitale, Hanoi, le centre politique et diplomatique du Vietnam. Cet événement témoigne également de la confiance et de la reconnaissance de la communauté internationale envers le rôle actif et proactif du pays en forme de S dans la promotion d'un cyberespace sûr, transparent et responsable. Le Vietnam n'est pas seulement un pays bénéficiaire, mais aussi un contributeur d'intelligence, de voix et d'initiatives dans le processus international de la cybersécurité.
Le Président de la VKBIA souligne que la Convention de Hanoi ouvre une opportunité pour le Vietnam de renforcer la coopération juridique internationale dans le traitement de la cybercriminalité, la protection des données personnelles et la réponse aux défis transfrontaliers dans le cyberespace.
Elle constituera un socle permettant au Vietnam d'améliorer ses capacités d'enquête, de poursuite et de jugement, tout en créant un corridor juridique solide pour attirer les investissements numériques et consolider la confiance des partenaires internationaux. Le fait que la Convention porte le nom de « Hanoi » est aussi un symbole d'intégration et de responsabilité mondiale, montrant que le Vietnam passe progressivement du statut de « participant » à celui de « définisseur des règles du jeu » dans les affaires mondiales.
Évaluant le rôle de leader du Vietnam dans le processus de négociation, le Dr. Tran Hai Linh considère cela comme un fait marquant soulignant l’assurance diplomatique et le prestige international croissant du Vietnam. Dans un contexte mondial où subsistent de nombreuses divergences sur l'approche de la cybersécurité, de la souveraineté numérique et de la confidentialité des données, le Vietnam a joué un rôle de « pont de dialogue » entre des groupes de nations ayant des systèmes juridiques et des intérêts différents. La souplesse et l'habileté de sa diplomatie, associées au principe de respect du droit international et des intérêts légitimes de toutes les parties, ont permis au Vietnam de concilier les points de vue, contribuant à mener le processus de négociation à un consensus rare.
En particulier, le fait que le Vietnam ait assumé le rôle de pays hôte et de coprésident de nombreuses sessions de négociation clés témoigne de sa capacité à « mener par la confiance », une forme de soft power caractéristique de la diplomatie multilatérale moderne. Nous avons démontré qu’au lieu d’imposer ou de confronter, le dialogue et la coopération sont la voie durable pour construire un ordre numérique sûr et équitable pour tous.
Répondant à la question sur la capacité à équilibrer les intérêts des grandes puissances, le Dr. Linh indique que dans un contexte de concurrence géopolitique de plus en plus intense, le Vietnam a fait preuve d'indépendance, d'autonomie et de multilatéralisme flexible. Le Vietnam ne prend parti pour personne mais met l'accent sur l'intérêt commun de la communauté internationale : un cyberespace sûr, fiable et au service de l'être humain. Tout au long des négociations, le Vietnam a également joué un rôle de médiateur, conciliant les divergences entre pays développés et en développement, ainsi qu'entre blocs ayant des approches différentes en matière de confidentialité et de souveraineté numérique.
En particulier, selon lui, le Vietnam a appliqué avec habileté la « diplomatie du bambou » – racines solides, tronc souple, branches qui s'étendent loin – pour à la fois protéger les intérêts nationaux et contribuer à l'intérêt commun. Ce faisant, le Vietnam a démontré sa capacité à « être ami avec tous, ne confronter personne », tout en promouvant la coopération basée sur le droit international, l'égalité et l'avantage mutuel. C'est cet équilibre et ce prestige qui ont permis au Vietnam de devenir un centre de connexion de confiance, où les nations peuvent dialoguer et trouver un terrain d'entente dans un domaine aussi sensible que la cybersécurité.
Commentant l'impact de la Convention de Hanoi, le Dr. Tran Hai Linh souligne que cet instrument n'est pas seulement un nouveau cadre juridique dans le domaine de la cybersécurité, mais aussi un symbole de l'esprit de coopération, de confiance et de responsabilité mondiale à l'ère numérique. La Convention aidera à établir une base de coopération juridique uniforme, permettant aux nations de partager des informations, de soutenir les enquêtes, l'extradition et de traiter plus efficacement la cybercriminalité, tout en garantissant les droits de l'homme, le droit à la vie privée et la souveraineté numérique de chaque pays.
L'expert estime que le processus de négociation et de consensus autour de la Convention de Hanoi apporte également une précieuse leçon pour d'autres initiatives multilatérales : seuls le dialogue égal, le respect mutuel et la focalisation sur l'intérêt commun créent une unité substantielle. Le Vietnam, bien qu'étant un pays en développement, peut jouer un rôle de « bâtisseur de consensus », connectant les voix des grandes puissances et des plus petites nations. C'est pourquoi la Convention de Hanoi ne contribue pas seulement à renforcer la cybersécurité mondiale, mais ouvre aussi un nouveau modèle de coopération internationale, flexible, pragmatique et orienté vers le développement durable.

Feuille de route vers l'avenir
De plus, pour maintenir un rôle proactif et accroître son influence dans la promotion de la mise en œuvre de la Convention de Hanoi ainsi que des mécanismes de coopération internationale en matière de cybersécurité, le Vietnam devrait continuer à déployer de manière synchronisée la politique étrangère, les capacités nationales et les liens multilatéraux et multisectoriels. Par conséquent, le Dr. Tran Hai Linh propose plusieurs étapes spécifiques :
Passer de la signature à la mise en œuvre concrète : il est nécessaire d’élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre de la Convention au niveau national, y compris le cadre juridique, les directives techniques, les normes de coordination intersectorielle ; publier des textes d'orientation afin que les agences, les localités, les entreprises et les organisations professionnelles connaissent clairement leurs responsabilités et les procédures de coordination transfrontalière en cas d'incident.
Renforcer ensuite les capacités d'exécution : il faut améliorer les capacités des forces d'enquête, des tribunaux et des procureurs en matière de cybercriminalité (formation spécialisée, programmes d'exercices conjoints avec des partenaires internationaux). Développer et financer des équipes d'intervention en cas d'incident cybernétique (CERT) au niveau central et local ; organiser des exercices intersectoriels et internationaux annuels.
Intensifier l'amélioration des lois et des normes techniques : finaliser les lois et les textes d'orientation connexes (protection des données personnelles, cybersécurité, coopération judiciaire électronique) pour qu'ils soient compatibles avec les engagements de la Convention, tout en garantissant le respect des droits de l'homme. Promouvoir les normes techniques et les cadres de partage d'informations sur la cybersécurité entre les parties, conformément aux principes de confidentialité et de conformité légale.
La Convention des Nations unies contre la cybercriminalité, ou Convention de Hanoi, avec pour thème « Lutter contre la cybercriminalité – Partager les responsabilités – Vers l’avenir », ouverte à la signature au Vietnam fin octobre 2025, est porteuse de nombreuses significations stratégiques, tant sur les plans juridique et diplomatique que de la sécurité nationale.
Promouvoir la coopération public-privé et multipartite : Encourager le modèle PPP (public–privé), où l'État se coordonne avec les entreprises technologiques, les banques, les télécommunications pour établir une plateforme de partage d'alertes précoces. Créer un forum périodique entre le gouvernement, les entreprises, le monde universitaire et la société civile pour mettre à jour les risques et coordonner les réponses.
Établir un Centre d'expertise/Centre d'excellence, en mettant en place un hub régional à Hanoi (ou en connectant Hanoi–République de Corée) spécialisé dans la formation, la recherche et la coopération technique en cybersécurité, servant de point focal pour la diplomatie numérique du Vietnam.
Mettre en œuvre des programmes de coopération technique bilatérale et régionale : élargir les programmes de formation et d'échange d'experts avec des partenaires avancés (République de Corée, Union européenne, Japon, États-Unis d’Amérique) et être actif dans le cadre ASEAN+ pour partager les leçons et les normes.
Soutenir les PME et les infrastructures critiques en fournissant des forfaits de soutien technique et de formation aux petites et moyennes entreprises, un groupe vulnérable mais essentiel pour la chaîne d'approvisionnement ; accorder la priorité à la protection des infrastructures critiques (santé, énergie, finance) par des modèles d'évaluation des risques communs et un parrainage financier pour les mises à niveau de sécurité.
Transparence, surveillance et rapport, en élaborant des indicateurs/cadres pour évaluer les progrès de la mise en œuvre de la Convention : nombre de cas de coordination internationale, temps de réponse, capacité des CERT, taux de cas traités… Publier des rapports périodiques pour accroître la confiance internationale.
Maintenir l'esprit multilatéral et l'équilibre des intérêts : continuer à jouer un rôle d'intermédiaire pour bâtir le consensus, maintenir une position de respect du droit international, des droits de l'homme et de l'intérêt commun, afin que la Convention soit appliquée concrètement et ne soit pas instrumentalisée au profit d'intérêts géopolitiques.
Communication stratégique et diplomatie constructive ; utiliser la diplomatie technique (technical diplomacy) : organiser des conférences et des ateliers internationaux au Vietnam, inviter des experts et des partenaires, et annoncer des initiatives de coopération claires pour maintenir le rythme de l'influence après la signature de la Convention.
En résumé, le Vietnam doit passer rapidement de la phase de négociation à la mise en œuvre concrète, en finalisant le cadre juridique, en améliorant les capacités d'enquête et de réponse aux incidents, tout en promouvant la coopération public-privé et multilatérale. L'établissement de centres d'expertise, de programmes de formation internationaux et d'exercices inter-États aidera le Vietnam non seulement à se conformer, mais aussi à mener la mise en œuvre de la Convention. Grâce à la transparence du processus et des indicateurs d'évaluation, le Vietnam maintiendra son rôle proactif, contribuant à construire un cyberespace sûr et fiable pour la région et le monde.