Vietnam : un hub stratégique face à la vague tarifaire américaine

Sous l’effet des nouvelles surtaxes américaines, les chaînes de production mondiales se réorganisent. Le Vietnam, malgré une taxation accrue, s’impose comme un maillon clé grâce à ses accords commerciaux, ses coûts compétitifs et sa stabilité.

Le Vietnam est devenu le « quartier général » de nombreuses multinationales. Photo : Duc Thanh.
Le Vietnam est devenu le « quartier général » de nombreuses multinationales. Photo : Duc Thanh.

Le Vietnam reste une destination attractive

L’entrée en vigueur, le 7 août 2025, des surtaxes américaines sur les importations en provenance de plus de 70 pays rebat les cartes du commerce international.

Comme en 2018, lors de la première vague de la guerre commerciale sino-américaine, la production mondiale se déplace. Cette fois-ci, l’onde de choc est plus large et, de nouveau, le Vietnam s’impose comme un point d’ancrage stratégique.

Bien que le Vietnam soit soumis à un droit supplémentaire de 20 % sur certaines exportations vers les États-Unis, le pays conserve un fort pouvoir d’attraction pour les industriels cherchant à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement.

Ses accords commerciaux — CPTPP, RCEP, traités bilatéraux avec l’UE et le Royaume-Uni — lui ouvrent un accès privilégié aux grands marchés.

Depuis 2018, l’écosystème manufacturier s’est considérablement étoffé : électronique, textile, ameublement, composants pour semi-conducteurs et véhicules électriques.

Les coûts salariaux restent inférieurs à ceux de la Chine, de la Thaïlande ou de la Malaisie, tandis que les infrastructures portuaires, routières et industrielles continuent de se développer.

Les incitations fiscales et la simplification administrative renforcent encore la compétitivité du pays.

Face à la concurrence régionale — Indonésie, Malaisie, Pakistan, République de Corée, Japon —, Hanoï offre un équilibre rare : taille de marché, coûts compétitifs, accès commercial et stabilité politique.

Même avec une surtaxe de 20 %, ses coûts totaux demeurent inférieurs à ceux de nombreux concurrents.

Des stratégies pour l’avenir

La réaction des multinationales est tangible : les géants de l’électronique étendent leurs sites à Bac Ninh et Hai Phong, tandis que le textile et l’ameublement prospectent au Centre et au Sud.

Les cabinets de conseil en supply chain enregistrent une forte hausse des demandes des acheteurs américains et européens, soucieux de se prémunir contre le risque tarifaire.

L’ambition vietnamienne dépasse cependant l’industrie manufacturière. En juin 2025, l’Assemblée nationale a validé la création de deux centres financiers internationaux, à Ho Chi Minh-Ville et Da Nang, dotés d’un cadre réglementaire spécifique et d’infrastructures dédiées pour capter les flux de capitaux mondiaux.

Objectif : positionner le Vietnam comme un hub financier régional et stimuler son marché des capitaux.

Le gouvernement vietnamien y voit une étape stratégique pour attirer les institutions financières internationales, développer le marché des capitaux domestique et renforcer les liens avec les flux d’investissements mondiaux.

Porté par une croissance rapide, un marché boursier en plein essor et une position géographique stratégique en Asie du Sud-Est, le Vietnam pose les bases pour devenir non seulement une puissance manufacturière, mais aussi une porte d’entrée financière de la région.

Si des défis subsistent — pénurie de main-d’œuvre, pression énergétique, goulets d’étranglement institutionnels —, la capacité d’adaptation et la résilience du pays se confirment.

Avec une vision stratégique, des réformes structurelles et une capacité industrielle en expansion, le Vietnam se place en acteur incontournable dans la recomposition des chaînes de valeur mondiales.

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