Rétrospection pour s’orienter vers l’avenir et bâtir le futur de la communauté francophone, telle était la thématique de la table ronde télévisée organisée par Le Courrier du Vietnam, le seul journal en langue française du Vietnam.
L’ambassadeur du Canada au Vietnam et président du Groupe des ambassades, délégations et institutions francophones (GADIF) au Vietnam, Shawn Steil ; le spécialiste des programmes en charge de la coopération de la Représentation Asie-Pacifique de l’Organisation internationale de la Francophonie (REPAP-OIF), Kaloyan Kolev ; l’attaché en charge de la francophonie et de la coopération éducative de l’ambassade de France au Vietnam, Arnaud Pannier ; la directrice adjointe du Département des organisations internationales du ministère vietnamien des Affaires étrangères, aussi correspondante nationale du Vietnam auprès de l’OIF, Nguyên Thi Vân Anh ; et l’ancienne responsable du Courrier du Vietnam, Hoàng Lan Huong, se sont réunis et ont partagé leurs points de vue intéressants à cet événement important.
Il y a 25 ans, en novembre 1997, le VIIe Sommet de la Francophonie s’est déroulé à Hanoï, avec la participation de ses pays membres et observateurs venus de tous les continents du monde. C’était le plus grand événement multilatéral organisé par le Vietnam, et aussi la première et seule fois qu’un sommet de la Francophonie se tenait en Asie-Pacifique.
Pour la francophonie, le Sommet de Hanoï de 1997 a marqué une importante réforme institutionnelle. Elle s’est dotée depuis d’un secrétaire général, clé de voûte de ses instances.
La VIIe Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage s’est déroulée du 14 au 16 novembre 1997 à Hanoï, au Vietnam. Photo : Archives/VNA/CVN.
Premier et unique sommet en Asie-Pacifique
“Le Sommet de Hanoï a constitué un tournant significatif tant pour le Vietnam que pour la francophonie”, a affirmé Mme Vân Anh, en insistant sur le fait que ledit sommet “a marqué un jalon important de notre politique étrangère en général et de notre diplomatie multilatérale en particulier”. Une occasion “sans précédent” de “s’ouvrir au monde” et de présenter à la communauté internationale “les progrès de notre Renouveau”, a ajouté la représentante du ministère des Affaires étrangères.
Sur la scène politique, le VIIe Sommet de la Francophonie tenu à Hanoï en 1997 “a fait part de notre politique étrangère de multilatéralisation et de diversification, et notre politique d’intégration, a montré notre volonté, notre capacité à participer aux efforts communs de la communauté internationale en ce qui concerne le développement de l’espace francophone dans le monde”, a conclu la diplomate, avant d’insister sur “ses belles valeurs culturelles” véhiculées par la langue de Molière.
Kaloyan Kolev a souligné le “tournant majeur” du Sommet de Hanoï dans le “développement institutionnel de l’OIF”. En effet, pour la première fois, la coopération économique “a été prise en compte” et le premier secrétaire général de la Francophonie, Boutros Boutros-Ghali, a été élu.
Ce premier et unique sommet tenu en Asie-Pacifique jusqu’à présent témoigne aussi de “l’universalité du concept de la francophonie”, a remarqué Arnaud Pannier. Le représentant de l’ambassade de France l’a considéré comme “une ambition assumée” qui est une prise de conscience d’une “communauté de valeur à l’échelle mondiale” et un “poids politique possible”.
L’économie francophone et la langue française
La coopération économique a été au centre des discussions de la deuxième partie de la table ronde. M. Kolev a considéré que la première Mission économique de la Francophonie (MECA) à Hô Chi Minh-Ville, à Hanoï et à Phnom Penh, est un bel exemple d’une francophonie économique “en marche”, une initiative qui a débuté depuis le VIIe Sommet et qui continue, 25 ans plus tard, à “se développer” pour mieux répondre aux “besoins de développement des États francophones et des populations”, a précisé le représentant de l’OIF.
Selon lui, la langue française est utilisée comme “vecteur d’échanges commerciaux et de développement économique” qui sert à “intensifier les échanges au sein de l’espace francophone, développer l’insertion professionnelle par l’entreprenariat, le numérique et l’innovation”.
L’enseignement en français constitue un facteur clé pour l’avenir de la francophonie, notamment pour un pays à la population jeune comme le Vietnam.
Partageant cette idée, Arnaud Pannier, en tant qu’attaché de coopération éducative, a bien mentionné la stratégie de l’ambassade de France au Vietnam, en vue de conforter la présence de la langue de Molière dans le système d’éducation du Vietnam qui évolue vers un “multilinguisme”. Les plans d’action envisagent d’“offrir de nouveaux espaces de coopération” entre la France et le Vietnam, axés vers “l’emploi et la mobilité académique”, toujours selon l’intervenant français. Cette stratégie de promotion du français s’avère totale, allant des cours élémentaires au cycle universitaire.
Stand de produits vietnamiens exposés en marge de la première Mission économique et commerciale de la Francophonie (MECA) tenue en mars 2022 à Hô Chi Minh-Ville. Photo : My Phuong/VNA/CVN.
S’agissant du volet culturel, le président du GADIF au Vietnam, Shawn Steil, a affirmé sa participation active dans la promotion de la “diversité culturelle” au sein de la communauté francophone au Vietnam. Issu d’un pays bilingue qu’est le Canada, le diplomate a promis d’“apporter son expérience” au Vietnam. La pandémie de COVID-19 a freiné les activités du GADIF mais “l’année 2023 sera prometteuse” car le plan d’action veut “que la francophonie au Vietnam soit encore plus présente”, a conclu M. Steil.
La représentante du ministère vietnamien des Affaires étrangères a bien profité de la table ronde pour confirmer la participation enthousiaste du pays hôte du VIIe Sommet pour le développement de la francophonie dans la région Asie-Pacifique. Beaucoup d’événements francophones se sont déroulés avec succès au Vietnam. La diplomate a mis l’accent sur le fait que le pays travaillera “de concert” avec d’autres acteurs francophones sur les quatre volets essentiels de la Francophonie, à savoir : la promotion de la langue française ; la coopération économique ; la coopération éducative, culturelle et numérique ; et dernièrement la promotion de la paix et de la sécurité dans l’espace francophone, dans le monde.
Il est important de signaler le rôle important du Courrier du Vietnam, le seul journal rédigé en langue française au Vietnam, relevant de l’Agence Vietnamienne d’Information. Il a activement participé à la couverture du VIIe Sommet à Hanoï en 1997, et est désormais devenu une passerelle importante reliant la communauté francophone du Vietnam au reste du monde. La table ronde a été une belle occasion pour Hoàng Lan Huong de rappeler les “moments inoubliables” de l’équipe de rédaction du Courrier du Vietnam, une équipe pleine d’enthousiasme et de ferveur ayant une passion pour le métier journalistique et cette passion en a fait le messager de la francophonie au Vietnam.
Retraçant un parcours de 25 ans empli de grandes mutations de la Francophonie depuis la tenue de son VIIe Sommet de Hanoï, la table ronde a fait part des attentes des francophones et francophiles au Vietnam et aussi dans le monde vers une restructuration, une nouvelle physionomie plus active, plus énergique de notre communauté grâce aux efforts de tous les pays membres, car notre objectif commun demeure toujours : le rayonnement de la Francophonie dans le monde.