L’application AI Hay s’est classée deuxième en termes de satisfaction des utilisateurs, juste derrière ChatGPT.
Decision Lab vient de publier son rapport marché de l’IA au Vietnam 2025, fondé sur une enquête en ligne menée à l’échelle nationale du 20 au 28 juillet 2025, auprès de 600 utilisateurs âgés de 18 ans et plus, répartis équitablement selon l’âge, le revenu et la zone de résidence (urbaine ou rurale).
Le rapport révèle que le Vietnam est un marché particulièrement ouvert à l’IA : 78 % des interrogés ont utilisé au moins une plateforme d’IA au cours des trois derniers mois, et 33 % interagissent avec l’IA quotidiennement. Fait notable, 55 % des utilisateurs paient pour ces services.
En moyenne, chaque personne recourt à deux plateformes d’IA. ChatGPT est la plus populaire avec 81 % d’utilisateurs, suivie de Gemini (51 %) et de Meta AI (36 %).
AI Hay, développé au Vietnam, se classe 6ᵉ sur 11 plateformes les plus répandues, avec 9 %, au même niveau que Grok. Pour sa part, Kiki, une autre solution vietnamienne, occupe la 9ᵉ place avec 3 %.
En matière de satisfaction, AI Hay impressionne avec 47 %, se hissant à la deuxième place derrière ChatGPT (51 %) et devant Gemini (36 %). Des plateformes renommées comme Meta AI, Copilot ou DeepSeek obtiennent moins de 30 %.

Concernant l'utilisation de l'IA par les Vietnamiens, l'enquête montre que ChatGPT est considéré comme un « assistant polyvalent » pour la traduction, la recherche et le travail professionnel. Gemini et DeepSeek sont privilégiés pour l’acquisition de nouvelles compétences, tandis que Meta AI est plébiscité pour les conversations quotidiennes.
AI Hay, quant à lui, joue le rôle de « passerelle entre éducation et divertissement », étant souvent utilisé à la fois pour l’apprentissage et pour suivre les tendances en vogue.
Les Vietnamiens recourent à l’IA principalement pour cinq types de tâches : études et travail (apprentissage de nouvelles compétences, traduction, recherche approfondie) ; divertissement (conversations, entraînement à l’interaction) ; créativité (retouche photo/vidéo, production de contenu écrit, illustration d’idées) ; santé (recherche d’informations médicales ou de produits) ; vie quotidienne (aide à la planification, aux achats ou à la gestion des tâches ménagères).
La localisation, un atout clé pour les IA vietnamiennes
Selon Decision Lab, trois facteurs sont essentiels pour rendre l’IA plus accessible aux Vietnamiens : l’accessibilité, grâce à des fonctionnalités gratuites ou peu coûteuses ; la simplicité d’usage, avec des outils intuitifs, polyvalents et bien intégrés ; la précision, en fournissant des informations fiables.

Mais les experts soulignent que le nombre de fonctionnalités ne suffit pas.
« Les utilisateurs vietnamiens attachent une grande importance à la proximité culturelle, c’est-à-dire à la maîtrise du vietnamien, à la compréhension des nuances locales et à la création de contenus adaptés au contexte socio-culturel », indique le rapport.
Le vietnamien, classé parmi les low-resource languages (langues peu dotées en données numériques), constitue un avantage concurrentiel.
De nombreux chatbots prennent en charge cette langue, Meta AI, ChatGPT et Gemini, mais les corpus vietnamiens utilisés pour entraîner les grands modèles linguistiques représentent moins de 1 % des données.
Lors d’une réunion sur la construction d’un corpus vietnamien à venir, Tran Viet Hung, représentant du projet ViGen, a souligné que l’absence de données de haute qualité entraînait une compréhension artificielle encore peu naturelle du vietnamien, empêchant ainsi les Vietnamiens de tirer parti des atouts de l'IA.
Il a annoncé la publication, d’ici la fin de l’année, du plus vaste corpus de langue vietnamienne. Celui-ci couvrira les connaissances de la maternelle à l’université et permettra l’entraînement de modèles d’IA d’un niveau équivalent à celui d’un diplômé universitaire.

Cette tendance est également observée à l'échelle mondiale. En Chine, des IA telles que Baidu Ernie Bot et Alibaba Qwen sont principalement entraînées à partir de données en chinois, optimisées pour la recherche, le commerce électronique et les services publics, tout en gérant les concepts culturels et les idiomes, et en respectant les lois nationales.
En Inde, Sarvam AI vise à soutenir les langues utilisées dans le pays afin de populariser l'IA auprès de plus d'un milliard de personnes, notamment dans les zones rurales.
Toujours selon Decision Lab, les Vietnamiens utilisent l’IA surtout pour converser (40 %), mettre à jour leurs informations professionnelles (37 %), acquérir de nouvelles compétences (34 %) et traduire (33 %).
En revanche, pour les tâches domestiques comme la planification, les achats ou la gestion du foyer, le potentiel est encore sous-exploité, ce qui, selon les analystes, ouvre des opportunités pour des solutions personnalisées.
En juillet, l’AI Index Report publié par le réseau mondial indépendant de recherche marketing WIN a également classé le Vietnam parmi les pays les plus ouverts à l’IA sur 40 marchés étudiés, tout en notant un faible taux d’utilisation régulière. Sur 900 personnes interrogées, 60 % ont déjà testé une IA au moins une fois, mais seulement 3 % l’utilisent quotidiennement.