La contrée de Thu Cuc, située dans le district montagneux de Tân Son (province de Phu Tho), est la terre ancestrale des Muong, une des 53 ethnies minoritaires du Vietnam. Entourée par des chaînes de montagnes aux parois escarpées, cette contrée présente une beauté naturelle à la fois séduisante et mystérieuse qui change d’une saison à l’autre. Les villages Muong se caractérisent par une multitude de petites maisons sur pilotis adossées contre le versant des montagnes.
Paradis terrestre
Le chemin conduisant à la contrée de Thu Cuc se faufile sur les pentes abruptes de la montagne. Au sommet du chemin se présentent des forêts primitives aux grands arbres séculaires, tandis qu’en aval, s’étendent à perte de vue des champs de riz en terrasse. À ce tableau naturel magnifique viennent s’ajouter de nombreux ruisseaux qui serpentent à travers les monts avant de se jeter dans le cours d’eau.
En période de moisson, les rizières changent du vert au jaune, faisant penser à de gigantesques tapisseries dorées. Au printemps, la contrée de Thu Cuc s’embellit discrètement grâce aux fleurs sauvages multicolores qui s’épanouissent sur les pentes de montagne, aux abords du chemin amenant à la contrée, ainsi que sur les parcelles de terre du village. On y trouve notamment des pêchers, des bauhinis (hoa ban) blanches ou encore des azalées...
Le paysage le plus féérique est certainement celui de la rivière Bua. Celle-ci s’infiltre dans les montagnes et les forêts avant d’apparaître inopinément, et de s’écouler tranquillement à travers la contrée des Muong. Vu de loin, ce cours d’eau ressemble à une longue écharpe de soie, de couleur jade.
Légende locale
D’où vient donc l’appellation de Thu Cuc (chrysanthème d’automne) que porte cette contrée ? Il s’agit en effet du nom d’une jeune fille issue d’une légende folklorique locale transmise oralement de génération en génération chez les Muong.
Il était une fois, une contrée déserte et coincée au milieu de reliefs accidentés. Découvrant que le sol était fertile, nombre de Muong issus des villages de la province voisine de Hoa Binh (au Nord-Ouest) décidèrent de s’y installer. Ils y pratiquèrent la riziculture, la chasse aux gibiers et la cueillette de produits forestiers. Le niveau de vie des habitants se stabilisa et ils vécurent dans la prospérité.
Mais, contre toute attente, une importante sècheresse s’abattit dans la contrée et s’éternisa d’une année à l’autre. Les végétations flétrirent et furent détruites, les récoltes anéanties, les animaux et les habitants affamés… La misère et la mort s’imposèrent partout dans toute la contrée…
Face à cette sinistre situation, Thu Cuc - une jeune fille réputée pour sa beauté et son courage, ainsi que son amour pour sa terre natale - décida de partir à la quête de semences de riz dans les contrées montagnardes voisines. Loin d’être une sinécure, son voyage fût semé d’embûches, ce à quoi s’ajoutèrent intempéries, attaques d’animaux féroces, faim et soif…
Le temps passa et, un jour, les habitants Muong retrouvèrent son corps inanimé à la porte du village, avec en mains une botte d’épis de riz. Les grains de riz précieux furent d’emblée semés sur les champs couverts de crevasses. Ce jour-là, il plut toute la nuit et les rizières ressuscitèrent miraculeusement. La récolte abondante fit revivre la contrée des Muong. Les villageois reconnaissants érigèrent un temple dédié au culte de la jeune héroïne Thu Cuc qui fut désormais considérée comme le génie tutélaire de la contrée.
En se rendant dans la contrée de Thu Cuc, les visiteurs auront l’occasion de contempler des paysages naturels pittoresques uniques, ainsi que de goûter aux spécialités locales. On peut dire sans exagération que les plats “cô la” (festin des feuilles) et “xôi nêp gà gay” (riz gluant au poulet cuit à vapeur) mettent véritablement l’eau à la bouche.