En 2023, les exportations de riz du Vietnam devraient atteindre un niveau record de 8 millions de tonnes pour une valeur d’environ 4,5 milliards de dollars, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré.
Selon les dernières données de l’Association vietnamienne de l’alimentation (Vietnam Food Association – VFA), le prix du riz à l’exportation du Vietnam a plusieurs fois été le plus élevé au monde (650 dollars la tonne).
On s’attend à ce que les prix du riz sur le marché mondial ne baissent pas avant 2025 en raison du phénomène climatique El Niño qui menace la récolte. À cela s’ajoute le fait que certains grands pays producteurs et exportateurs de riz maintiennent toujours leurs interdictions sur les exportations de ce produit.
Passer de la « quantité » à la « qualité »
Depuis de nombreuses années, le Vietnam est l’un des principaux pays exportateurs de riz du monde. Actuellement, le pays compte environ 7,27 millions d’hectares de riziculture, d’un rendement moyen de 5,87 tonnes/ha. Rien que dans le delta du Mékong, la production moyenne s’élève à 6,28 tonnes/ha, alors que ce chiffre au niveau mondial a atteint 4,25 tonnes/ha.
Chaque année, le Vietnam exporte en moyenne plus de 6 millions de tonnes de riz. Rien qu’au cours des onze premiers mois de 2023, le Vietnam a exporté 7,8 millions de tonnes de riz, pour une valeur de 4,41 milliards de dollars.
Pour l'heure, le riz vietnamien est présent sur tous les marchés mondiaux, allant de l’Asie, l’Europe à l’Amérique et l’Afrique.
Selon l’Autorité des notifications sanitaires et phytosanitaires et point d’informations sanitaires et phytosanitaires du Vietnam (SPS Vietnam), le riz vietnamien est bien accueilli sur le marché européen, considéré comme le marché le plus exigeant au monde.
Ces derniers temps, cet organe n’a reçu aucune notification concernant les violations éventuelles sur la présence de résidus de médicaments vétérinaires et de pesticides. Cela a témoigné des efforts considérables du Vietnam pour améliorer sans cesse la qualité du riz à l’exportation et respecter les réglementations internationales vis-à-vis ce produit.
Plus récemment, le riz vietnamien a remporté le premier prix lors du 15e Concours des meilleurs riz du monde organisé par The Rice Trader, dans le cadre de la Conférence mondiale sur le commerce du riz à Cebu, aux Philippines.
Lors de ce concours, le Vietnam a présenté six variétés de riz en provenance de trois entreprises : « Lôc Troi 28 » et « Nàng Hoa 9 » du groupe Lôc Troi ; « TBR39-1 » et « A Sào sticky rice » du groupe ThaiBinh Seed ; « ST 24 » et « ST 25 » de la société Hô Quang Tri. Le riz vietnamien a devancé les riz indien et cambodgien, qui ont respectivement obtenu le troisième et le deuxième prix. Plus de 10 pays et 30 échantillons de riz ont participé à ce concours prestigieux.
Remporter le prix du « Meilleur riz du monde » ajoute de la fierté à l’industrie rizicole vietnamienne. Ce titre témoigne de la recherche proactive, de la sélection et de la création de variétés de haute qualité ainsi que de la commercialisation méthodique des entreprises vietnamiennes.
Ce bon résultat a aussi contribué à honorer la valeur des grains de riz vietnamiens sur le marché mondial, tout en affirmant la qualité, le potentiel et la capacité de développement de ce produit d’exportation phare du pays.
Selon Nguyên Van Tuoi, un riziculteur de la commune de Vinh Khanh, district de Thoai Son, province d’An Giang (dans le delta du Mékong, au Sud du Vietnam), le prix du riz frais non décortiqué est actuellement estimé à environ 9 700 dôngs/kg, soit une augmentation de 1 000 dôngs/kg par rapport à l’année 2022.
« Ce prix en vaut la peine ! Avec ce prix, nos agriculteurs peuvent réaliser un bénéfice d’environ 35 millions de dôngs/ha, soit une hausse de 10 millions de dôngs/ha sur un an. Jamais auparavant le marché du riz n’avait été aussi dynamique que cette année, ce qui a rendu les agriculteurs très enthousiastes. […] La valeur du riz vietnamien augmente. Je poursuis mes efforts pour avoir des récoltes de riz plus abondantes et de meilleure qualité », a partagé avec joie Nguyên Van Tuoi.
Depuis de nombreuses années, le Vietnam est l’un des principaux pays exportateurs de riz du monde. Photo : VNA. |
Bien profiter des opportunités
Pour 2024, le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce a prévu que les prix du riz à l’exportation continueront d’augmenter et de rester élevés, et ne descendront pas en dessous de 640 ou 650 dollars la tonne.
Les explications sont les suivantes : la quantité de riz commercialisé dans le monde diminue progressivement, tandis que la demande est encore très importante, notamment dans les marchés traditionnels comme les Philippines, l’Indonésie et la Chine. De plus, l’Inde — le plus grand exportateur mondial de riz — devrait maintenir son interdiction d’exporter du riz en 2024, ce qui a entraîné une pénurie sur le marché mondial.
Dans ce contexte, le Vietnam dispose de grandes opportunités pour doper ses exportations de riz et jouer un rôle dominant sur le marché mondial tant en termes de quantité que de valeur.
Pour l’heure, le prix du riz à l’exportation du Vietnam a atteint 658 dollars/tonne, soit 35 dollars/tonne de plus que celui de la Thaïlande et 60 dollars/tonne de plus que celui du Pakistan.
Face aux nouvelles exigences du marché mondial de riz, notamment en ce qui concerne la qualité, la production et la croissance vertes et les faibles émissions, l’industrie rizicole du Vietnam devrait se transformer rapidement afin de saisir les opportunités d’accroître et de dominer le marché pour ce segment de produit potentiel.
Projet d’un million d’hectares de riz de haute qualité à faible émission de carbone
L’un des leviers importants pour parvenir à cet objectif ambitieux réside dans la décision gouvernementale No 1490/QĐ-TTg publiée le 27 novembre dernier sur le projet visant à développer de manière durable un million d’hectares de rizières de haute qualité et à faibles émissions, en association avec la croissance verte dans le delta du Mékong — le grenier à riz du Vietnam — d’ici 2030.
Ce projet a également pour but d’accroître la valeur ajoutée du riz vietnamien, de développer durablement la riziculture du pays, d’augmenter les revenus des agriculteurs, de protéger l’environnement face aux changements climatiques, ainsi que de contribuer à la mise en œuvre des engagements environnementaux du Vietnam lors de la 26e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (COP26), notamment en ce qui concerne l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050.
Des objectifs spécifiques : d’ici 2030, la superficie des zones de culture du riz de haute qualité et à faibles émissions devra être d’un million d’hectares ; la quantité de graines de riz semées de moins de 70 kg/ha ; les engrais chimiques et les pesticides d’origine chimique réduits de 30 % ; la quantité d’eau d’irrigation par rapport à l’agriculture traditionnelle réduite de 20 % ; et 100 % de la superficie de riziculture devra appliquer au moins une démarche agricole durable.
Le projet d’un million d’hectares de rizières de haute qualité sera déployé dans 12 provinces et villes du delta du Mékong (sauf Bên Tre).
Mme Zhou Cheng, experte principale en financement climatique à la Banque mondiale à Singapour :
Avec le projet d’un million d’hectares de riz de haute qualité, la Banque mondiale soutiendra l’accès du Vietnam au financement du carbone, ce qui signifie qu’il pourra vendre des crédits carbone sur le marché mondial et profiter des financements des fonds de lutte contre le changement climatique.
Pour établir bientôt un million d’hectares de riz comme prévu, des initiatives et des solutions technologiques visant à améliorer la chaîne de valeur du riz sont nécessaires.
Dr Nguyên Van Hung, de l’Institut international de recherche sur le riz :
Il est important de renforcer l’application de techniques agricoles moderne et de développer le marché des crédits carbone en matière de riziculture.
Dr Nguyên Van Hung, de l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI), a souligné : « On a besoin de variétés de riz de haute qualité qui s’adaptent au changement climatique et qui répondent bien aux critères nutritionnels et aux goûts des consommateurs. Il est important de renforcer l’application de techniques agricoles modernes comme l’irrigation alternée humide et sèche (AWD), le semis de précision, la gestion de la paille et d’autres résidus et sous-produits. L’accent devra être mis sur le développement du marché des crédits carbone en matière de riziculture ».