Selon le Département de l’Industrie (ministère de l’Industrie et du Commerce), le plastique est l’un des secteurs industriels connaissant une croissance rapide, mais il reste essentiellement perçu comme un secteur de transformation technique des matières plastiques. En particulier, ce secteur ne maîtrise toujours pas ses matières premières.
En effet, 70 % des matières premières et des composants doivent être importés, l’offre nationale n’étant capable de répondre qu’à environ 1 million de tonnes.
Selon l’Association vietnamienne du plastique (VPA), en 2024, le secteur du plastique au Vietnam a importé 8,5 millions de tonnes de granulés plastiques vierges et recyclés, ainsi qu’environ 0,5 million de tonnes de déchets plastiques utilisés comme matières premières. Les importations de produits plastiques PP ont atteint 1,5 milliard de dollars, tandis que celles de produits plastiques PE ont atteint 2 milliards de dollars.
Rien qu’au premier trimestre 2025, le pays a importé 2,28 millions de tonnes de polymères, pour une valeur de 3,02 milliards de dollars, soit une hausse de 25,2 % en volume et de 20,8 % en valeur par rapport à la même période de 2024.
Fait notable, le Vietnam dépend à 70 % des importations de matières plastiques provenant de pays tels que la République de Corée, la Thaïlande, le Japon, les États-Unis, la Chine, la Malaisie et Singapour. La Chine reste le principal fournisseur, représentant 29,2 % de part de marché.
De manière similaire, l’industrie chimique doit encore importer du sel industriel, la production nationale n’étant ni suffisante ni conforme aux normes de qualité exigées, en particulier pour les besoins de l’industrie chimique. Le sel industriel exige une grande pureté, avec une teneur en chlorure de sodium (NaCl) de 98 % ou plus et de faibles niveaux d’impuretés. En revanche, la production de sel traditionnelle au Vietnam reste artisanale, peu productive, et la qualité est insuffisante.Selon Nguyên Thi Thanh Xuân, vice-présidente et secrétaire générale de l’Association vietnamienne de la chaussure et de la maroquinerie, le principal goulot d’étranglement dans l’industrie de la chaussure réside dans les matières premières, encore largement importées et dictées par les donneurs d’ordre internationaux, dans un modèle essentiellement tourné vers la sous-traitance.
Pour surmonter ce frein, l’association estime nécessaire de produire localement les matières premières. Cela permettrait non seulement d’augmenter l’autonomie, mais aussi de renforcer l’attractivité du Vietnam pour de nouveaux contrats et favoriser un développement plus durable.
Pour concrétiser cette orientation, le ministre de l’Industrie et du Commerce a chargé plusieurs départements de formuler un plan intitulé “Diversification des sources d’approvisionnement en matières premières importées au service de la production nationale.”
Selon Nguyên Anh Son, directeur du Département de l’import-export, ce plan constitue une mission prioritaire confiée à son département. Celui-ci collabore activement avec les associations sectorielles et les entreprises pour construire le contenu du plan et les politiques de soutien.
Ta Hoang Linh, directeur du Département du développement des marchés extérieurs (ministère de l'Industrie et du Commerce), affirme que le ministère se concentrera sur l’exploitation optimale des 17 accords de libre-échange (ALE) signés pour stimuler les exportations.
En outre, le ministère poursuivra la surveillance des mesures de défense commerciale prises par d’autres pays contre les produits vietnamiens, et y répondra de manière proactive. Il élargira et diversifiera les marchés d’exportation, en explorant des marchés potentiels encore inexploités au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine.
Par ailleurs, il encouragera de nouveaux accords de libre-échange, tels qu’avec l’EFTA (Europe), le Mercosur (Amérique), le GCC, l’Inde, le Pakistan (Asie), l’Égypte et le SACU (Afrique). Il mettra aussi l’accent sur les accords de coopération économique, commerciale et industrielle, notamment dans les domaines où le Vietnam a un avantage compétitif.
Enfin, le ministère s’engagera dans une défense commerciale efficace, la lutte contre la fraude à l’origine et le transit illicite, et favorisera la coopération internationale dans des domaines émergents tels que la transition énergétique, la transformation numérique, l’économie circulaire, et l’innovation.
Il mettra en relation les industries vietnamiennes avec les chaînes de valeur mondiales, afin de renforcer leur compétitivité et leur position internationale.