Dans les années 1970, le ginseng Nam du mont Danh avait pratiquement disparu. Ce produit de luxe, autrefois offert aux rois, n’existait plus que dans la mémoire orale des anciens ou les quelques archives oubliées. Il avait presque été effacé de la conscience collective locale.
[EN IMAGES] Le ginseng Nam du mont Danh, un trésor naturel ressuscité au cœur du Bac Ninh
À partir des légendes transmises sur le mont Chung Son (aujourd’hui mont Danh) dans la commune de Phuc Hoa, province de Bac Ninh, au Nord du Vietnam, le ginseng Nam a peu à peu retrouvé ses racines. Désormais, il s’impose comme un produit agricole emblématique à forte valeur économique pour la région.
Comparé à un « élixir de jouvence » offert par la nature, le ginseng Nam du mont Danh se distingue par sa richesse en saponines. Selon l’Institut de pharmacologie (ministère de la Santé), il en contient jusqu’à 8,11 %, soit presque autant que le ginseng Ngoc Linh (10 %) et près de trois fois supérieur au ginseng coréen (3,5 %). Ses vertus incluent le renforcement du système immunitaire et la prévention des maladies.
En 2020, un processus rigoureux de standardisation de la culture et des soins a permis au ginseng Nam d’obtenir une indication géographique protégée. Deux ans plus tard, en 2022, il décroche la certification OCOP 4 étoiles, marquant son importance dans le développement économique et social de la province de Bac Ninh.
Nguyen Van Dien, village de Lan Tranh 1, commune de Phuc Hoa, confie : « Pour la multiplication, il faut utiliser un sol alluvial, procéder au bouturage et soigner chaque plant avec attention. » Les jeunes pousses de ginseng issues du bouturage sont mises en pépinière. Fait étonnant : contrairement à d’autres tubercules, les rongeurs ne s’attaquent jamais au ginseng.
Une fois les plants suffisamment développés, ils sont replantés sur des terrains bien drainés, de préférence des collines caillouteuses, idéales pour leur croissance. Le ginseng nécessite une humidité constante, surtout durant sa phase initiale. Un système d’irrigation automatique est donc essentiel pour éviter sécheresse ou inondation. Dès la deuxième année, les feuilles peuvent être récoltées, séchées puis vendues sous forme de thé à 150 000 dongs/kg. Les feuilles de moindre qualité sont utilisées comme fourrage. En troisième année, les fleurs apparaissent entre septembre et octobre. On peut récolter jusqu’à 350 kg par 360 m², vendus à 800 000 dongs/kg pour la production de thé floral.
La haute valeur du ginseng Nam s’explique par une culture 100 % biologique, sans produits phytosanitaires, et une concentration élevée en saponines bénéfiques pour la santé. Au bout de cinq ans, les racines sont récoltées, triées selon leur poids, tranchées pour la fabrication de vin de ginseng ou de thé de racine. Les tranches sont ensuite séchées. Une étape de désinfection à l’alcool est nécessaire pour éviter la fermentation des racines riches en sucre. Étant donné le potentiel de cette plante précieuse, la commune de Phuc Hoa a lancé un projet de développement du ginseng Nam pour la période 2022–2027. La superficie cultivée atteint désormais 150 ha. En 2024, près de 20 ha ont produit 30 tonnes de racines et plus de 100 ha ont permis de récolter environ 1 tonne de fleurs par hectare.
Les consommateurs peuvent choisir parmi une large gamme de produits : alcool de ginseng, miel infusé au ginseng, thé de fleurs ou racines entières en bocaux. Des cadeaux raffinés aux emballages soignés.