Enseigner et apprendre le vietnamien à Kansai au Japon : un effort pour toucher le cœur

Lorsqu'elle a fondé l'école de langue vietnamienne nommée Cây Tre, Lê Thương, présidente de l'Association générale des Vietnamiens du Kansai (Osaka, Japon), espérait que les jeunes enfants de la diaspora, bien qu'étant nés et vivant au Japon, conserveraient une part de leur âme vietnamienne nourrie à travers chaque leçon.

Une des activités de l'école de langue vietnamienne nommée Cây Tre (Bambou) et de l'Association générale des Vietnamiens de la région du Kansai (Osaka, Japon). Photo : baoquocte
Une des activités de l'école de langue vietnamienne nommée Cây Tre (Bambou) et de l'Association générale des Vietnamiens de la région du Kansai (Osaka, Japon). Photo : baoquocte

Comment a été fondée l'école de langue vietnamienne Cây Tre ? Après un an d'activité, comment les parents et les élèves de la région du Kansai ont-ils salué l'apprentissage du vietnamien ?

Je me souviens très clairement des débuts en 2015, lorsque la première classe de vietnamien a vu le jour dans un petit coin d'une salle communale à Osaka. À cette époque-là, la classe ne comptait que quelques enfants, quelques vieux manuels apportés du Vietnam, des tables et chaises provisoires, et le tableau devait être emprunté pour chaque cours. Dans mon cœur, dès cet instant-là, un rêve s'est formé : celui de créer une véritable école de vietnamien qui ne serait pas seulement un lieu d'enseignement de la langue, mais aussi un sanctuaire pour préserver l'âme vietnamienne de nos enfants en terre étrangère.

Après près de 10 ans, grâce aux innombrables efforts de la communauté et des parents et à la persévérance des enseignants bénévoles, l'École de langue vietnamienne Cây Tre a été officiellement établie en 2024 avec un statut juridique complet au Japon. Ce fut une étape très émouvante, comme un rêve devenu réalité.

Nous avons nommé l'école Cây Tre (Bambou), car le bambou est un symbole du peuple vietnamien : résilient, tenace, il prend racine et prospère partout où il vit. Cây Tre est l'espoir que, même si les enfants sont nés et vivent au Japon, une partie de leur âme vietnamienne soit nourrie chaque semaine à travers chaque leçon.

Nous sommes ravis que les parents aient accueilli l'école avec gratitude et soutien. De nombreuses familles mettent des heures pour amener leurs enfants en classe. Il y a des petits de cinq ans qui chantent gaiement « j'aime le vietnamien », et des plus grands qui se portent volontaires pour être assistants, aidant les plus jeunes. L'amour envers la langue vietnamienne n'est pas imposé ; il naît de l'attention quotidienne de la communauté au sein de cette petite école.

Qu'ont fait les enseignants pour inspirer l'amour de la langue et de la culture vietnamiennes aux enfants vivant au Japon ?

Je dis souvent aux enseignants : enseignez l'histoire, enseignez la culture avant d'enseigner l'écriture. Car si un enfant ne comprend pas qui est son peuple, ne connaît pas les pages glorieuses de son histoire, ne ressent pas la musique, les contes de fées, ne voit pas les traits distinctifs de la culture vietnamienne, alors apprendre le vietnamien pour lui ne sera qu'apprendre une langue étrangère.

Aux yeux des enfants, le vietnamien devient le plus familier et le plus attachant lorsqu'il est lié à des choses concrètes : l'histoire de l'Oncle Hô et ses sandales en caoutchouc, le jeu Ô Ăn Quan (jeu des cases), une berceuse de grand-mère, ou une fois où ils ont enfilé l'áo dài (longue robe traditionnelle) lors des célébrations du Têt. Nous nous efforçons d'intégrer la culture dans chaque leçon. Parfois, en apprenant la lettre « L », nous racontons l'histoire de « Lạc Long Quân et Âu Cơ », en apprenant le mot « cây » (arbre), nous dessinons ensemble des bambous et du riz.

L'amour de la langue ne peut être forcé. Il ne peut naître que d'un contact avec le cœur. Et pour toucher le cœur des enfants, nous devons avoir un cœur doublement passionné.

« Nous sommes très émus de visiter l'École de langue vietnamienne Cây Tre, car les enseignants ont fait de grands efforts pour enseigner la langue et la culture vietnamiennes aux enfants au Japon. Le Comité d'État pour les Vietnamiens à l'étranger accompagnera et soutiendra toujours l'école dans toutes ses activités futures. » Nguyen Trung Kien, président du Comité d'État chargé des Vietnamiens à l'étranger.

Outre la préservation de la langue maternelle, qu'est-ce qui vous passionne dans les activités dédiées à la communauté ?

Je suis toujours convaincue que, où qu'ils soient, les Vietnamiens ont besoin d'une « maison commune », un lieu où l'on peut parler sa langue maternelle, allumer des bâtonnets d'encens le jour de l'anniversaire des Rois Hùng (rois fondateurs du Vietnam), chanter des airs folkloriques, rire et pleurer ensemble. En tant que présidente de l'Association générale des Vietnamiens de la région du Kansai, ma plus grande préoccupation et ma plus grande joie est de maintenir ce lien communautaire au sein d'une société moderne et exigeante, comme le Japon.

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Le Thuong est actuellement présidente de l’Association générale des Vietnamiens de la région du Kansai et directrice de l’école de langue vietnamienne Cay Tre. Photo : NVCC/baoquocte

Nous organisons chaque année la Fête de commémoration des rois Hung avec des rituels solennels et des cours d'histoire intégrés pour les enfants. Pour la Fête de la mi-automne, il y a la danse du lion, la confection de bánh dẻo (gâteaux de lune gluants), et des concours de contes de fées. Les camps d'été pour enfants sont organisés en alternance entre les provinces, avec des contenus sur la souveraineté maritime et insulaire, sur Gạc Ma, sur le 17e parallèle, afin que les enfants comprennent que la Patrie n'est pas seulement le lieu de naissance, mais aussi ce qui doit toujours être préservé.

Nous organisons également des cours de culture pour les parents, des programmes de soutien juridique, médical et psychologique pour les Vietnamiens en difficulté. L'Association générale est un lieu d'écoute, de partage et de transmission de la fierté nationale à la prochaine génération.

Selon vous, quel est l'élément le plus crucial pour préserver la langue et la culture vietnamiennes au sein d'une communauté à l'étranger ?

Je crois que l'élément le plus crucial est la famille, car c'est la mère qui raconte régulièrement des contes de fées chaque soir, c'est la berceuse de grand-mère envoyée par appel vidéo, c'est le « con chào bố mẹ » (le salut aux parents) qui résonne même si ce n'est que le week-end.

Si le vietnamien n'est pas parlé à la maison, il sera difficile pour les écoles de le maintenir à long terme. La langue et la culture doivent être nourries par des émotions vivantes dans la vie quotidienne, et non pas seulement dans les livres.

Et pour y parvenir, il faut une collaboration de la communauté, le soutien des autorités locales et l'intérêt durable de la Patrie.

La version bilingue vietnamien - japonais de « Brève histoire illustrée du Vietnam » vient d'être lancée au Vietnam. Pourriez-vous partager le rôle de l'Association générale des Vietnamiens de la région du Kansai dans le processus de publication et de diffusion de ce précieux livre ?

Dès que nous avons pris connaissance de l'idée d'adapter le livre « Brève histoire illustrée du Vietnam » en version bilingue vietnamien - japonais, nous avons immédiatement perçu la grande valeur de ce projet, non seulement pour la communauté vietnamienne au Japon, mais aussi pour la mission de diffusion de la culture vietnamienne dans le monde.

Nous avons joué un rôle de connexion important entre l'équipe de réalisation au Vietnam et la partie japonaise. Cela inclut la connexion avec la maison d'édition Kim Đồng et la participation au processus de persuasion et de promotion pour la publication de la version bilingue, un effort plein de passion.

C'est la première fois qu'un livre d'histoire pour enfants vietnamiens est officiellement traduit en japonais avec la participation étroite d'organisations communautaires vietnamiennes à l'étranger.

En outre, nous avons également collaboré avec le Centre d'études vietnamiennes au Japon, en fournissant des explications détaillées en vietnamien pour chaque page du livre afin de soutenir l'équipe de traduction. C'est une étape extrêmement importante pour garantir l'exactitude, la compréhensibilité et l'adéquation à l'âge des élèves japonais, les lecteurs que nous espérons pouvoir comprendre et apprécier l'histoire et la culture vietnamiennes à travers ce livre.

En particulier, l'Association générale s'active pour que le livre soit officiellement promu à l'EXPO 2025 Osaka, un événement de portée mondiale, attirant des millions de visiteurs étrangers.

Pour nous, ce n'est pas seulement un livre, mais un pont permettant aux jeunes Vietnamiens de comprendre plus profondément leurs racines, aux amis japonais d'avoir une perspective plus vivante sur l'histoire du Vietnam, et à l'esprit national d'être préservé et diffusé de la manière la plus accessible, créative et moderne.

Espérez-vous que le livre sera largement diffusé au Japon ?

J'espère vivement que le livre « Brève histoire illustrée du Vietnam » deviendra un document pédagogique officiel dans les classes de vietnamien communautaires non seulement à Kansai, mais aussi dans tout le Japon et dans les pays où vivent de nombreux Vietnamiens.

J'espère également que le livre sera introduit dans les bibliothèques scolaires, les centres culturels et les archives communautaires des étrangers au Japon. C'est un cadeau que nous, Vietnamiens, offrons à nos amis japonais d'une manière sincère, vivante et pleine d'identité.

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