Exportation de textiles et d’habillement vers la France : l’EVFTA, un puissant levier de croissance

Malgré les avancées notables permises par l’Accord de libre-échange Vietnam - Union européenne (EVFTA) dans l’augmentation des exportations vietnamiennes de textiles vers la France, le secteur reste confronté à un défi structurel : le manque de matières premières.

L’EVFTA aide le Vietnam à accroître ses exportations de textiles et d’habillement vers l’Union européenne, y compris la France. Photo : congthuong.vn
L’EVFTA aide le Vietnam à accroître ses exportations de textiles et d’habillement vers l’Union européenne, y compris la France. Photo : congthuong.vn

Un effet catalyseur indéniable de l’EVFTA

Ces dernières années, la France s’est imposée comme l’un des principaux partenaires commerciaux du Vietnam au sein de l’UE, notamment dans des secteurs d’exportation clés comme le textile et l’habillement.

Selon les données du Centre d’information sur l’industrie et le commerce (relevant du ministère de l’Industrie et du Commerce), le textile se classe au troisième rang des produits exportés vers la France au premier semestre 2025.

Plus précisément, en juin 2025, les exportations vietnamiennes de textiles vers la France ont atteint 51,4 millions de dollars, soit une hausse de 11,8 % par rapport au mois précédent.

Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires cumulé s’élève à 232,5 millions de dollars, en hausse de 12,87 % par rapport à la même période de l’année précédente.

Le marché français représente à lui seul 12,11 % des exportations vietnamiennes de textile, un chiffre significatif.

La France en particulier, et l’Union européenne en général, sont considérées comme des marchés traditionnels mais encore porteurs pour le textile vietnamien.

D’après les experts, l’EVFTA a joué un rôle déterminant dans cette dynamique.

Selon Vu Anh Son, conseiller commercial du Service commercial de l’ambassade du Vietnam en France, avant l’entrée en vigueur de l’EVFTA, les produits textiles et de la chaussure vietnamienne étaient soumis à des droits d’importation relativement élevés en Europe.

La suppression progressive de ces barrières tarifaires a immédiatement offert un avantage compétitif de taille en matière de prix pour les produits vietnamiens.

Par ailleurs, le Vietnam est depuis longtemps l’un des plus grands centres mondiaux de production textile et de chaussures.

Les entreprises du secteur disposent d’une solide expérience, de capacités industrielles à grande échelle et sont capables de répondre à des commandes importantes, leur permettant ainsi de tirer pleinement parti de la levée des droits de douane.

Des marques de mode et de grande distribution européennes, telles que Decathlon, ont également bénéficié de cette baisse de tarifs douaniers sur les produits fabriqués au Vietnam, les incitant à accroître leurs commandes.

Outre les avantages offerts par l’EVFTA, les capacités internes des entreprises vietnamiennes du secteur textile constituent elles aussi un moteur important de l’augmentation des exportations vers la France en particulier, et vers l’UE en général.

Cette compétitivité intrinsèque reste l’un des atouts majeurs du textile vietnamien à l’échelle internationale.

À ce sujet, le secrétaire général de l’Association vietnamienne du textile (VITAS), Truong Van Cam, note que selon une enquête menée dans six pays (Bangladesh, Cambodge, Laos, Népal, Chine et Vietnam), seuls quelques indicateurs du Vietnam sont inférieurs à ceux de la Chine, notamment en termes de capacité à produire des biens à forte valeur ajoutée ou à accéder à des matières premières.

Pour le reste, le Vietnam surpasse nettement ses concurrents.

Une équation difficile à résoudre : la pénurie de matières premières

Il est clair que l’EVFTA a permis au textile vietnamien d’augmenter son chiffre d’affaires et d’élargir ses parts de marché en France.

Cependant, comme sur d’autres marchés, la dépendance aux matières premières importées constitue une entrave majeure à l’exploitation des certificats d’origine préférentiels (C/O), pourtant essentiels pour bénéficier pleinement des avantages de l’accord.

Vu Anh Son souligne que, bien que le textile soit l’un des secteurs les plus favorisés en termes de tarifs douaniers, il rencontre de grandes difficultés à tirer parti de ces avantages. La règle d’origine « à partir du tissu » constitue le principal obstacle structurel.

L’EVFTA stipule que, pour bénéficier du taux zéro, les vêtements doivent être confectionnés à partir de tissus originaires du Vietnam ou de l’UE. Or, l’industrie textile vietnamienne dépend encore largement de tissus importés depuis des pays non membres de l’EVFTA.

De surcroît, les pressions liées à l’économie circulaire et à la mode durable s’intensifient, dans un contexte où l’UE renforce sa réglementation sur les produits textiles, imposant des exigences en matière de durabilité, de recyclabilité et d’intégration de fibres recyclées. Cela constitue un défi technologique et financier de taille pour les entreprises vietnamiennes.

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Selon le vice-président de l’Association vietnamienne du textile, Truong Van Can, le manque de matières premières constitue le principal verrou empêchant le secteur textile de tirer pleinement parti des accords de libre-échange. Photo : chinhphu.vn

Comme l’a rappelé un représentant de l’Association vietnamienne du textile, le manque de matières premières est aujourd’hui le principal frein à l’exploitation efficace des accords de libre-échange, dont l’EVFTA, pour accroître les exportations vers l’UE et la France en particulier.

Résoudre ce « nœud » est aussi une solution stratégique pour tirer pleinement profit de l’EVFTA.

« Nous avons actuellement une stratégie de développement de grands parcs industriels textiles visant à attirer les investissements dans la production de tissus et la teinture. Si elle est mise en œuvre, ce sera une solution structurelle. Diversifier les sources d’approvisionnement en matières premières peut servir de solution temporaire, mais reste vulnérable face aux fluctuations du marché », a souligné Truong Van Cam.

Toutefois, intégrer durablement la chaîne de production des matières premières textiles au Vietnam est une tâche ardue.

Le pays reste dépendant des importations de coton, de fibres et de produits chimiques pour la teinture, ce qui freine la consolidation d’une chaîne d’approvisionnement locale complète.

Pour attirer les investisseurs à produire au Vietnam, les experts estiment que, outre des politiques incitatives et un environnement favorable, la rentabilité reste le facteur décisif.
Il convient également de créer un cadre attractif pour l’implantation des entreprises et des investissements.

En attendant une solution structurelle au problème de la pénurie de matières premières, il est nécessaire de diversifier les sources d’approvisionnement.

L’Association vietnamienne du textile souligne que les entreprises souhaitent accéder à des informations fiables sur les marchés étrangers, notamment sur la stabilité de l’approvisionnement, la qualité et la diversité des matériaux.

« Les entreprises font leurs propres recherches, mais les données fournies par les services commerciaux sont généralement plus précises, pertinentes et utiles pour évaluer et recommander des choix judicieux », a déclaré Truong Van Cam.

L’Association propose par ailleurs la création d’un centre d’innovation, de recherche-développement et d’échanges commerciaux de matières premières destiné à l’industrie de la mode, dans le but de diversifier les sources d’approvisionnement pour les entreprises vietnamiennes.

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