L’ambition : moderniser l’ensemble de la chaîne, de la production à la commercialisation, en plaçant la transformation numérique au cœur de sa stratégie. Objectif : accroître la valeur ajoutée, élargir les débouchés et renforcer la compétitivité des produits locaux.
Des pionniers dans la numérisation
Avec 3 404 produits labellisés OCOP - un record national - dont la majorité sont des denrées agricoles et des spécialités artisanales, Hanoï voit émerger plusieurs acteurs précurseurs dans l’usage des plateformes numériques.
À O Dien, la société MD Queens a développé un site de vente en ligne, une page Facebook avec diffusion en direct et une présence multi-canaux sur TikTok Shop, Shopee et Lazada, pour écouler son thé médicinal xạ đen classé 4 étoiles.
« Sans transformation numérique, notre marché se limiterait au commerce local ou aux intermédiaires », explique sa directrice générale, Trinh Thi Kim Thu.
« Désormais, nous atteignons des clients dans tout le pays rapidement et efficacement, tout en ciblant mieux nos promotions. »
À Chuong My, la coopérative de légumes et fruits Chuc Son combine agriculture VietGAP et GlobalGAP avec outils numériques : station météo iMetos, système eGAP pour la traçabilité, QR codes sur chaque produit. Cette intégration technologique permet d’ajuster la production selon les conditions climatiques, de garantir la transparence et de répondre aux exigences des marchés modernes.
Même tendance dans l’artisanat. À Phu Xuyen, l’atelier d’ébénisterie Vinh Linh a vu la part de ses ventes en ligne grimper à 60–80 % grâce au e-commerce. « Nous ne dépendons plus des revendeurs ; nous maîtrisons désormais notre image de marque », souligne son propriétaire, Nguyen Van Vinh.
Un accompagnement public structuré
Malgré ces réussites, la majorité des acteurs OCOP de la capitale n’en sont encore qu’aux premiers pas : simple présence sur les réseaux sociaux ou sur quelques places de marché, manque de stratégie globale, d’expertise numérique et de budget. Beaucoup ne disposent pas d’une identité visuelle aboutie, ni d’outils de traçabilité normalisés, ni d’équipes dédiées au marketing digital.
Pour Ngo Văn Ngon, chef adjoint du Bureau de coordination du programme rural à Hanoï, « la transformation numérique ne se résume pas à mettre ses produits en ligne. Il s’agit d’intégrer la technologie à toute la chaîne de valeur : traçabilité, contrôle qualité, production intelligente, image de marque et relation client. »
La ville multiplie donc les initiatives : partenariats avec les grandes plateformes (Voso, Postmart, Shopee), formations gratuites à la vente en ligne et au livestream professionnel, mise en relation avec start-up et entreprises technologiques pour un transfert de solutions adaptées.
Vers une numérisation en profondeur
Les résultats sont déjà tangibles : hausse du chiffre d’affaires, crédibilité renforcée, transparence accrue.
Dans un contexte où le commerce traditionnel subit des contraintes, les modèles OCOP numérisés démontrent leur capacité de résilience et de croissance.
Reste que la réussite de cette mutation dépendra autant du soutien institutionnel que de la volonté des producteurs : investir dans le savoir-faire numérique, oser transformer les modes de gestion et de vente.
Car, loin d’être l’apanage des grandes entreprises, la transformation numérique pourrait bien être le levier qui permettra aux petites unités, aux artisans et aux coopératives de franchir un cap décisif dans l’intégration au marché international.
