Journaliste-martyr Tran Kim Xuyen : le Pionnier du Journalisme Révolutionnaire Vietnamien

Tran Kim Xuyen est né en 1921 dans la commune de Son My (aujourd'hui Tan My Ha), district de Huong Son, province de Ha Tinh – une terre pauvre mais riche en traditions révolutionnaires. Dès son plus jeune âge, il fut témoin du mouvement houleux de Nghe Tinh Soviet, qui sema en lui la graine de l'esprit révolutionnaire. Plus tard, il étudia à Vinh, Nghe An, et entre 1935 et 1939, il accéda secrètement à des journaux et des livres révolutionnaires, entamant ainsi son chemin d'activiste clandestin.

Arrestation, évasion, et création de la première équipe de propagande

Après avoir obtenu son diplôme en 1939, Tran Kim Xuyen s'installa à Bac Giang pour travailler au bureau résidentiel colonial, mais peu après, il rejoignit secrètement la révolution.

En 1944, il fut arrêté et torturé par les colonialistes français à la prison de Hoa Lo.

Lorsque les Japonais renversèrent les Français le 9 mars 1945, il organisa secrètement son évasion avec ses camarades, retournant immédiatement à Hanoi pour préparer l'Insurrection générale.

Le 22 aout 1945, soit trois jours après le succès de la Révolution d'Aout a Hanoi, il fut charge d'aider le camarade Tran Huy Lieu à organiser l'appareil du Comité de propagande du Gouvernement provisoire de la République démocratique du Vietnam.

Le 23 aout 1945, au nom du gouvernement révolutionnaire, il prit en charge la salle de réception des informations du Service francais d'information, de propagande et de presse.

Il demanda et guida le personnel de la salle de réception des agences de presse et des stations occidentales afin de servir le Comité central et le Gouvernement révolutionnaire. Par la suite, il fut chargé de prendre le contrôle de la station de télécommunications sans fil à la croisée des chemins de Vong, en préparation du lancement de la station de radio et de l'Agence de presse du Vietnam.

Alors que le Ministere de la Propagande venait de se former, il fut nommé Directeur de cabinet, et avec quelques camarades, il prépara en urgence la Cérémonie de la Déclaration d'independance et la présentation du Gouvernement provisoire de la République démocratique du Vietnam le 2 septembre 1945 sur la place Ba Dinh, à Hanoi.

Le président Ho Chi Minh lui confia une tâche cruciale au jardin de Ba Dinh : la responsabilité du son et des microphones pour la Cérémonie de lecture de la Déclaration d'Indépendance, ainsi que la conception des slogans en trois langues (vietnamien, anglais, français) avec Nguyen Huy Tuong et Luu Van Loi.

Président Ho Chi Minh a lu la Déclaration d'Indépendance, avec la préparation du son et des slogans par Tran Kim Xuyen et ses collaborateurs. Source: Nhan Dan

Le 15 septembre 1945, il a diffusé la Déclaration d'indépendance en trois langues : vietnamien, anglais et français, informant le monde entier de la naissance du nouveau Vietnam. Ce fut la première émission de nouvelles de l'Agence vietnamienne d'information (VNTTX).

En janvier 1946, il fut élu député de la première Assemblée nationale pour la circonscription de Bac Giang – l'un des plus jeunes représentants jamais investis. Parallèlement, il accompagna l'Oncle Ho lors de sa visite à Bac Giang et l'interviewa directement sur son voyage en France, transmettant l'information à l'ensemble du peuple.

Sous sa direction, les activités principales comprenaient: la propagande contre la famine et l'analphabétisme, le soutien à la campagne de la "Semaine de l'Or", l'appel aux emprunts nationaux, et la mobilisation du soutien pour le Sud.

Il maintenait un contact régulier avec les bases, faisant remonter les aspirations du peuple au Comité central.

Diriger l'évacuation des documents – Sacrifice au cœur du front médiatique

Après l'extension de la guerre de Résistance contre la France, Tran Kim Xuyen fut chargé de superviser le déplacement de toute l'infrastructure nationale d'information vers l'arrière. L'Agence d'Information assura le soutien technique pour la diffusion de l'« Appel à la Résistance nationale » et des vœux du Têt de l'Oncle Ho en 1947.

Le matin du 3 mars 1947, en apprenant l'attaque de la station d'émission-réception de la pagode Tram, il dirigea personnellement l'évacuation – il a écrit : "il a parcouru les lieux à vélo pour diriger l'évacuation des documents". Bien qu'il ait accompli sa mission, il fut touché par des tirs de mitrailleuse et mourut dans la commune de Ngoc Son (aujourd'hui la ville de Chuc Son), vers 13h le même jour, alors qu'il n'avait pas encore 27 ans.

Avant de rendre son dernier souffle, il lança son ultime slogan : "Vive le Vietnam totalement indépendant ! Vive le Président Ho !"

Sacrifice pour la profession, son nom gravé dans l'histoire

Pour ses contributions exceptionnelles, Tran Kim Xuyen fut décoré à titre posthume de l'Ordre de la Résistance de première classe, et l'Oncle Ho le salua comme "un propagandiste talentueux".

Dans le cours du journalisme révolutionnaire vietnamien de la période initiale, comparé à ses contemporains, Tran Kim Xuyen se tenait aux côtés de grandes figures telles que Nguyen Ai Quoc (Ho Chi Minh), Truong Chinh, Vo Nguyen Giap, Xuan Thuy, To Hoai ou Nguyen Huy Tuong – des hommes qui n'étaient pas seulement des activistes politiques mais aussi des plumes acérées, des individus qui "écrivaient tout en combattant".

Cependant, la particularité de Tran Kim Xuyen est qu'il n'a pas seulement écrit des articles ou fait du journalisme comme un outil de propagande ; il fut celui qui organisa et construisit directement la première infrastructure d'un système d'information national dans le contexte d'une guerre urgente.

Il était celui qui, en coulisse, assurait le bon fonctionnement de toute cette "machine médiatique" : la formation des cadres, la mise en place des méthodes de collecte et de diffusion de l'information, garantissant que l'information soit transmise au bon moment, au bon endroit et avec la bonne emphase.

Tran Kim Xuyen en 1945. Photo d'archives.

Tran Kim Xuyen est le modèle du journaliste-soldat-ingénieur de l'information. Il fut le pont entre l'idéal politique et la technique de communication, entre les mots écrits et les stations d'émission-réception, entre la pensée et l'action.

En d'autres termes, si les journalistes de son temps étaient des "écrivains", Tran Kim Xuyen fut le "bâtisseur de ponts", le "dégageur de chemin" qui permit à la plume de s'exprimer pleinement au sein d'une nation en résistance. C'est précisément ce rôle de "pionnier" qui fait que son sacrifice n'est pas seulement une perte individuelle, mais une perte fondamentale pour toute une période de la communication révolutionnaire qui entrait dans sa première phase d'épreuve.

Des empreintes gravées dans le cœur de la Nation

Non seulement présent dans la mémoire de ses camarades ou dans les annales de l'Agence de Presse du Vietnam, Tran Kim Xuyen — journaliste, premier martyr du journalisme révolutionnaire — est également immortalisé par des réalisations concrètes :

Au cœur de la campagne paisible du hameau de Trung Thuong (commune de Tan My Ha, district de Huong Son, Ha Tinh) — son lieu de naissance — la maison commémorative Tran Kim Xuyen fut inaugurée en mars 2013.

Ce petit terrain de 50 mètres carrés, offert par son cousin, est aujourd'hui un lieu de culte et de conservation de précieux souvenirs.

Dans cette humble demeure, on ne voit pas seulement un portrait en noir et blanc ou des bulletins d'information de la période de résistance, mais on ressent aussi l'esprit et les idéaux d'un journaliste qui n'a jamais quitté son poste. La maison commémorative est devenue une "adresse rouge" pour les retours aux sources, où la jeune génération peut apprendre les premières leçons de responsabilité civique, de conviction et d'engagement.

Son nom a également été choisi pour de nombreuses rues, s'étendant du nord au sud. Au cœur de la capitale — où il a combattu jusqu'à son dernier souffle — la rue Tran Kim Xuyen a été officiellement nommée en mars 2014, située dans le district de Cau Giay. De retour dans sa province natale de Ha Tinh, le district de Huong Son possède également une rue portant son nom, longue de plus de 2 km, reliant Pho Chau à la route Ho Chi Minh.

La cérémonie d'inauguration de la rue a eu lieu solennellement le 17 juin 2017, et depuis lors, cette route ne sert pas seulement à la circulation des véhicules, mais elle conserve aussi le souvenir d'un enfant d'élite de la terre de Hong Lam.

Plus récemment, en septembre 2023, Bac Giang — où il a exercé ses premières activités de résistance — a également officiellement inauguré une rue portant le nom de Tran Kim Xuyen. Cette rue, longue de près de 600 mètres, située dans la zone urbaine du sud de la ville, est une reconnaissance de sa patrie envers le soldat-journaliste qui a contribué à poser les bases du journalisme révolutionnaire.

Son nom n'est pas seulement gravé sur la carte urbaine. En 2012, l'Association des journalistes de la VNA a créé le Fonds d'encouragement aux études Tran Kim Xuyen – une manière de prolonger son idéal de vie au service de la communauté. Le fonds vise à soutenir les élèves en difficulté, donnant un élan aux petits rêves mais riches d'aspirations à s'élever.

Chaque année, à l'occasion de l'anniversaire de la Journée du journalisme révolutionnaire vietnamien, le 21 juin, le district de Huong Son s'anime avec le Tournoi de volley-ball féminin pour la Coupe Tran Kim Xuyen.

Son nom figure également en bonne place en tête de la stèle commémorative des martyrs au Mémorial de la commune de Son My.

Ému en se remémorant sa mémoire, le journaliste Nguyen Duc Loi, ancien Directeur général de la VNA, a déclaré : "Le sacrifice de Tran Kim Xuyen — le premier dirigeant de la VNA — et de plus de 260 journalistes martyrs de l'agence, rappelle toujours à la génération future la fierté de la tradition de la VNA, la première agence de presse à recevoir deux titres de héros : Héros des Forces armées populaires et Héros du Travail pendant la période de Renouveau. Cela rappelle aux générations actuelles et futures de journalistes de l'agence de réfléchir, de vivre et de travailler dignement face à ces immenses sacrifices et pertes."

Aux côtés des centaines de journalistes tombés lors des grandes campagnes nationales, le sacrifice du journaliste-martyr Tran Kim Xuyen a inspiré les générations suivantes, prolongeant le chemin inlassable d'engagement des journalistes dans la construction et la défense de la Patrie. À une époque où l'honnêteté journalistique fait face à de nombreux défis, le nom de Tran Kim Xuyen nous rappelle que le journalisme révolutionnaire ne se construit pas avec des mots fleuris, mais avec des idéaux, du courage, et parfois – avec le sacrifice.