Le festival de Giong existe depuis des siècles. On dit que sous le règne du 6e roi Hung (environ 1718 - 1631 avant J.-C.), dans le village de Giong (actuelle commune de Phu Dông, district de Gia Lâm, Hanoi), un garçon de trois ans ne pouvait ni parler ni sourire. Après avoir su que le pays était sous la menace d’envahisseurs venus du Nord, il a rapidement grandi et s’est transformé en un homme vaillant. Il est monté sur un cheval de fer et a utilisé un bâton de fer pour bouter les envahisseurs hors du pays. Après la victoire, il s’est rendu au sommet de la montagne Soc (actuelle commune de Phu Linh, district de Soc Son, Hanoï) et s'est envolé dans le ciel sur son fidèle destrier.
Avec cet exploit, les gens l'ont appelé "Phu Dông Thiên Vuong" et honoré comme l'un des "quatre immortels" ou "quatre génies" (Saint Tan Viên, Saint Giong, Saint Chu Dông Tu et Saint Liêu Hanh) adorés depuis des lustres par les habitants du delta du fleuve Rouge.
Des milliers de personnes assistent à l'inauguration de la statue de Saint Giong au sommet de la montagne Soc, à Hanoï.
La fête de Saint Giong est organisée sur la digue du fleuve Rouge.
Aujourd'hui encore, pour commémorer ses exploits, de nombreux endroits du delta organisent chaque année des fêtes de Saint Giong, avec des rites uniques imprégnés de l’identité culturelle des anciens Viêt. Celles des temples de Phu Dong et de Soc (commune de Phu Linh, district de Soc Son, Hanoi.) sont les plus remarquables. La fête de Saint Giong est officiellement devenue une fête nationale au 11e siècle, sous le règne du roi Ly Thai Tô, fondateur de la dynastie des Ly. Ce souverain a ordonné l'extension et la modernisation du temple de Phu Dông, et a posé les règles d'organisation de la fête.
La fête de Saint Giong est considérée comme une intéressante "scène folklorique" car elle voit la participation de milliers d’habitants locaux, qui rejouent en costumes d’époque la bataille de Saint Giong. Des performances symboliques certes, mais qui véhiculent une philosophie profonde de la vie. Elles montrent les vertus, l'intelligence, la foi et la bravoure du général, la tolérance du vainqueur envers son rival, et l'aspiration à vivre dans un monde paisible et heureux.
Au fil des ans, la fête a eu une grande influence sur la conscience culturelle et religieuse du peuple vietnamien en général et des habitants du delta du fleuve Rouge en particulier. De nombreux vestiges ainsi que des empreintes culturelles et religieuses liées à Saint Giong sont encore conservés dans certaines zones rurales. Par exemple, les maisons communales, temples et sanctuaires des communes de Phu Dông et Phu Linh. Depusi des siècles, les villageois de ces deux communes organisent chaque année la fête du 6e au 9e jours du 4e mois lunaire. Le chercheur français G. Dumoutier a été tellement impressionné par sa valeur et l'atmosphère de jubilation qu'il a écrit dans son livre, "Revue de l'histoire des religions, Paris 1893", que "La fête de Giong est la scène la plus émouvante que nous ayons jamais vu dans le Nord du Vietnam, et elle vivra éternellement dans l'esprit de chaque personne qui a eu la chance d’y assister. Dans notre vieille Europe, qui se soucie de célébrer un événement historique qui a eu lieu il y a deux ou trois siècles?".
La valeur la plus importante de la fête, c'est qu'elle a été conservée et transmise intacte de génération en génération. Malgré des hauts et des bas, et l'influence des cultures étrangères, la fête de Giong a conservé ses caractéristiques uniques et n’a pas pris le virage commercial comme beaucoup d'autres fêtes.
La scène du "coup de pied donné au bol ", qui symbolise la force de "nivellement des montagnes et des collines" de Saint Giong.
Troupe de Saint Giong lors d’une cérémonie avant la bataille.
La fête originale de Giong
Selon les chercheurs, la fête de Giong au Temple de Soc est une fête de rites propitiatoires pour de bonnes récoltes, émanation des croyances populaires dans les fêtes du printemps qui ont cours dans la plaine et la moyenne région du Nord. Celle du temple de Phu Dông (Gia Lâm, Hanoi) est considérée comme une fête culturelle traditionnelle authentique qui fait revivre en grandes pompes la bataille de Saint Giong.
Cette année, le 9e jour du 4e mois lunaire, les villageois de la commune de Phu Dông ont organisé la fête de Giong, la première depuis sa reconnaissance par l'UNESCO en tant que patrimoine mondial culturel immatériel de l'humanité. Le 6e jour, les villageois ont effectué la cérémonie de prise d'eau, lançant officiellement la fête, pour nettoyer les armes avant la bataille et bénéficier de bonnes conditions météorologiques et de bonnes récoltes.
À 10 heures, le 7e jour, une procession avec des plateaux d’offrande de nourriture végétarienne (riz et aubergines salés) a recréer la scène où les villageois se sont cotisés pour nourrir Saint Giong.
Le point d’orgue de la fête a été le 9e jour avec un spectacle intitulé "Phu gia". Les troupes de Saint Giong se composaient de 120 hommes de 18 à 36 ans, divisés en 6 corps, montrant l'image d'une armée disciplinée et guerrière. À 11h, la troupe d’Ai Lao a effectué la chasse au tigre en face du temple de Phu Dông. Avant de commencer le jeu, environ 20 participants ont exécuté des danses au sons des tambours et gongs, suivies d’une cérémonie cultuelle. La partie s’est terminée quand le tigre a été capturé. Ensuite, des scènes de la lutte de Saint Giong contre les envahisseurs ont été reconstituées tout l'après-midi.
En soirée, des activités culturelles ont été organisées comme un feu d'artifice, une performance de Tuong et des jeux folkloriques pour célébrer la victoire. La fête s’est prolongée jusqu'au 12e jour.
À travers les scènes de soldats disant au revoir à leur mère avant d'aller au combat, d'une armée victorieuse et d'envahisseurs se rendant, la fête de Saint Giong a aidé les spectateurs à mieux comprendre cette légende. Il ne s’agit pas seulement d’une activité religieuse, folklorique et culturelle, c’est aussi un "grand drame" représentant un grand moment à la fois histoirique, culturel, religieux et artistique. Cette fête véhicule aussi une philosophie profonde sur la lutte pour la vie et la défense de la nation.
Pour les raisons ci-dessus, la fête de Saint Giong est immortelle et est digne d'être honorée. À 18 heures (22h20 au Vietnam) le 16 novembre 2011 à Nairobi, au Kenya, la fête de Saint Giong aux temples de Phu Dông et de Soc a été officiellement reconnue en tant que patrimoine mondial, culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO, faisant la fierté de tout un peuple.