Selon les experts, l’intégration de l’EPR dans les processus de production favorise non seulement la compétitivité et l’accès aux marchés internationaux, mais contribue également à sécuriser l’approvisionnement en matières premières et à réduire la dépendance aux importations.
La réglementation sur l’EPR - ou responsabilité du producteur dans la collecte, le recyclage et le traitement des déchets - est aujourd’hui encadrée par la Loi sur la protection de l’environnement de 2020 et par le décret n°08/2022/NĐ-CP, modifié et complété par le décret n°05/2025/NĐ-CP.
Le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce, en coopération avec le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, travaille actuellement à l’élaboration d’un décret spécifique destiné à renforcer le contrôle des déchets à la source et à promouvoir la production plus propre dans l’industrie.
Selon Pham Sinh Thanh, représentant du Département de la sécurité technique et de l’environnement industriel, l’EPR constitue une approche circulaire reposant sur la réutilisation des déchets, progressivement étendue à d’autres politiques comme les programmes d’économie et d’efficacité énergétique.
Ces dispositifs visent à stimuler le recyclage et à encourager la valorisation des déchets en ressources secondaires.
Pour concrétiser ces orientations, le ministère de l’Industrie et du Commerce a adopté plusieurs décisions prévoyant des soutiens financiers et des campagnes de sensibilisation, notamment auprès des petites et moyennes entreprises, des groupes industriels et des sociétés nationales.
Le secteur papetier figure parmi les exemples les plus marquants. Luong Chi Hieu, du Centre de recherche et de développement de l’Association vietnamienne du papier et de la pâte à papier, souligne qu’auparavant la production d’une tonne de papier nécessitait entre 15 et 20 m³ d’eau.
Grâce aux investissements dans des lignes de recyclage modernes, cette consommation a été ramenée à seulement 3 à 4 m³ par tonne, tandis que la consommation énergétique a baissé de 20 à 30 %.
Par ailleurs, plusieurs grandes entreprises de la filière ont rejoint l’Alliance vietnamienne pour le recyclage des emballages (PRO Vietnam), contribuant ainsi à la collecte et au traitement des emballages usagés.
Elles ont également mis en place des modèles de production plus propre et renforcé le contrôle des rejets liquides et gazeux, tout en valorisant les papiers recyclés disponibles sur le marché national.
« Ces initiatives ont permis d’accroître la compétitivité des entreprises, en particulier pour les produits à valeur verte, et d’élargir leurs débouchés à l’international. Dans un contexte marqué par la volatilité des prix, la stabilité des approvisionnements locaux en matières premières devient un atout stratégique », observe Luong Chi Hieu.
Renforcer les capacités de gestion et d’innovation
Fort de ces expériences, Luong Chi Hieu recommande aux entreprises d’engager une revue approfondie de leurs processus de production afin d’optimiser l’utilisation des ressources et de réduire les émissions.
Il les encourage également à intégrer des alliances EPR, à investir dans la numérisation, l’intelligence artificielle et les systèmes de traçabilité, pour renforcer la transparence et consolider la confiance des partenaires commerciaux.
« Pour assurer une mise en œuvre efficace et généralisée de l’EPR, il est essentiel que les autorités compétentes apportent leur soutien en établissant un cadre réglementaire clair et des politiques incitatives, notamment en matière de crédit vert et d’avantages fiscaux, à destination des entreprises et des collecteurs indépendants engagés dans le recyclage », ajoute-t-il.
Afin de soutenir cette dynamique, le ministère de l’Industrie et du Commerce prépare un Programme de développement de l’industrie environnementale, soumis à l’approbation du Premier ministre.
Ce dispositif devrait permettre de créer des outils et des mécanismes favorables au contrôle de la pollution et au développement du recyclage.
Enfin, pour répondre aux exigences environnementales croissantes et honorer les engagements internationaux en matière de développement durable, la mobilisation conjointe des entreprises, des pouvoirs publics et des partenaires concernés apparaît indispensable.
Ces efforts conjugués contribueront à réduire les déchets, préserver les ressources naturelles et renforcer la compétitivité de l’économie vietnamienne à l’échelle mondiale.