Il y a plus de 140 ans, Friedrich Engels, brillant penseur et camarade de Karl Marx, s'interrogeait profondément sur une problématique similaire pour la Russie tsariste : une société précapitaliste, où subsistent de nombreux vestiges de la commune rurale et qui n’a jamais traversé pleinement le capitalisme, peut-elle progresser directement vers une forme de société supérieure ?
C’est là qu’émerge la pensée du développement «raccourci », un héritage théorique précieux qui continue aujourd’hui d’éclairer la voie du développement du Vietnam.
Selon Friedrich Engels, les conditions objectives permettant un développement « raccourci » résident dans la capacité à hériter et à maîtriser les acquis de la civilisation humaine, en particulier les progrès scientifiques, technologiques et les forces productives.
Il faut conjuguer la puissance endogène de la nation avec l’exploitation maximale des ressources et des conditions favorables issues de l’extérieur.
S’appuyant sur la base théorique solide du marxisme-léninisme, et en particulier sur la conception de Friedrich Engels relative au développement « raccourci », notre Parti a conduit la nation à travers d’innombrables épreuves sur la voie de l’édification du socialisme.
Aujourd’hui, le Vietnam s’emploie à saisir rapidement et à exploiter efficacement les opportunités offertes par la quatrième révolution industrielle, en combinant la force de la nation avec la force de l’époque.
C’est une mise en œuvre créative de l’esprit de Friedrich Engels : interagir activement et assimiler de manière sélective les acquis de l’humanité – notamment les technologies et les capitaux – provenant des pays capitalistes développés et de partenaires stratégiques.
De plus, le Vietnam reste fidèle au principe de « l’autonomie stratégique, l’autosuffisance et la confiance en soi », garantissant ainsi l’absorption des technologies et des capitaux étrangers au service de la progression vers le socialisme.
Sur le plan matériel et technique, notre Parti a clairement affirmé dans le projet de Rapport politique soumis au XIVe Congrès du Parti : « Établir un nouveau modèle de croissance visant à améliorer la productivité, la qualité, l’efficacité, la valeur ajoutée et la compétitivité de l’économie ; faire de la science, de la technologie, de l’innovation et de la transformation numérique les moteurs principaux… ».
Le Vietnam ne « raccourcit » pas le processus de développement en faisant l’impasse sur l’industrialisation et la modernisation, mais le met en œuvre par de nouvelles méthodes, en accédant directement aux technologies avancées.
Notre pays privilégie le développement des industries émergentes telles que les semi-conducteurs, la robotique et l’automatisation, l’intelligence artificielle, les matériaux avancés, et même l’énergie nucléaire et l’aérospatiale.
En matière de leadership, le Vietnam possède un atout immense : la direction du Parti communiste vietnamien, un parti forgé par la lutte révolutionnaire et la construction nationale.
Le Parti joue un rôle politique central dans la formulation de la pensée du développement, la conduite des institutions, la définition des stratégies, la promotion du consensus social et l'inspiration des aspirations de la nation au progrès.
S’agissant du facteur humain, le Vietnam considère le développement de l’être humain comme le centre de sa stratégie de développement.
L’un des trois percées stratégiques mentionnées dans le projet des documents du XIVe Congrès est : « accélérer la restructuration et l’amélioration de la qualité des ressources humaines, développer une main-d’œuvre de haut qualité ; renforcer l’attraction et la valorisation des talents… ».
La construction d’un système éducatif moderne, formant des citoyens dotés des compétences et des qualités nécessaires pour maîtriser la science et la technologie, constitue la préparation endogène la plus déterminante.
Il s’agit là d’un développement dialectique de la pensée de Friedrich Engels à l’ère nouvelle : non seulement hériter de la « machine », mais encore former des « ouvriers » et des « ingénieurs » capables de faire fonctionner et d’améliorer cette machine.
Plus important encore, le Vietnam affirme que « le peuple est la racine », « le peuple est le sujet et le centre », suscitant avec force « l'aspiration au développement, l'esprit de solidarité, la volonté d'autonomie, la confiance en soi, la force intérieure et la fierté nationale ».
Cette force collective est le facteur endogène le plus important pour surmonter toutes les difficultés et tous les défis.
Bien que le contexte historique ait changé, les principes fondamentaux de la pensée de Friedrich Engels sur le développement « raccourci » conservent toute leur valeur.
Premièrement, le principe du rôle décisif des forces productives. Il est impossible de bâtir le socialisme sur une base arriérée.
Le développement économique, scientifique et technologique est la tâche centrale. Cela exige que le Vietnam doit considérer la science, la technologie et l’innovation comme des leviers de percée, en développant des « nouvelles forces productives » telles que l’économie numérique et l’économie verte, afin d’améliorer la qualité de la croissance et de surmonter le risque de retard technologique.
Deuxièmement, le principe de la pensée dialectique et de l’innovation. Il faut hériter et assimiler tous les acquis de la civilisation humaine, y compris ceux issus du capitalisme.
Troisièmement, le principe de la combinaison des forces internes et externes. Le Vietnam met en œuvre ce principe en conjuguant la force de la nation avec celle de l’époque, tout en préservant fermement son autonomie stratégique et en s'intégrant pleinement à la communauté internationale.
Quatrièmement, le principe du départ fondé sur la réalité objective. Il est nécessaire d'analyser correctement le contexte historique spécifique, en évitant le dogmatisme et l'idéalisme subjectif.
Friedrich Engels n’a jamais considéré l’histoire comme un chemin unique. De même, le Vietnam, « ferme dans sa stratégie, flexible et adaptable dans sa tactique », illustre l'unité dialectique entre les lois universelles et les spécificités nationales.
La pensée de Friedrich Engels sur le développement « raccourci » constitue une méthodologie dialectique pour analyser et agir, montrant qu’un tel développement est une possibilité conditionnelle, et non une loi inéluctable ni un privilège réservé à une nation en particulier.
Il exige la convergence d’éléments internes et externes très spécifiques, ainsi qu’un sujet politique suffisamment fort pour diriger.
Le Vietnam se trouve devant une opportunité historique de réaliser son propre chemin de développement « raccourci ».
Fort d'une base théorique solide, de politiques judicieuses et d'une direction éclairée du PCV, conjuguées aux aspirations de toute la nation, nous avons toutes les raisons de croire que le Vietnam atteindra son objectif historique : devenir un pays développé à revenu élevé d'ici 2045.
Le développement « raccourci » est une voie semée d’embûches et de défis, exigeant une détermination sans faille, une vision stratégique et une innovation constante.
Mais c’est aussi la seule voie pour qu’une nation en développement puisse réduire l’écart avec les pays développés et progresser vers une meilleure société.