Ces bandes dessinées, dont l’auteur est le dessinateur franco-vietnamien Clément Baloup, retracent la vie des migrants vietnamiens au début du XXe siècle.
Il s’agit de romans graphiques s’inscrivant dans le cadre d’un projet de développement de la bande dessinée au Vietnam, lancé par les Éditions Kim Dong en coopération avec l’Institut français de Hanoi.
« Mémoires de Vietnamiens d’outre-mer : les Linh tho - immigrés de force venus du Vietnam en France pendant la Seconde Guerre mondiale » est l’histoire des ONS (Ouvriers non spécialisés), et désigne les travailleurs vietnamiens qui ont été enrôlés et forcés de travailler en France pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).
À l’époque, environ 20 000 Vietnamiens ont été obligés d’aller en France pour travailler dans des usines, des ateliers ou dans les champs. À cause de la guerre, certains ont choisi de rester, d’autres n’ont pas pu rentrer au Vietnam, tandis que ceux qui ont réussi à revenir ont connu bien des aléas en raison de leur statut de « soldats – ouvriers ». Leur histoire est restée longtemps méconnue, tant du côté vietnamien que français.
Cette bande dessinée redonne vie à ces parcours oubliés, mettant en lumière leurs contributions à l’économie française et leur soutien enthousiaste à l’Oncle Ho et à la Révolution vietnamienne pendant une période turbulente de l’histoire du monde.
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Esquisse de quelques pages du livre « Mémoires de Vietnamiens d’outre-mer : les Linh Tho - immigrés de force venus du Vietnam en France pendant la Seconde Guerre mondiale ». |
Quant à « Mémoires de Vietnamiens d’outre-mer : les Chan dang - mineurs vietnamiens venus du Vietnam en Nouvelle-Calédonie », l’ouvrage emmène les lecteurs près d’un siècle en arrière, à l’époque où des milliers de paysans vietnamiens embarquaient à Hai Phong pour rejoindre les colonies françaises dans les îles de l’Océanie.
Ces hommes partaient en tant que travailleurs volontaires sous contrat de cinq ans, recrutés par des entreprises de recrutement coloniales françaises. Le terme « Chan dang », littéralement « pieds engagés », désignait ceux qui s’enregistraient pour obtenir une « place de travail ».
Cette bande dessinée décrit la vie des « Chan dang » dans les mines de nickel de la Nouvelle-Calédonie, ce qui permet de mieux comprendre une génération de Vietnamiens vivant à l’étranger. Ayant des aspirations simples, ils n’imaginaient pas travailler dans des conditions pénibles et faire face à de nombreuses épreuves.
S’appuyant sur des recherches historiques, des archives, des entretiens et des notes personnelles, Clément Baloup a recréé une réalité qui entremêle passé et présent, à travers de vastes espaces, du Vietnam à la France et à la Nouvelle-Calédonie.
Selon lui, les pages de bandes dessinées lui donnent l'occasion de partager ses émotions, car dessiner est un moyen d'exprimer des pensées personnelles, c'est un dialogue avec les points de vue des autres, c’est une manière de montrer au monde son propre regard.
Clément Baloup a confié : « Les mémoires s'estompent peu à peu dans l'esprit de chacun, alors je veux utiliser la bande dessinée pour relier ces souvenirs fragiles à de précieux marqueurs temporels, pour révéler l'inéluctabilité du destin humain. »
À travers les deux tomes « Mémoires de Vietnamiens d’outre-mer », l’auteur met en lumière des fragments d’un passé complexe d’une communauté vietnamienne qui semble avoir été oubliée de l’histoire.
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Le dessinateur Clément Baloup. Photo : Znews. |
Né en 1978, le dessinateur Clément Baloup est d'origine franco-vietnamienne, avec un père vietnamien et une mère française. Il est né en France et a grandi en Europe, en Polynésie et en Amérique du Sud.
Après des études de design à Marseille (France), il a ensuite étudié les beaux-arts à l'École des Beaux-Arts d'Angoulême (France) et à l'Université des Beaux-Arts du Vietnam.
Cette immersion dans différentes cultures lui a permis de développer une sensibilité et un style unique.
Fort de son double héritage culturel franco-vietnamien et de son intérêt profond pour l’histoire et la culture du Vietnam, Clément Baloup aborde ses sujets sous des angles variés : les différences entre les témoignages et les regards extérieurs, les dilemmes du destin des personnes migrantes, ou encore les relations intergénérationnelles (parents-enfants).