Contrairement à de nombreux peuples, le cheminement du mariage chez les Si La ne se limite pas à un seul jour de fête, mais constitue tout un processus de rites successifs, exprimant une conception profonde de l’affection et de la responsabilité.
L’histoire commence lorsque deux jeunes gens tombent amoureux. Selon la tradition, les jeunes Si La, dès l’âge de quatorze ou quinze ans, sont considérés comme adultes et peuvent chercher un partenaire. Lorsque les sentiments sont mûrs, le jeune homme, avec l’accord de sa famille, demandera à une personne respectée du village, souvent appelée le marieur ou la marieuse, de se rendre chez la jeune fille pour la « demande en mariage ». Les paroles sincères et l’attitude respectueuse du représentant de la famille du garçon sont le premier lien, ouvrant la voie à une meilleure compréhension mutuelle entre les deux familles.
Suite à cette aimable requête, si la bonne fortune le permet, la cérémonie des « fiançailles » aura lieu. C’est l’occasion pour les deux familles de discuter ensemble des détails du mariage, des présents à la date, témoignant d’une préparation minutieuse et d’un respect mutuel.
La saison des mariages chez les Si La se déroule généralement durant les derniers mois du calendrier lunaire, autour de novembre et décembre, lorsque les récoltes sont terminées et que chacun a le temps de se réjouir ensemble.
Le point le plus particulier, qui confère un charme unique aux noces Si La, est l’organisation de la célébration en deux temps. La première fois est le jour de l’arrivée de la mariée, lorsqu’elle rejoint officiellement la maison de son époux. Le village résonne de rires et de vœux. La mariée, avant de quitter sa maison, sera vêtue d’une nouvelle tenue par sa mère ou sa sœur, ses cheveux soigneusement tressés et coiffés d’un foulard. Le cortège nuptial de la famille du garçon se rend chez la jeune fille, portant avec lui des chants, de la musique et l’enthousiasme de tout le clan. La cérémonie d’arrivée de la mariée se déroule dans une atmosphère chaleureuse, marquant une étape importante dans la vie de la jeune femme, qui devient officiellement membre de la famille de son mari.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Environ un an après l’arrivée de la mariée, les Si La connaissent une autre « saison de mariage ». Cette fois, la famille du garçon remettra solennellement une dot à la famille de la fille. Ce n’est pas seulement une compensation pour les soins et l’éducation prodigués, mais aussi un engagement de la part de la famille du garçon envers le bonheur du jeune couple. En retour, la famille de la jeune fille offre des présents un trousseau, transmettant ses meilleurs vœux au jeune couple.
Tout au long du processus nuptial, les Si La respectent d’autres coutumes, comme l’« exogamie de lignage », un principe important de leur mariage qui contribue à maintenir la distinction entre les clans. Le rôle du marieur ou de la marieuse demeure un lien essentiel, depuis les premiers pas jusqu’à l'achèvement des rites.
Les noces « deux saisons » des Si La ne sont pas qu'une simple tradition, mais une belle histoire d'amour, de responsabilité et de cohésion communautaire, une touche unique dans la mosaïque culturelle du Vietnam.






Le couple avant la chambre nuptiale.
Il est intéressant de noter que, dans la culture matrimoniale Si La, bien que le mariage entre cousins croisés soit autorisé (au troisième degré), la «lévirat» n’existe pas et la conception de la durabilité du mariage est très forte, se manifestant par le refus du divorce (sauf en cas de veuvage, où le remariage est autorisé).