Le village de Da Sy est actuellement devenu une destination attrayante pour les touristes vietnamiens et étrangers, dont les jeunes – ceux qui s’intéressent à découvrir les métiers d’artisanat.
En pénétrant dans le village, le visiteur est immergé dans une ambiance sonore dominée par les sons tumultueux des coups de marteau et le ronronnement des machines à polir qui sortent des forges artisanales.
Le village compte actuellement environ 900 foyers producteurs réunissant environ 5 000 artisans. Les produits du village sont essentiellement couteaux et ciseaux, de toutes sortes.
Le métier de coutellerie, qui consiste à fabriquer ou réparer des instruments coupants (couteaux, lames, etc.), nécessite une grande habileté manuelle, de la précision, de la patience et une bonne condition physique. Il est également nécessaire d'avoir une bonne connaissance des métaux et des techniques de forge, ainsi que de la créativité pour proposer des modèles originaux.
De petites pièces de fer sont travaillées à la forge, à 10 000 degrés, jusqu’à ce qu’elles deviennent rouges. Puis elles sont sorties du four et travaillées sur l’enclume.
L’artisan doit donner des coups de marteau de façon rapide et continue. Puis, il aiguise les lames pour qu’elles deviennent minces et tranchantes, dépose quelques gouttes d’huile et ajuste la poignée au couteau. Ces dernières phases du travail sont assurées pour la plupart par les femmes.
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L'artisan Le Ngoc Lam guide avec enthousiasme un jeune pour fabriquer un couteau à la façon traditionnelle. Photo : baovanhoa |
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Des ateliers de coutellerie dans le village de Da Sy attirent non seulement des Vietnamiens mais encore de nombreux touristes étrangers – ceux qui s’intéressent à découvrir les métiers d’artisanat. Photo : baovanhoa |
Se lance dans le développement du tourisme expérientiel
Ces dernières années, en plus des activités de production traditionnelles, le village de Da Sy s’est lancé activement dans le développement du tourisme expérientiel, en proposant aux visiteurs des ateliers de coutellerie. Sous la tutelle experte des maîtres artisans, chacun peut repartir avec un couteau fait de ses propres mains. Ce sont des expériences uniques et inoubliables.
Parmi ces ateliers se distingue celui de la famille Lam Anh, dont le propriétaire est l'artisan, Le Ngoc Lam (42 ans).
Il y a près de 10 ans, après avoir abandonné son poste de directeur d'une entreprise de construction, Le Ngoc Lam est retourné dans son village natal et a décidé de lancer sa propre carrière à partir du métier traditionnel de forgeron de sa famille.
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Jeune artisan du village de Da Sy, il est pionnier dans l’application des technologies modernes et la création des circuits touristiques expérientiels pour promouvoir l’image de son village et améliorer les revenus des habitants. Photo : baovanhoa |
Jeune artisan du village de Da Sy, il est pionnier dans l’application des technologies modernes et la création des circuits touristiques expérientiels pour promouvoir l’image de son village et améliorer les revenus des habitants.
Le Ngoc Lam a également coopéré avec un groupe d'étudiants de l'Académie diplomatique du Vietnam pour mettre en œuvre le projet de communication destiné à diffuser l'expérience de l'artisanat traditionnel auprès des jeunes sur les réseaux sociaux.
En plus des images et des vidéos vivantes sur le métier de coutellerie, ce groupe a organisé des ateliers gratuits permettant aux jeunes et touristes de mieux comprendre ce métier traditionnel et le travail acharné des artisans. De nombreux touristes étrangers sont enthousiastes à se transformer en forgerons et à fabriquer par eux-mêmes des couteaux uniques.
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Le processus de fabrication d'un couteau consiste en plusieurs étapes, qui nécessitent une grande habileté manuelle, de la précision, de la patience et une bonne condition physique. Photo: baovanhoa |
Une fabrication traditionnelle
Le modèle du tourisme expérientiel a permis de faire vivre aux touristes des expériences uniques, notamment dans la fabrication des couteaux et ciseaux. Ce modèle a également créé une nouvelle vitalité pour un village de forgerons vieux de plus de 100 ans.
En près de trois heures, chaque visiteur a pu expérimenter les 12 étapes de la fabrication d'un couteau, dont le chauffage de l'acier, la découpe de la lame, le polissage de la lame, la trempe, l'affûtage du tranchant, ou encore le façonnage du manche.
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Le modèle du tourisme expérientiel a permis de faire vivre aux touristes des expériences uniques, notamment dans la fabrication des couteaux et ciseaux. Photo : baovanhoa |
Le processus de fabrication consiste en plusieurs étapes. À l’aide d’un outil tranchant, l’apprenant commence par sculpter minutieusement les deux segments du futur manche dans des petites planches de bois, qui seront jointes une fois la lame achevée.
Puis, la silhouette du futur couteau est tracée sur une plaque de métal, soigneusement sélectionnée pour sa robustesse immuable qui durera pendant les années à venir. Les types d’acier dépendent essentiellement de leur usage et de leur taille. Le maître artisan possède de multiples exemplaires de couteaux au cas où l’apprenant manque d’inspiration, tels que couteaux de chef cuisinier, épluche-légumes, couteaux à dépecer la viande, etc.
À l’aide d’un coupeur, d’un marteau de forge et d’un ciseau, la lame et la soie (la partie du métal sur laquelle sera fixé le manche) sont taillées et introduites dans un petit four alimenté de braises dégageant une chaleur intense. Une fois la lame chauffée jusqu’à l’incandescence, l’apprenant et le maître artisan battent tour à tour le métal sur l’enclume au moyen du marteau pour aplatir et façonner davantage la lame. Cette étape est répétée à plusieurs reprises avant que la lame ne soit dirigée vers la meule pour être aiguisée par l’élève muni de gants et de lunette de protection.
À cette étape, l’apprenant peut graver des initiales ou n’importe quel dessin dans le métal ou le manche pour rendre son produit unique.
L’affûtage nécessite différentes manipulations. La lame est d’abord trempée dans un produit chimique à base de goudron. Ce mélange ajoute une meilleure résistance au couteau et rend l’aiguisage plus efficace.
Enfin, l’étape ultime consiste à frotter la lame sur une pierre à aiguiser, puis sur une pâte à polir. Une fois achevé, le manche y est fixé de chaque côté grâce à des rivets. On doit brûler et tremper dans l’eau les deux segments du manche pour s’assurer qu’ils ne s’imprègnent pas de moisissure et qu’ils ne se déforment pas.
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Sous la tutelle experte des maîtres artisans, les visiteurs peuvent repartir avec un couteau fait de leurs propres mains. Ce sont des expériences uniques et inoubliables. Photo : baovanhoa |
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Les couteaux et les ciseaux de Da Sy sont réputés pour leur résistance et leur lame robuste et pointue. Photo: baovanhoa |
Fort de ses connaissances en technologie, l'artisan Le Ngoc Lam a fabriqué des appareils semi-automatiques pour remplacer de nombreuses étapes manuelles, contribuant à améliorer l'efficacité de la production et la cohérence et la qualité des produits. Son atelier a également proposé aux clients le service de gravure au laser pour la personnalisation de produits.
Grâce à ses efforts dans la préservation et la promotion de l'artisanat traditionnel, en 2020, Le Ngoc Lam a été honoré du titre « Artisan du village artisanal vietnamien ».
Aujourd’hui, les couteaux et les ciseaux de Da Sy sont réputés pour leur résistance et leur lame robuste et pointue. Bien que de nombreux outils fabriqués en série aient inondé le marché domestique, les habitants de Da Sy sont toujours confiants quant à l’avenir de leurs produits, car les conceptions des produits artisanaux fabriqués à la main sont beaucoup plus variées et uniques.