Depuis longtemps, la fabrication du cốm dẹp fait partie intégrante de la vie spirituelle du peuple Khmer de la commune de Phu Tan (anciennement district de Chau Thanh, province de Soc Trang), aujourd’hui rattachée à la commune de Thuan Hoa, ville de Can Tho. Ce mets traditionnel est intimement lié à la fête Oc Om Boc et à de nombreuses autres célébrations annuelles importantes.
Cependant, face aux bouleversements de la vie moderne, ce métier a été menacé de disparition. Les jeunes quittent les villages, tandis que les personnes âgées n’ont pas les moyens de commercialiser leurs produits.
La véritable transformation a commencé avec la mise en œuvre du projet « Préserver et valoriser les valeurs culturelles traditionnelles des minorités ethniques en lien avec le développement du tourisme ». L’un des points marquants fut la création d’un club de promotion du métier traditionnel de fabrication du cốm dẹp.
Ce club ne se contente pas de rassembler les gardiens du savoir-faire ; il offre également aux visiteurs, locaux et internationaux, un espace d’expériences immersives.
Les touristes peuvent y découvrir directement les différentes étapes de fabrication traditionnelle du cốm dẹp, depuis la sélection du riz gluant, la torréfaction, le pilage jusqu’au façonnage à l’aide de pilons en bois. Ils sont également invités à participer activement à chaque étape, afin de mieux apprécier la minutie et l’habileté des artisans.
« Je connais le cốm dẹp depuis longtemps, mais c’est la première fois que je découvre tout le processus de fabrication. Cette expérience me fait encore plus respecter le travail des artisans », partage Huynh Van Chien, touriste originaire de la ville de Can Tho.
Susan Way, touriste venue du Royaume-Uni, exprime aussi son enthousiasme : « Je n’ai jamais participé à une activité aussi authentique. Le cốm que j’ai fabriqué moi-même est encore plus savoureux. Je suis très impressionnée par la culture khmère. »
Selon Thach Thi Huong, membre du club, le fait d’associer l’artisanat traditionnel au tourisme a permis aux habitants de diversifier leurs sources de revenus en vendant leurs produits, en guidant les expériences et en réalisant des spectacles culturels. Plus important encore, cela représente une manière durable de préserver les métiers ancestraux.
Toujours à Thuan Hoa, le métier traditionnel de vannerie des Khmers connaît un nouvel essor grâce au dynamisme de Truong Thi Bach Thuy, fondatrice de la coopérative artisanale Mây tre đan Thủy Tuyết.

Actuellement, la coopérative produit environ 700 articles différents, allant des objets utilitaires aux décorations, en passant par des produits destinés au tourisme et à l’exportation.
Outre la création de valeur économique, elle fournit un emploi stable à 32 membres de la coopérative et à plus de 60 femmes issues des communes avoisinantes, avec un revenu mensuel moyen de 7 à 10 millions de dôngs.
Thuy a également mis en place un modèle de tourisme communautaire, invitant les visiteurs à découvrir un espace culturel typiquement khmer. Les produits en bambou sont utilisés pour aménager les zones d’accueil, les salles d’exposition et les ateliers.
Les touristes peuvent ainsi non seulement visiter les villages artisanaux, mais aussi assister à des danses traditionnelles Rom Vong, goûter à la cuisine khmère, et participer à la fabrication du cốm dẹp - une véritable rencontre vivante entre deux savoir-faire emblématiques.
« Je veux que les visiteurs viennent ici pour soutenir les artisans locaux, pas pour moi », confie Thuy. « Chaque personne qui vit cette expérience devient un ambassadeur naturel et efficace de la culture khmère. »
Thuy précise que la coopérative fonctionne selon les principes de transparence et d’ouverture. Lorsqu’un groupe de visiteurs arrive, elle organise des ateliers de fabrication de cốm dẹp et des spectacles de danse avec les membres du club.
Chaque session permet aux participantes de gagner entre 150 000 et 200 000 dongs. Grâce à cela, les habitants peuvent conserver leurs métiers, faire du tourisme et augmenter leurs revenus, tout cela sans avoir à quitter leur village natal.