Cette solution est considérée comme un moyen efficace de positionner et de susciter l’intérêt pour les arts traditionnels dans la vie contemporaine.
Une illustration concrète de cette orientation est la représentation de la musique de cour de Hue offerte au président français Emmanuel Macron lors de sa visite officielle au Vietnam en mai dernier.
Le programme a démontré que les arts traditionnels ont pleinement la capacité d’assumer le rôle d’ambassadeur culturel dans les activités diplomatiques de haut niveau.
Récemment, à l’EXPO 2025 Osaka au Japon, qui se déroule jusqu’en octobre, le pavillon du Vietnam s’emploie activement à présenter et à promouvoir l’image du pays, de son peuple et de sa culture auprès du public international à travers des numéros artistiques remarquables tels que la marionnette sur l’eau, la danse du lotus, les concerts de dan tranh (cithare vietnamienne à seize cordes), de dan bau (monocorde vietnamien), de dan T’rung (xylophone en bambou des ethnies des Hauts Plateaux), de dan K’long put (instrument à vent en bambou joué avec les mains en les approchant des extrémités), de flûte de bambou et de tambours traditionnels.
Ces programmes illustrent de manière vivante la politique de préservation conjuguée à la mise en valeur du patrimoine dans la société contemporaine, tout en affirmant l’importance des arts traditionnels dans le parcours de développement durable de la littérature et des arts vietnamiens.
« Les représentations d’arts traditionnels dans l’espace diplomatique ne relèvent pas uniquement du protocole : elles en sont véritablement l’âme. Elles permettent aux partenaires internationaux de mieux comprendre et ressentir en profondeur le Vietnam, un pays non seulement en développement, mais aussi porteur d’une riche profondeur culturelle et de valeurs intérieures.
C’est pourquoi, à mon sens, chaque occasion de se produire ainsi constitue une opportunité en or pour affirmer l’identité culturelle vietnamienne : à la fois respectueuse et proche, mais aussi créative dans l’intégration sans se diluer. C’est par la voie de la culture que nous affirmons la stature et la position du pays », a souligné le professeur associé Bui Hoai Son, membre permanent de la Commission de la culture et des affaires sociales de l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, la présentation d’arts traditionnels lors de certaines cérémonies d’État, conférences internationales, semaines culturelles ou expositions revêt une grande signification.
Sur le plan diplomatique, il s’agit d’un moyen efficace de promouvoir l’image du pays et d’affirmer la profondeur culturelle de la nation.

L’intégration de l’art folklorique aux événements politico-diplomatiques constitue un moteur qui encourage les artistes à préserver leur métier et à nourrir la créativité.
Chaque apparition lors d’événements majeurs devient également une occasion de présenter, de valoriser et de renforcer la conscience collective quant à la préservation de l’identité culturelle nationale.
L’interprétation de la chanson Bac Bling par Hoa Minzy lors d’un grand événement national illustre parfaitement cette dynamique.
Ce qui rend cette prestation particulièrement remarquable, ce n’est pas seulement la portée de la chanson, mais aussi la présence du Premier ministre Pham Minh Chinh ainsi que de nombreux invités de haut rang.
Selon le professeur associé Nguyen Toan Thang, ancien directeur de l’Institut de la culture et du développement de l’Académie nationale de politique Ho Chi Minh, depuis 2015, la littérature et les arts vietnamiens se modernisent rapidement à travers les échanges avec les courants artistiques contemporains du monde.
En particulier, le modèle du Théâtre d’art contemporain est devenu une scène d’expérimentation pour de nombreux spectacles innovants et marquants. Plusieurs artistes se sont distingués dans les domaines de l’art contemporain.
Récemment, de jeunes artistes ont affirmé leur talent dans un environnement international, comme en témoignent les clips musicaux « De My noi cho ma nghe » de Hoang Thuy Linh et Bac Bling de Hoa Minzy, largement salués par le public tant au Vietnam qu’à l’étranger.

Cependant, afin d’assurer l’efficacité et la durabilité de cette démarche, les responsables estiment qu’elle doit être mise en œuvre de manière méthodique, avec une vision stratégique et des investissements cohérents.
L’art traditionnel doit être érigé en composante essentielle de la diplomatie culturelle nationale.
L’artiste émérite Loc Huyen, du Théâtre national des arts de la scène traditionnelle du Vietnam, estime que, comme de nombreuses autres formes d’art traditionnel, le théâtre classique vietnamien (tuong) est confronté à de grands défis dans le contexte d’une intégration internationale approfondie.
Elle propose ainsi plusieurs solutions pour construire et développer l’art théâtral traditionnel à l’ère de l’intégration et de la diplomatie culturelle : renforcer la formation spécialisée associée aux échanges internationaux ; rehausser le statut du tuong dans les missions politiques et culturelles nationales.
Elle souligne en particulier la nécessité d’instaurer rapidement un régime d’incitations spécifique afin de stimuler la création artistique.
Selon l’artiste du peuple Tran Ly Ly, présidente du conseil d’administration de l’Académie vietnamienne de danse, il est essentiel de remédier aux insuffisances actuelles en matière de formation — qu’il s’agisse des programmes, des méthodes d’enseignement, des infrastructures, du corps professoral ou encore des mécanismes de gestion et de coopération internationale. Ce n’est qu’à cette condition que des œuvres de qualité pourront véritablement atteindre le public international.
Le professeur associé Bui Hoai Son, membre permanent de la Commission de la culture et des affaires sociales de l’Assemblée nationale, souligne également que, pour que cette orientation soit véritablement efficace et durable, des solutions globales sont nécessaires.
Premièrement, il convient de mettre en place des politiques de reconnaissance et de valorisation dignes de ce nom à l’égard des artisans et artistes traditionnels, ceux qui préservent la mémoire culturelle de la nation à travers chaque numéro, chaque geste musical, et que l’on qualifie souvent de « trésors humains vivants ».
Deuxièmement, il est nécessaire d’élaborer une stratégie à long terme visant à intégrer les arts traditionnels dans les activités diplomatiques, depuis la sélection minutieuse des numéros adaptés à chaque type d’invité, jusqu’à l’investissement professionnel dans la mise en scène, les instruments et les costumes, afin que chaque prestation à l’étranger devienne une véritable opération de rayonnement culturel vietnamien, structurée et marquante.
Enfin, cette démarche devrait être reliée aux actions d’éducation culturelle à l’intérieur du pays, en introduisant les arts traditionnels à l’école, dans les communautés, et sur les scènes contemporaines, dans le but de créer un écosystème favorable au développement naturel et vivant de l’art populaire.
Que l’intégration des arts traditionnels dans la diplomatie culturelle ne reste pas purement symbolique, mais qu’elle devienne un véritable moteur de rayonnement de l’identité et de la créativité vietnamiennes à l’ère nouvelle.