Le cinéma vietnamien en pleine ascension : l’ère des films à cent milliards de dongs

Le cinéma vietnamien traverse une période d'essor spectaculaire. Porté par une vague de productions nationales qui franchissent aisément le cap symbolique des cent milliards de dongs de recettes, le secteur connaît un succès commercial retentissant.

Mưa đỏ (Pluie rouge) est projeté aux populations de Quang Tri. Photo : VNA.
Mưa đỏ (Pluie rouge) est projeté aux populations de Quang Tri. Photo : VNA.

Cette performance financière n'est pas seulement un chiffre, elle est la preuve tangible de l'attractivité grandissante des films locaux, qui captivent de plus en plus le public et redéfinissent la place de l'industrie cinématographique vietnamienne.

Selon les données du réseau Box Office Vietnam, de nombreux films ont dépassé ce seuil au cours des neuf premiers mois de 2025.

Comédies, romances, thrillers, drames ou films d’action : la diversité des genres témoigne d’un marché en plein dynamisme.

Des titres comme Chị dâu (La Belle-sœur), Bộ tứ báo thủ (Le Quatuor de la vengeance) ou Nụ hôn bạc tỷ (Le Baiser à un milliard) ont chacun engrangé entre 150 et plus de 300 milliards de dôngs (soit jusqu’à 11,38 millions de dollars), confirmant la vitalité du box-office national.

Si, autrefois, atteindre ce niveau de recettes est un exploit, il constitue aujourd’hui un objectif réaliste pour nombre de producteurs.

Une écriture plus aboutie, une mise en scène soignée, des effets spéciaux de qualité et des campagnes de promotion bien orchestrées ont permis de séduire un large public.

Ce dynamisme illustre une nouvelle ère pour le cinéma vietnamien, où les spectateurs sont prêts à payer pour des œuvres locales de qualité.

Parmi les succès récents, Mưa đỏ (Pluie rouge) et Tử chiến trên không (Combat dans les airs) se distinguent comme de véritables phénomènes.

Réalisé par Dang Thai Huyen, Mưa đỏ retrace les 81 jours de résistance héroïque des soldats vietnamiens à la citadelle de Quang Tri en 1972.

Dès sa sortie, le succès a été fulgurant : Trois jours après sa projection, le film pulvérisait déjà la barre des 100 milliards de dôngs de recettes.

Une semaine plus tard, il atteignait les 200 milliards de dôngs, s'imposant immédiatement comme le film de guerre le plus lucratif de toute l'histoire vietnamienne.

Avec près de 700 milliards de dôngs de recettes enregistrées à ce jour, Mưa đỏ ne fait pas que marquer l'histoire militaire, il s'impose sans conteste comme le plus grand succès commercial jamais enregistré par le cinéma national.

De son côté, “Tử chiến trên không”, réalisé par Ham Tran, aborde pour la première fois au Vietnam le thème du détournement d’avion, mêlant action, suspense et émotions humaines.

Sorti mi-septembre, le film a dépassé les cent milliards en seulement cinq jours, en tête du box-office dès la première semaine. Ce triomphe illustre l’ouverture du public vietnamien à des sujets audacieux et peu conventionnels.

Pour le critique Le Hong Lam, cette évolution reflète un changement profond dans le regard des spectateurs : « Les Vietnamiens ne recherchent plus seulement le divertissement. Ils s’intéressent de plus en plus aux œuvres porteuses de sens, qui interrogent l’histoire ou la société. »

Selon lui, si les films historiques, de guerre ou à portée politique bénéficient d’investissements suffisants, ils peuvent parfaitement conquérir le grand public. Cette tendance traduit également un besoin de fierté et d’émotion partagée chez la jeune génération vietnamienne, avide d’expériences cinématographiques porteuses de sens.

Affirmer la place du cinéma vietnamien

L'explosion des « films à cent milliards » dépasse largement la simple performance économique.

Ce succès fulgurant permet le cinéma vietnamien désormais de rivaliser efficacement sur la scène régionale.

Pour garantir la pérennité de cette dynamique, la qualité reste le maître-mot.

Le réalisateur Bui Trung Hai souligne que la clé du succès durable résidait dans la qualité du scénario et la créativité.

Le grand studio de cinéma, avec ses accessoires et effets spéciaux élaborés, suscite de plus grandes attentes et exigences de la part du public vietnamien. Photo : fournie par l'équipe du film

Le grand studio de cinéma, avec ses accessoires et effets spéciaux élaborés, suscite de plus grandes attentes et exigences de la part du public vietnamien. Photo : fournie par l'équipe du film

De son côté, le réalisateur Victor Vũ insiste sur la nécessité de diversifier les genres : au-delà des films historiques ou d’action, le public vietnamien aspire aussi à des comédies, drames sociaux, romances, films d’animation ou de science-fiction.

Une offre variée permettrait de toucher toutes les catégories de spectateurs et de renforcer l’intégration du cinéma vietnamien dans le paysage international.

Pour y parvenir, une formation solide des scénaristes, réalisateurs, techniciens et équipes marketing est indispensable, afin de garantir à chaque projet une préparation professionnelle et ambitieuse.

Le succès croissant des productions nationales marque l'atteinte d'une nouvelle étape de maturité pour l’industrie cinématographique vietnamienne.

Au-delà des chiffres records, cet essor se traduit par une confiance retrouvée et renforcée – chez les producteurs, les artistes, mais surtout au sein du public.

Il nourrit légitimement l'espoir d'un avenir où le cinéma vietnamien pourra non seulement affirmer pleinement sa place sur la scène régionale, mais aussi se positionner comme un acteur majeur et durable sur la carte du septième art mondial.

VNA/NDEL
Back to top