Ces idées ont été recueillies lors du Forum international intitulé « 35 ans d’établissement de relations diplomatiques entre le Vietnam et le Venezuela : Situation réelle et perspectives » organisé conjointement par l’Institut d’études américaines (Académie des sciences sociales du Vietnam) et l’ambassade du Venezuela au Vietnam le 29 août.
Vu Trung My, ambassadeur du Vietnam au Venezuela :
Profiter des opportunités de la zone économique du Venezuela
Sur le plan économique, la structure des produits du Vietnam et du Venezuela ne présente pas beaucoup de concurrence directe. Le Vietnam dispose d’avantages compétitifs dans les produits agricoles, les textiles, les chaussures, le caoutchouc, les composants et les équipements électroniques, tandis que le Venezuela possède des avantages dans l’exploitation minière, le pétrole et le développement de la production agricole.
Dans un contexte où les chaînes d’approvisionnement mondiales continuent de faire face à de nombreux défis, le Venezuela, avec une population d’environ 30 millions d’habitants, sera un marché potentiel pour les produits des entreprises vietnamiennes.
Le Venezuela, riche en ressources naturelles, bénéficiant d’un climat favorable et d’une position géographique stratégique, est une porte d’entrée vers les Caraïbes, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. En août 2023, il a créé cinq zones économiques spéciales, offrant ainsi des conditions favorables aux entreprises étrangères, dont les entreprises vietnamiennes, pour établir des bases de production et commerciales, desservant non seulement le marché vénézuélien, mais aussi le reste de la région.
Dans les temps à venir, il est nécessaire de renforcer les relations économiques, commerciales et d’investissement pour que celles-ci correspondent aux relations d’amitié et de confiance entre les deux pays. Les ministères et les entreprises des deux pays doivent rechercher de nouvelles méthodes de coopération réalisables et bénéfiques pour les deux pays, en particulier en créant des percées. Cela nécessite une coordination étroite et synchrone dans la mise en œuvre des engagements et des accords signés.
La Commission intergouvernementale devra renforcer son efficacité dans le suivi et la mise en œuvre des domaines de coopération prioritaires, tout en renforçant le rôle de contrôle de l’Assemblée nationale et des organes parlementaires sur la mise en œuvre des accords signés.
Les deux parties doivent également coopérer pour relancer les projets de coopération dans le domaine pétrolier, qui ont été un « goulet d’étranglement » dans les relations économiques et commerciales entre les deux pays ces derniers temps.
En outre, il est nécessaire de se concentrer sur d’autres domaines à fort potentiel tels que les télécommunications, l’agriculture et la santé, tout en encourageant les échanges commerciaux directs entre les entreprises, en réduisant les intermédiaires et en éliminant les obstacles aux procédures de paiement.
La coopération internationale entre les localités, ainsi que les échanges entre les peuples et la promotion culturelle doivent être renforcés. L’enseignement et l’apprentissage de l’espagnol et du vietnamien, ainsi que la compréhension des cultures respectives, constitueront un fondement solide pour les relations d’amitié et de coopération bilatérales dans les temps à venir.
Grâce à la solidarité et à l’amitié entre les deux peuples et aux efforts des deux pays, les relations entre le Vietnam et le Venezuela atteindront certainement de nouveaux sommets, contribuant ainsi au développement des deux pays, et au maintien de la paix, de la stabilité et de la coopération dans la région et dans le monde.
Dr Loc Thi Thuy, consultante stratégique à l’Institut d’études américaines (Académie vietnamienne des sciences sociales) :
Le marché potentiel aide le Vietnam à transformer sa structure économique
Le Venezuela est un marché plein de potentiel en matière d’énergie, de minéraux et de ressources naturelles, pouvant aider le Vietnam dans sa transition économique, passant d’une dépendance aux énergies fossiles à des énergies propres comme le cobalt, le lithium et le cuivre.
La coopération agricole et la production de biens de consommation devraient également être considérées comme des priorités majeures, surtout compte tenu de la jeune population du Venezuela, avec 70 % de la population âgée de moins de 40 ans.
Pour le Venezuela, sa coopération avec le Vietnam lui permettrait d’élargir ses relations commerciales et d’investissement en Asie du Sud-Est et au sein de l’ASEAN, tout en facilitant les négociations pour adhérer à des accords commerciaux tels que le Partenariat Trans-Pacifique Progressiste (PTPP) et l’Accord de partenariat économique régional complet (RCEP), d’autant plus que le Venezuela entretient déjà ses bonnes relations avec la Chine et le Japon.
Toutefois, les résultats obtenus dans les relations bilatérales ne correspondent pas encore au potentiel et aux atouts des deux pays. Les deux parties manquent d’informations l’une sur l’autre, qu’il s’agisse des marchés, de l’économie ou des politiques d’investissement. La distance géographique, la barrière linguistique et les différences culturelles d’affaires constituent également des défis à relever.
Afin de promouvoir ses relations diplomatiques avec le Venezuela, le Vietnam devra maintenir des visites de haut niveau entre les dirigeants des deux pays, tout en renforçant les échanges théoriques avec le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et le gouvernement du président Maduro. Une bonne compréhension de la culture et de la mentalité des Vénézuéliens aidera les entreprises vietnamiennes à étendre leurs investissements de manière plus efficace, évitant ainsi les investissements massifs et non stratégiques.
La création de bureaux de représentation commerciale et de missions économiques et la nomination de conseillers commerciaux dans les principales villes du Venezuela constituent également une étape nécessaire afin de développer les activités d’investissement et de commerce en Amérique latine.
De plus, la mise en œuvre de projets de culture du riz, de l’azolla et des fruits dans les régions du delta de l’Orinoco, du lac de Maracaibo et de l’Amazonie aidera le Venezuela à résoudre le problème de la pénurie alimentaire, tout en élargissant le marché d’exportation des produits agricoles vietnamiens en Amérique latine.
Développer l’agriculture biologique — une direction durable pour la coopération Vietnam-Vénézuela
Dr Ngo Kieu Oanh, experte en agriculture et tourisme rural :
Développer l’agriculture biologique — une direction durable pour la coopération Vietnam-Vénézuela
Le Venezuela dispose de conditions naturelles favorables au développement de l’agriculture biologique et du tourisme rural. Le Vietnam peut l’aider à cultiver du riz biologique, non seulement pour répondre aux besoins intérieurs, mais aussi pour exporter vers d’autres pays d’Amérique latine.
Un autre domaine prometteur est la recherche et l’application de l’azolle dans l’agriculture. L’azolle peut être utilisée comme engrais biologique, augmentant ainsi le rendement du riz et améliorant la qualité de l’eau dans les rizières. De plus, elle peut être utilisée comme aliment pour le bétail, comme agent de purification de l’eau et dans la production de médicaments. La coopération et l’échange d’expériences et de technologies entre le Vietnam et le Venezuela dans ce domaine pourraient apporter de nombreux avantages aux deux parties, tout en contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à protéger l’environnement.