Le Vietnam doit en profiter pour développer davantage les industries de soutien

Dans le processus d’industrialisation et de modernisation, l’industrie de soutien joue un rôle central, déterminant la capacité d’un pays à s’intégrer en profondeur dans les chaînes de valeur mondiales. Pourtant, malgré de nombreux atouts, ce secteur au Vietnam ne s’est pas encore développé à la hauteur de son potentiel.

L’industrie de soutien constitue bel et bien la « clé » permettant au Vietnam de passer du statut de sous-traitant à celui de centre de production à forte valeur ajoutée. Photo : congthuong.vn
L’industrie de soutien constitue bel et bien la « clé » permettant au Vietnam de passer du statut de sous-traitant à celui de centre de production à forte valeur ajoutée. Photo : congthuong.vn

Une opportunité à saisir

Plus de 522 milliards de dollars d’IDE injectés au Vietnam jusqu’en juillet 2025, ainsi que la présence de grands groupes, tels que Samsung, LG, Toyota ou Intel, illustrent clairement l’attractivité du marché vietnamien. Leur objectif commun : accroître le taux de localisation. Autrement dit, l’industrie de soutien nationale se trouve face à une opportunité en or pour devenir un maillon essentiel des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Il ne s’agit pas seulement d’engagements d’investissement : certains groupes accompagnent directement les entreprises locales. Samsung, par exemple, a collaboré avec le ministère de l’Industrie et du Commerce pour développer des usines intelligentes et former des centaines d’experts dans le domaine de l’industrie de soutien. Parallèlement, le gouvernement a réaffirmé sa volonté politique avec le décret no 205/2025/NĐ-CP, introduisant une série d’avantages pour les entreprises. Autant de signaux positifs ouvrant la voie au développement du secteur.

Cependant, opportunité ne rime pas nécessairement avec succès. La majorité des entreprises vietnamiennes de l’industrie de soutien restent de petite taille, dotées de capacités financières limitées, avec un accès difficile aux crédits, aux avantages fiscaux ou aux infrastructures. Le principal défi demeure le respect des normes de qualité, une exigence incontournable des chaînes d’approvisionnement mondiales, mais dans laquelle nombre d’entreprises vietnamiennes hésitent encore à investir.

Sans lever ces « verrous », les entreprises locales resteront en marge du jeu, tandis que les bénéfices majeurs continueront de revenir aux investisseurs étrangers.

La nécessité d’un tournant décisif

Pour exploiter pleinement cette conjoncture, l’État doit offrir un véritable tremplin à travers des politiques plus concrètes : développer des centres de test et de certification permettant aux entreprises d’obtenir des labels internationaux ; mettre en place des espaces de start-up et des ateliers partagés pour la recherche et la fabrication. En parallèle à cela, il convient d’élargir les initiatives de mise en relation, à l’instar du Salon FBC ASEAN 2025 à venir, afin de faciliter l’accès des entreprises aux technologies, aux marchés et aux partenaires mondiaux.

Mais plus encore, les entreprises vietnamiennes elles-mêmes doivent être actrices du changement. Elles ne peuvent indéfiniment compter sur les incitations ou soutiens publics : il leur faut investir dans la technologie, les normes et la gouvernance. Ce n’est qu’à cette condition que l’industrie de soutien pourra devenir un moteur endogène, au lieu de dépendre de forces extérieures.

L’industrie de soutien constitue bel et bien la « clé » permettant au Vietnam de passer du statut de sous-traitant à celui de centre de production à forte valeur ajoutée. L’opportunité est là, mais sans action résolue, elle risque de s’évanouir rapidement. Le choix appartient au gouvernement et à la communauté des entreprises : saisir l’occasion pour s’élancer, ou laisser l’industrie de soutien demeurer au stade du potentiel.

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