La finale de la 2e étape du SEA V.League, disputée le 10 août au soir à Ninh Binh, a débuté sous de mauvais auspices pour le Vietnam. Face à la puissance thaïlandaise, la défense arrière manquait de cohésion, la réception était instable, rendant inopérant le jeu d’attaque rapide habituel. L’équipe visiteuse imposait son rythme, multipliait les services difficiles, exploitait les espaces et remportait aisément les deux premiers sets 25-17 et 26-24.
Le tournant est venu lorsque l’entraîneur Nguyen Tuan Kiet a remplacé Nguyen Thi Uyen par Nhu Quynh, optant pour des attaques plus fréquentes aux postes 2 et 4 afin d’éviter l’affrontement direct avec le bloc adverse. L’association de Vi Quynh, Bich Tuyen et Bich Thuy a étiré la défense thaïlandaise, créant des brèches pour des combinaisons rapides au centre. Thanh Thuy, en plus de ses attaques efficaces, a joué un rôle défensif précieux, tel un deuxième libero.
Le système défensif, renforcé, a permis de lancer des contre-attaques gagnantes, offrant au Vietnam les deux sets suivants (25-17, 25-22) et égalisant à 2-2. Le set décisif fut âprement disputé : le Vietnam maintenait une stratégie de service contraignant l’adversaire à une réception éloignée du filet, limitant ses attaques centrales. Les frappes vietnamiennes exploitaient systématiquement l’espace entre les postes 5 et 6 de la Thaïlande, s’imposant 16-14 et mettant fin à plus de 30 ans de défaites, dont 11 finales de SEA Games.
Les médias internationaux ont rapidement salué cette performance. Matichon (Thaïlande) a reconnu la nette amélioration du Vietnam. La Confédération asiatique de volley-ball a loué une « remontada magistrale » face à une équipe championne huit fois de suite, soulignant que le Vietnam avait su se libérer de son jeu dominé pour s’imposer avec confiance et flexibilité.
Cette victoire est le fruit d’une préparation méthodique de longue date. Le Département général de l’éducation physique et des sports, la Fédération vietnamienne de volleyball et plusieurs générations d’entraîneurs ont poursuivi avec constance le rajeunissement de l’effectif, en offrant leur chance à de jeunes talents comme Nhu Quynh, Luu Thi Hue ou Kim Thanh, aux côtés de piliers expérimentés tels que Thanh Thuy, Bich Thuy et Bich Tuyen.
La préparation a porté sur la technique, la tactique et la capacité d’adaptation. Les stages et compétitions à l’étranger ont amélioré la défense arrière – un élément clé face aux équipes à attaque rapide. Le Championnat national, rénové, a permis aux joueuses de se mesurer à des étrangères de haut niveau. Le staff technique a également mis l’accent sur la solidité mentale : analyse vidéo des adversaires, scénarios d’entraînement et encouragement à la prise d’initiative en situation tendue.
La finale du 10 août en est l’illustration parfaite : menée 0-2, l’équipe n’a pas flanché et a renversé le cours du match. Ce succès ne se résume pas à un titre : il marque le début d’une nouvelle ère où le volleyball féminin vietnamien n’est plus un simple poursuivant, mais un concurrent à part entière de la Thaïlande. En maintenant cette dynamique et en investissant sur la durée, l’objectif suprême aux SEA Games est pleinement à sa portée.