Le changement climatique représente des défis et des opportunités pour les entreprises vietnamiennes, car les marchés mondiaux privilégient de plus en plus les produits et services durables, ont déclaré des économistes et des experts du secteur.
Pham Minh Huong, directeur des services de conseil en développement durable et changement climatique chez Deloitte Vietnam, a souligné que les entreprises peuvent exploiter un nouveau potentiel en développant des produits respectueux de l’environnement et en améliorant l’efficacité énergétique.
Selon le ministère de l’Industrie et du Commerce, si le Vietnam augmentait son taux d’efficacité énergétique de 1,8 % à 2 %, cela aurait un impact équivalent à une réduction de moitié de la production d’électricité à partir du charbon, actuellement la principale source d’émissions de carbone du pays.
Des entreprises comme Hoa Phat ont déjà commencé à investir dans des technologies d’acier vert, adoptant des énergies renouvelables pour réduire leurs émissions. Ces efforts répondent aux exigences réglementaires et contribuent à accroître leur part de marché dans les économies développées.
Malgré des exemples prometteurs, l’adoption des critères ESG au Vietnam reste limitée.
Lê Hoàng Hai, directeur adjoint du département de surveillance des sociétés cotées à la Commission nationale des valeurs mobilières du Vietnam (SSC), a révélé que seulement 14 % des plus de 700 sociétés cotées au Service des transactions boursières de Hô Chi Minh-Ville (HoSE) publient des rapports de développement durable indépendants. Ce chiffre tombe sous la barre des 5 % si l’on se limite aux sociétés auditées.
Le principal obstacle réside dans l’absence de cadre juridique complet et de directives spécifiques en matière de normes ESG. Pour y remédier, la SSC collabore avec la Société financière internationale (IFC) afin d’élaborer un ensemble national de normes ESG, prévu d’ici 2026. L’objectif est d’aider les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent 97 % du total des entreprises vietnamiennes, à se conformer aux réglementations internationales.
Le vice-président et secrétaire général de l’Association vietnamienne des experts-comptables agréés (VACPA), Trân Khanh Lâm, considère l’assurance ESG comme une opportunité commerciale pour les auditeurs et un moteur d’amélioration de la gouvernance d’entreprise.
En 2023, plus de 500 auditeurs ont participé aux programmes de formation IFRS S1 et S2 organisés conjointement par la VACPA et l’Association des experts-comptables agréés (ACCA). Cependant, Trân Khanh Lâm a reconnu que la pénurie d’experts dans les domaines environnementaux et technologiques constitue un obstacle à la réalisation d’audits ESG de qualité.
Un rapport récent de PwC Vietnam révèle que seulement 20 % des auditeurs possèdent actuellement des connaissances de base en ESG, soulignant la nécessité d’une formation continue et d’un développement des ressources humaines.
Simon C.Y. Wong, expert international en gouvernance, a averti que les pertes économiques liées au climat pourraient atteindre 38 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale d’ici 2049 sans action urgente. Cela souligne la nécessité d’une gouvernance d’entreprise résolue qui intègre les risques environnementaux et sociaux.
Des entreprises vietnamiennes de premier plan telles que Vinamilk et PAN Group offrent des exemples de réussite. Vinamilk a développé des fermes laitières certifiées Global GAP et intégré des pratiques ESG à l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement afin de réduire ses émissions. Parallèlement, le groupe PAN a appliqué les normes internationales de gouvernance pour améliorer la durabilité de ses opérations.
Pham Minh Huong, directeur des services de conseil en développement durable et changement climatique chez Deloitte Vietnam, a souligné que la gouvernance ne se limite pas à la conformité, mais constitue un fondement pour atteindre les objectifs environnementaux et sociaux. La mise en œuvre de normes internationales telles que les normes IFRS S1 et S2 favorise la transparence et renforce la crédibilité sur les marchés mondiaux.
Par exemple, les exportateurs vietnamiens de produits de la mer ont utilisé ces cadres pour satisfaire aux exigences en matière d’ESG rigoureuses des marchés de l’UE et des États-Unis, où la durabilité est devenue un critère d’évaluation crucial.
Lê Hoàng Hai, directeur adjoint du département de surveillance des sociétés cotées à la Commission nationale des valeurs mobilières du Vietnam (SSC), a réaffirmé que le cadre réglementaire vietnamien est en pleine évolution.
Les obligations de gouvernance d’entreprise sont déjà définies dans la loi sur les valeurs mobilières de 2019 et le décret n°155/2020/NĐ-CP du gouvernement. La SSC a intensifié son contrôle des informations ESG et imposé des sanctions sévères aux entreprises non conformes.
En 2023, 15 sociétés cotées ont été sanctionnées pour publication tardive ou opaque de rapports de développement durable, signe d’une application renforcée des règles. Ces efforts réglementaires aident les entreprises à s’adapter aux risques climatiques et à saisir les opportunités d’une économie mondiale plus verte.