Les entreprises vietnamiennes face aux nouvelles opportunités dans le nucléaire et l’éolien en mer

Le Vietnam vient de franchir une étape décisive dans sa stratégie énergétique. Après plusieurs années d’interruption, le pays a officiellement relancé les projets de centrales nucléaires de Ninh Thuan 1 et 2.

Photo : Congthuong.
Photo : Congthuong.

En parallèle, l’éolien en mer est désormais défini comme un secteur de rupture, porteur d’un potentiel considérable pour le développement d’une industrie nationale des énergies renouvelables. Ces choix stratégiques, inscrits dans la Planification électrique VIII et les résolutions récentes du gouvernement, ouvrent largement la porte aux entreprises vietnamiennes, appelées à jouer un rôle central dans la transition énergétique.

Une double orientation stratégique

Le redémarrage des projets nucléaires à Ninh Thuan traduit la volonté des autorités de diversifier le mix énergétique et de garantir la sécurité d’approvisionnement à long terme. Le nucléaire, source d’électricité stable et faiblement émettrice de carbone, est considéré comme une réponse nécessaire face à la demande croissante d’énergie et aux engagements climatiques du Vietnam.
Dans le même temps, l’éolien en mer a été désigné comme un domaine prioritaire. Les ressources naturelles abondantes sur le littoral offrent un potentiel estimé à plusieurs dizaines de gigawatts. Le gouvernement a fixé un objectif de 6 GW installés d’ici 2030, plaçant cette filière au cœur de la stratégie de développement énergétique vert.

Des opportunités inédites pour les entreprises vietnamiennes

Les résolutions 68 et 70 du gouvernement insistent sur la nécessité d’ouvrir au maximum le marché aux acteurs domestiques. L’ambition affichée est claire : permettre aux entreprises vietnamiennes de maîtriser progressivement l’ensemble de la chaîne technologique, depuis la fabrication des turbines jusqu’à l’exploitation et la maintenance des parcs. À terme, l’objectif est d’atteindre un taux d’intégration locale de 100 % lorsque la taille du marché le permettra.

Cette orientation devrait créer un puissant écosystème industriel. L’éolien en mer, en particulier, est susceptible de générer des centaines de milliers d’emplois et de favoriser la naissance de zones industrielles vertes le long des côtes. Les entreprises locales se trouvent donc face à une « fenêtre d’opportunité » historique pour s’imposer dans un secteur encore largement dominé par les technologies étrangères.

Petrovietnam, locomotive de la filière

Parmi les acteurs appelés à jouer un rôle de premier plan, Petrovietnam occupe une position stratégique. Fort d’un demi-siècle d’expérience dans l’industrie pétrolière et gazière, le groupe dispose des capacités techniques, financières et humaines nécessaires pour prendre en charge l’ensemble du cycle des projets éoliens en mer : études de conception, construction, installation, exploitation et maintenance. Sa participation est perçue comme un gage de crédibilité pour l’essor d’une filière nationale.

De plus, l’expertise accumulée par Petrovietnam dans l’offshore pétrolier pourrait être directement transférée à l’éolien, réduisant les coûts d’apprentissage et accélérant la montée en puissance des capacités locales.

Des obstacles considérables

Cependant, les ambitions affichées se heurtent à des défis majeurs. Le nucléaire représente un investissement colossal : la construction d’une centrale nécessite plus de 10 milliards de dollars, une somme largement supérieure aux capacités de financement des entreprises vietnamiennes. Les risques de surcoût et de dépassement de délais sont également une source d’inquiétude. Le choix de la technologie, les conditions de sûreté et le cadre juridique devront être soigneusement maîtrisés pour garantir la faisabilité des projets.

Dans le cas de l’éolien en mer, les difficultés sont d’un autre ordre. Malgré l’objectif fixé à 6 GW d’ici 2030, aucun projet n’est encore entré en phase d’exploitation. De nombreux dossiers restent bloqués par des procédures administratives complexes, des incertitudes réglementaires et des négociations prolongées sur les tarifs de rachat de l’électricité. À cela s’ajoutent les contraintes techniques liées aux fonds marins, aux conditions météorologiques et aux infrastructures portuaires encore limitées.

Une transition qui exige une stratégie cohérente

Pour transformer ces orientations politiques en succès industriel, il est indispensable de définir une stratégie cohérente et à long terme. Cela suppose une mobilisation coordonnée de l’État, des entreprises publiques et privées, ainsi que des partenaires financiers. Le développement d’une base technologique nationale passera par des transferts de savoir-faire, des programmes de formation et un renforcement de la recherche appliquée.

Il faudra également créer un cadre légal clair et stable, afin de rassurer les investisseurs et de faciliter le financement des projets. Les expériences passées montrent qu’un environnement réglementaire prévisible est la condition essentielle pour attirer les capitaux et accélérer la mise en service des infrastructures.

En relançant le nucléaire et en misant sur l’éolien en mer, le Vietnam envoie un signal fort sur ses ambitions énergétiques. Ces deux secteurs, complémentaires, peuvent contribuer à assurer la sécurité énergétique, réduire les émissions de carbone et soutenir une croissance économique durable. Mais au-delà des annonces politiques, la réussite dépendra de la capacité des entreprises vietnamiennes à s’approprier la technologie, à relever les défis financiers et à transformer les obstacles en opportunités.

Si cette dynamique est menée à bien, le Vietnam pourrait non seulement satisfaire sa demande interne, mais aussi se positionner comme un futur hub régional des énergies propres. Pour les entreprises locales, l’heure est venue de saisir leur chance et de s’imposer comme des acteurs incontournables de la transition énergétique nationale.

NDEL
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