Les Français et leur processus de promotion du tourisme en Indochine

Parallèlement au processus de colonisation et d'exploitation au début du XXe siècle en Indochine, les Français se sont concentrés sur la recherche et l'exploitation de lieux touristiques pour servir les capitalistes et les fonctionnaires du gouvernement colonial.

Au vu du grand potentiel touristique de l'Indochine, une terre dotée de paysages naturels majestueux, de magnifiques vestiges historiques et d’une culture diversifiée, les Français ont mené de nombreuses activités pour promouvoir cette colonie auprès du monde. L’objectif n’était pas seulement d’attirer les investissements, mais aussi de démontrer les succès de leur exploitation coloniale.

Créer un comité de gestion du tourisme

Selon les documents fournis par le Centre national des archives no 1 (relevant de la Direction d’État des archives du Vietnam), le Comité central du tourisme a été créé en 1923, placé sous la présidence du gouverneur général de l'Indochine. Ce comité était composé de hauts fonctionnaires et de représentants de différents domaines comme la presse, l'hôtellerie, l'hébergement et les transports.

Toujours en 1923, l'Office central du tourisme relevant du Département d'économie a vu le jour, avec pour mission de promouvoir le tourisme indochinois, d’établir des circuits touristiques et d’organiser des activités touristiques.

La route mandarine est une route percée au XIXe siècle, sous l'empereur Gia Long, et qui relie le Sud du Viêt Nam (Cà Mau, dans le delta du Mékong) à la région de Lang Son, au nord, près de la frontière chinoise (poste de Ðồng Ðan). Elle est appelée route mandarine, car elle permettait autrefois aux mandarins et hauts fonctionnaires annamites de parcourir le pays. Ses 1 730 kilomètres relient Hanoï aux villes principales du pays : Hué (ancienne capitale impériale), Da Nang, Nha Trang et Saïgon. Son itinéraire est aujourd'hui en partie repris par la route nationale 1.

En 1937, cet office a lancé 10 000 prospectus sur l’Indochine, 10 000 cartes touristiques en langue française, anglaise et néerlandaise, 30 000 dépliants sur Angkor, 10 000 brochures sur la route mandarine au Vietnam (une route percée au XIXe siècle, sous l'empereur Gia Long, et qui relie le Sud du Vietnam à la région de Lang Son, au nord, près de la frontière chinoise), et 20 000 cartes de Saigon. Il a également participé à de nombreuses expositions et foires touristiques à Batavia, Saigon, Hanoï, Hai Phong et Phnom Penh.

Première page du décret portant sur la création du Comité central du tourisme, le 27 juillet 1923. Photo : Centre national des archives no 1.

Première page du décret portant sur la création du Comité central du tourisme, le 27 juillet 1923. Photo : Centre national des archives no 1.

Publier des guides de voyage

En 1918, Claudius Madrolle a initié la rédaction du guide de voyage « Indochine du Nord » avec le soutien du gouvernement tonkinois. Ce livre a été publié en 1923 et réimprimé deux fois, fournissant des informations générales sur l'histoire, la géographie, l'archéologie, l'ethnologie et les circuits touristiques dans le nord de l'Indochine. La région de l'Indochine du Sud a été ajoutée par Madrolle en 1926 dans son livre intitulé « Indochine du Sud ».

Pendant cette période-là, de nombreux autres auteurs tels que Norès et Taupin ont également publié d'importants guides de voyage sur l’Indochine, qui ont permis aux touristes d’explorer cette région à travers des cartes détaillées et des itinéraires touristiques suggérés par eux.

En outre, plusieurs guides ont présenté des informations détaillées sur des attractions touristiques célèbres telles que Da Lat, Ngu Hanh Son ou l’Indochine du Centre.

Participer à des foires et expositions internationales

Le département économique d'Indochine avait la mission de promouvoir l'image touristique de l'Indochine à travers des foires et expositions dans la région comme à l'étranger.

Lors d’une exposition internationale à San Francisco en 1919, le stand de l'Indochine a attiré près d'un million de visiteurs, notamment le stand touristique. Cela a suscité l'intérêt des Américains pour l'exploration de cette terre d'Extrême-Orient.

Puis, lors d’une exposition internationale à Paris en 1931, la France a recréé de célèbres reliques de l'Indochine, dont le temple d'Angkor. Cet événement a attiré jusqu'à 8 millions de visiteurs et a permis de présenter au public le potentiel de développement touristique en Indochine.

Couverture du "Guide touristique général de l'Indochine", écrit par G.Taupin & Cie. Photo : Bibliothèque nationale de France.
Couverture du "Guide touristique général de l'Indochine", écrit par G.Taupin & Cie. Photo : Bibliothèque nationale de France.

Efforts des associations de promotion du tourisme

Selon le Centre national des archives no 1, à cette époque-là, de nombreuses associations de promotion du tourisme ont été fondées, à savoir l'Association de promotion du tourisme de Sa Pa, celle de Tam Dao et celle de Hanoï. Puis, ces associations ont fusionné en une organisation appelée l'Union de promotion du tourisme de l'Indochine du Nord, qui était chargée de promouvoir le tourisme régional et d'établir des liens de coopération avec les organisations à l'intérieur et à l'extérieur de la région.

L'Office du tourisme d'Indochine, placé sous les auspices de l'Union de promotion du tourisme, a publié la revue du tourisme indochinois en 1923 et en a diffusé 30 000 exemplaires dans le monde.

Tous ces efforts ont permis de placer l'Indochine sur la carte du tourisme international. Pourtant, en raison des limitations de transports, le nombre de visiteurs étrangers en Indochine est resté très modeste au début du XXe siècle.