Selon les données du ministère vietnamien de l'Agriculture et de l'Environnement, au cours des deux premiers mois de cette année, le chiffre d'affaires des exportations nationales de produits agricoles, sylvicoles et aquatiques a atteint 9,38 milliards de dollars, soit une augmentation de 8,3 % par rapport à la même période de 2024.
Parmi les marchés traditionnels, l'Asie est le plus grand débouché du Vietnam, représentant 42,2 % des exportations totales de produits agricoles, sylvicoles et aquatiques vietnamiens, suivie de l'Amérique et de l'Europe, avec respectivement 24,2 % et 15,5 %.
Dans le contexte d’une intégration internationale de plus en plus profonde, les produits agricoles vietnamiens doivent répondre aux exigences strictes des marchés étrangers, dont celles liées à la qualité des produits, à la sécurité alimentaire et à l’environnement de production. Il s’agit des défis majeurs pour les produits agricoles vietnamiens dans le processus d’intégration et de concurrence mondiale.
Renforcer le contrôle de la qualité des produits agricoles à l’exportation
Actuellement, l’Union européenne (UE), un des plus grands débouchés du Vietnam, applique des réglementations de plus en plus strictes en matière d’hygiène alimentaire et de durabilité pour les produits agricoles frais. Par ailleurs, les produits agricoles frais destinés au marché européen doivent obligatoirement être accompagnés d’un certificat phytosanitaire.
Début le début de 2025, l’UE a mis en œuvre de nouvelles réglementations sur l’agriculture biologique, avec l’accent mis sur la promotion des produits bio et la protection des indications géographiques associées.
Ainsi, tous les pays, dont le Vietnam, doivent adapter et réglementer leurs activités commerciales afin de garantir l’accès de leurs marchandises au marché européen. Cette évolution s’inscrit également dans une dynamique plus large de promotion de l’agriculture biologique et de la transformation agroécologique au Vietnam.
Parmi les produits vietnamiens exportés vers l’UE figurent notamment poivre, épices, cannelle, noix de cajou, poudre de cacao, riz et huile de coco. Toutefois, les pays européens durcissent les règles encadrant l’importation de ces produits, notamment en matière de reconnaissance des organismes certificateurs et de délivrance des certifications biologiques, dans le cadre d’une stratégie visant à réglementer plus strictement les produits bio importés.
L’UE applique des normes de sécurité et de qualité alimentaires particulièrement exigeantes. Les produits doivent satisfaire aux réglementations SPS (sécurité sanitaire, quarantaine alimentaire, additifs, etc.), avec des seuils de résidus de conservateurs alimentaires extrêmement bas.
« La plupart des produits agroalimentaires du Vietnam respectent les exigences de sécurité alimentaire et de quarantaine végétale. Toutefois, dans certaines industries émergentes ou zones de production, plusieurs entreprises n’ont pas encore standardisé leurs processus de fabrication ni appliqué rigoureusement les réglementations du marché, ce qui peut entraîner des infractions », a déclaré Ngô Xuân Nam, directeur adjoint du bureau de SPS Vietnam.
Pour que les produits agricoles vietnamiens répondent aux normes exigées par l’UE et d’autres marchés d’importation, ils doivent être contrôlés dès leur culture. De plus, les entreprises doivent s’adapter aux nouvelles réglementations européennes, a souligné Ngô Xuân Nam.
« À l’avenir, nous devrons surveiller de près la qualité des produits agricoles à l’exportation. Jusqu’à présent, nous nous concentrons principalement sur le contrôle de la qualité du produit fini. Cependant, afin de garantir la conformité des produits et d’éviter tout risque lié aux engrais, pesticides ou méthodes de culture, nous devons également surveiller l’ensemble du processus de production, afin d’assurer la salubrité de nos produits agricoles », a-t-il indiqué.
Tout comme les autorités compétentes, les entreprises doivent se tenir informées des réglementations européennes afin d’améliorer la qualité de leurs produits.
Face aux exigences rigoureuses en matière de contrôle de la sécurité et des bonnes pratiques agricoles imposées par les marchés importateurs, il est recommandé à la filière agricole d’intensifier la gestion de la qualité des produits agricoles, en particulier des fruits destinés à l’exportation, sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Cela inclut la sélection des souches, l’utilisation des engrais et des pesticides, ainsi que les processus de récolte et de transformation.
Depuis quelques années, les tendances de consommation sont de plus en plus tournées vers le naturel, les produits biologiques, ou encore les produits plus sains et plus respectueux de l'environnement. Cela exige les pays importateurs à appliquer des mesures plus strictes dans le contrôle de la qualité des produits.
Le fait que les pays renforcent leur contrôle sur la qualité des produits agricoles constitue un défi, mais aussi une grande opportunité pour le Vietnam. Pour améliorer la qualité de ses produits et sa compétitivité sur le marché international, le Vietnam doit promouvoir ses investissements dans le développement des technologies avancées, des ressources humaines qualifiées et des produits profondément transformés.
Il est également nécessaire d’élaborer des politiques de soutien aux agriculteurs et aux entreprises domestiques dans le but d’augmenter la valeur et la qualité des produits agricoles et de promouvoir le développement durable de l’industrie agricole.
Sensibiliser à l'agriculture biologique et durable
Face aux défis du changement climatique et de la sécurité alimentaire, la transition vers une agriculture plus durable est devenue une priorité pour le Vietnam.
L’un des facteurs les plus importants pour améliorer la qualité des produits agricoles est de renforcer la sensibilisation des agriculteurs à la nécessité de développer une agriculture saine et durable. Cela permettra de garantir la sécurité alimentaire et la protection de l’environnement.
Il importe pour le gouvernement et les organes concernés de mettre en œuvre des mécanismes et des politiques appropriées pour soutenir le développement de zones de production agricole biologique, ainsi que pour inviter les entreprises et les coopératives à investir dans la culture des produits bio.
Il est essentiel d’aider les agriculteurs à maîtriser les techniques de production agricole moderne et durable, en réduisant la dépendance aux produits chimiques et aux pesticides. Cela favorisera l’accès des produits agricoles vietnamiens sur les marchés internationaux.
Renforcer l’application de la haute technologie
L'application des hautes technologies est en passe de devenir une tendance inéluctable dans la production agricole, permettant la modernisation du secteur, la réduction de la dépendance aux conditions climatiques et l'augmentation du rendement.
Les technologies d’irrigation intelligente et de traitement des résidus de pesticides ou encore les systèmes de contrôle automatique de la qualité des produits aideront à garantir une qualité stable des produits agricoles, tout en minimisant les risques liés à l’environnement et à la santé des consommateurs.
Actuellement, de nombreuses normes de sécurité alimentaire et certifications internationales ont été mises en place, telles que VietGAP, GlobalGAP ou le label biologique. Pourtant, il est nécessaire de promouvoir une coopération étroite entre les organes compétents et les entreprises pour assurer la qualité des produits destinés à l’exportation, notamment ceux exportés vers les marchés exigeants, comme la Chine, le Japon, les États-Unis et l’UE.
Développer des produits agricoles transformés en profondeur
Selon les experts, le Vietnam se classe actuellement au 20e rang mondial des exportateurs parmi 240 économies, et figure parmi les leaders mondiaux pour plusieurs produits clés, tels que le riz, le café, la noix de cajou, le textile-habillement et la chaussure.
Cependant, les exportations vietnamiennes restent confrontées à des défis significatifs, notamment en termes de durabilité. Bien que le chiffre d'affaires des exportations soit élevé, la valeur ajoutée demeure relativement faible, car l'accent est souvent mis davantage sur la quantité que sur la qualité et l'efficacité.
Par ailleurs, les produits exportés intègrent encore peu de technologies et de savoir-faire scientifique, le Vietnam n'exploitant pas pleinement ses avantages concurrentiels en matière d’innovation, de productivité et de technologies. Les exportations reposent encore largement sur la main-d'œuvre et les ressources naturelles, ce qui peut avoir un impact négatif sur l’environnement.
Pour augmenter la valeur ajoutée et améliorer la compétitivité de ses produits agricoles sur les marchés étrangers, le Vietnam doit se concentrer davantage sur l'investissement dans la transformation en profondeur.
Les entreprises vietnamiennes doivent accorder de l’importance à la création de marques nationales et aux activités de marketing pour augmenter la valeur commerciale des produits agricoles vietnamiens.
Promouvoir la coopération internationale
Le Vietnam doit promouvoir une coopération plus étroite avec les organisations internationales dans l’élaboration et l’application des normes de qualité internationales. Parallèlement à cela, il faut tirer le meilleur parti des accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux dont le Vietnam est membre, afin de renforcer la présence des produits agricoles vietnamiens sur les marchés internationaux.