Les produits agricoles vietnamiens cherchent à conquérir de nouveaux marchés

Face aux défis de la concurrence, aux barrières tarifaires et à la baisse de la demande sur les marchés “traditionnels”, les produits agricoles vietnamiens cherchent à entrer sur de nouveaux marchés.
Transformation des produits agricoles. Photo: VTV.
Transformation des produits agricoles. Photo: VTV.

Lors des deux premiers mois de 2025, les exportations vietnamiennes de produits agricoles, sylvicoles et aquatiques ont atteint 9,38 milliards de dollars, soit une augmentation de 8,3 % en un an.

Plusieurs produits phares comme le riz, le café, la noix de cajou et les fruits et légumes ont maintenu leur part de marché et accru leur valeur.

De nombreux défis à relever

Cependant, malgré ces résultats encourageants, le secteur agricole vietnamien fait face à de nombreux défis.

Tout d'abord, la demande mondiale s'affaiblit et les prix agricoles chutent, en particulier sur les marchés clés. Des économies majeures comme les États-Unis, l'Union européenne (UE) et la Chine connaissent des difficultés économiques, entraînant une baisse de leurs importations agricoles.

De plus, l’évolution des habitudes de consommation dans ces marchés exige des entreprises vietnamiennes qu'elles améliorent leurs capacités de production et la qualité de leurs produits. Or, une telle adaptation nécessite du temps.

En outre, la baisse des prix agricoles résulte d'une offre excédentaire sur de nombreux marchés. Par ailleurs, les réglementations en matière de certification environnementale et de durabilité du travail, en particulier en Europe et aux États-Unis, exercent une pression croissante sur les exportateurs vietnamiens.

Ngô Xuân Nam, directeur adjoint du bureau SPS Vietnam (ministère de l'Agriculture et de l'Environnement), a souligné un autre défi majeur: les barrières techniques imposées par les marchés d'importation.

L'UE et les États-Unis ont émis plusieurs avertissements concernant la qualité des produits, les résidus de pesticides et la traçabilité. En 2024, le Vietnam a reçu 114 avertissements de l'UE.

Récemment, les États-Unis ont interdit sept substances actives présentes dans les résidus de pesticides et exigé des numéros de traçabilité pour les zones de culture et d'emballage délivrés par le Département de l’Agriculture des États-Unis. L'UE, quant à elle, a durci ses contrôles en augmentant de 10 % à 20 % le taux d’inspection des pesticides interdits sur plusieurs fruits.

Par ailleurs, la nouvelle politique tarifaire du président américain et les tensions commerciales croissantes entre les États-Unis et la Chine ont un impact négatif sur le développement des exportations agricoles vietnamiennes vers les marchés “traditionnels”.

À la recherche de nouveaux débouchés

Ces défis imposent aux entreprises vietnamiennes d'améliorer leur compétitivité tout en cherchant de nouveaux marchés pour leurs produits agricoles.

"Face aux risques liés aux nouvelles politiques tarifaires américaines et à l’instabilité commerciale entre les États-Unis et la Chine, il est crucial d'explorer de nouveaux marchés pour maintenir la croissance des exportations agricoles", a affirmé Nguyên Thanh Bình, président de l'Association vietnamienne des fruits et légumes.

Selon les experts économiques, les entreprises vietnamiennes devraient exploiter les opportunités offertes par les accords de libre-échange, en particulier les accords de nouvelle génération tels que le CPTPP (accord de partenariat transpacifique global et progressiste), l'EVFTA (Accord de libre-échange UE - Vietnam), le RCEP (accord de partenariat économique régional global) et l'UKVFTA (accord de libre-échange Royaume-Uni - Vietnam).

Ces accords offrent un avantage concurrentiel majeur en réduisant les droits de douane, notamment sur les produits agricoles transformés. De plus, ils attirent des investissements étrangers de qualité dans l'agriculture vietnamienne, renforçant ainsi l'intégration du pays dans les chaînes d'approvisionnement mondiales.

Par exemple, l'adhésion du Royaume-Uni au CPTPP ouvre de nouvelles perspectives pour le Vietnam non seulement au Royaume-Uni, mais aussi dans les autres pays membres comme le Japon, le Canada et l’Australie. Grâce à cet accord, les produits agricoles vietnamiens bénéficieront d’un accès facilité à ces marchés sans être freinés par des barrières tarifaires.

Récolte du café. Photo: VTV

Récolte du café. Photo: VTV

Dans une interview avec VTV Times, Nguyên Thành Trung, directeur de la Sarl Thành Trung, a expliqué que son entreprise se concentrait auparavant sur l’exportation de produits agricoles biologiques vers les États-Unis et certains pays européens. Cependant, depuis la mi-2024, grâce à des programmes de promotion commerciale, elle a réussi à pénétrer les marchés africain et océanien.

"Ce sont deux marchés très prometteurs pour les produits agricoles vietnamiens. Ils constituent une alternative viable aux marchés traditionnels confrontés à des obstacles tarifaires et réglementaires", a-t-il souligné.

Par ailleurs, le gouvernement et les autorités compétentes multiplient les initiatives pour soutenir les entreprises exportatrices, notamment en encourageant l'amélioration de la qualité des produits et l'adoption de technologies avancées dans la production. Ils accompagnent également les entreprises dans leur adaptation aux fluctuations du marché international.

Les entreprises, quant à elles, espèrent bénéficier d'un soutien financier accru, notamment via la création de fonds de développement spécifiques au secteur agricole.

Elles souhaitent également l'amélioration des infrastructures logistiques et le renforcement des initiatives de promotion commerciale, afin de permettre aux produits a

gricoles vietnamiens de accéder plus largement à de nouveaux marchés. Selon les experts, le Vietnam devrait intensifier ses exportations vers le Moyen-Orient, l'Afrique, l’Asie du Sud et le marché halal.