Préserver les forêts et les moyens de subsistance des communautés locales

Les parcs nationaux et les réserves naturelles du Vietnam jouent un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité, le maintien de l’équilibre écologique et le soutien aux moyens de subsistance des communautés vivant dans les zones tampons.

Modèle de culture de plantes médicinales dans le parc national de Ba Vi. Photo : nongnghiepmoitruong
Modèle de culture de plantes médicinales dans le parc national de Ba Vi. Photo : nongnghiepmoitruong

Développer des sources de revenus durables

Considérant la zone tampon comme un levier essentiel pour la protection forestière, le parc national de Ba Vi a appliqué les principes du développement durable, intégrant les dimensions environnementale, économique et sociale. Depuis sa création, il a mis l’accent sur le développement économique des zones périphériques afin de réduire la pression sur les ressources forestières.

Selon Do Thanh Hung, directeur adjoint du parc national de Ba Vi, de nombreux projets ont eu des retombées positives sur la vie des habitants : la culture de plantes médicinales sous couvert forestier génère en moyenne de 80 à 100 millions de dongs/ha/an, tandis que l’apiculture, avec 30 à 100 ruches par foyer, procure des revenus de 50 à 70 millions de dongs/an tout en favorisant la pollinisation et la biodiversité.

Nguyen Tuan Anh, résident de la commune de Ba Vi, tire un bon revenu de ses 25 ha d’acacias et d’eucalyptus, peu coûteux à cultiver et économes en main-d’œuvre. Après cinq ans, les rendements atteignent 150 millions de dongs/ha pour l’acacia et 40 à 50 millions de dongs/ha pour le cau tu thoi (l’aréquier qui présente des floraisons tout au long de l’année).

De même, Nguyen Xuan Hung cultive près de 3 ha d’acacia, avec un revenu de 120 à 150 millions de dongs/ha tous les 5 à 7 ans. Sous le couvert forestier, le gingembre sauvage permet aussi d’extraire 11 à 12 tonnes d’amidon, avec un bénéfice net d’environ 100 millions de dongs.

Au parc national de Xuan Thuy, des modèles économiques alternatifs ont également permis d’améliorer durablement les revenus des habitants, tout en les associant progressivement à la protection des ressources naturelles. Le parc compte 1 171 ha de mangroves et 8 000 ha de zone tampon. Ces forêts servent non seulement de barrière naturelle contre les catastrophes, mais aussi de nurserie pour de nombreuses espèces aquatiques. Pour faire face à la surexploitation, des modèles de pêche durable en mangrove ont été mis en place, combinant préservation des écosystèmes et sécurité économique.

Réduire la pression sur les ressources forestières

Selon Nguyen Huy Thuan, du Centre national de vulgarisation agricole, le Vietnam compte actuellement 34 parcs nationaux, 56 réserves naturelles et plus de 2,37 millions d’hectares de zones protégées. Les zones tampons jouent un rôle clé pour concilier préservation écologique et développement communautaire. Toutefois, la forte densité de population y engendre des pressions : exploitation de produits forestiers non ligneux, braconnage, agriculture itinérante et pâturage illégal, autant de pratiques qui menacent directement la biodiversité.

Des projets intégrant conservation et développement communautaire ont permis d’augmenter les revenus des habitants de 1,5 à 3 fois par rapport à l’agriculture traditionnelle, tout en protégeant des espèces médicinales rares et en réduisant l’érosion.

Parmi les initiatives notables, le parc de Xuan Thuy a lancé, après 2010, un modèle d’aquaculture écologique combinant élevage de crevettes et mangroves sur 1 000 ha. Bien que la productivité soit inférieure à celle de l’élevage industriel, ce modèle offre une stabilité économique, réduit les risques, améliore la qualité de l’eau et incite les populations à s’engager activement dans la gestion des forêts.

Vers une intégration durable

Afin de renforcer la synergie entre la conservation des forêts et les moyens de subsistance dans les zones tampons, Hoang Van Hong, directeur adjoint du Centre national de vulgarisation agricole, souligne la nécessité d'établir un cadre politique clair pour la cogestion des ressources naturelles et le partage équitable des bénéfices. Il insiste également sur l’importance de promouvoir les investissements dans des moyens de subsistance durables, en lien avec l’économie verte et circulaire.

Par ailleurs, il recommande de développer et d’élargir les modèles économiques fondés sur les écosystèmes, en plaçant les communautés locales au centre de la gestion et des bénéfices. Il juge essentiel de créer des réseaux de coopération entre les parcs nationaux, les entreprises et les organisations sociales afin de valoriser les produits locaux et d’en renforcer la commercialisation.

Enfin, il estime que des mécanismes de soutien financier et technique doivent être mis en place, notamment en faveur des ménages pauvres, des minorités ethniques et des groupes vulnérables, pour développer des modèles agroforestiers adaptés aux conditions écologiques des zones tampons. Ces modèles doivent permettre à la fois de préserver les forêts et d’augmenter les revenus des populations locales.

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